L’Express

Le dernier désaccord Attal-Macron, le rappel du président à Edouard Philippe

Le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal (gauche) et le président Emmanuel Macron le 14 juillet 2024 à Paris




C’est fou comme la dissolution a vraiment tout clarifié ! Ce second quinquennat est décidément à nul autre pareil. Le gouvernement Attal est déjà tombé, les élections européennes sont à peine terminées que le président décide de convoquer des élections législatives. Avec le résultat qu’on connaît… Et quelque soixante jours plus tard, voici Michel Barnier à Matignon. Pour combien de temps ? Plus que jamais, en coulisses, les uns apprennent à esquiver les croche-pattes, les autres se familiarisent avec l’art du complot, bref, tout le monde prépare l’après-Emmanuel Macron avec rigueur et détermination.Belloubet : l’Elysée contre MatignonNicole Belloubet a tenu fin août une conférence de presse avant la rentrée scolaire… contre l’avis de Matignon. La ministre de l’Education, qui ne serait pas opposée à rester en fonction dans le prochain gouvernement – elle aussi -, a obtenu un arbitrage favorable de l’Elysée, qui a donc contredit les volontés de Gabriel Attal. Une nouvelle et une dernière fois…Macron-Cazeneuve : la mauvaise éducationBernard Cazeneuve est un homme bien élevé. Même ministre de l’Intérieur, même Premier ministre, il a toujours accordé de l’importance à la ponctualité. Ce n’est un secret pour personne, le président de la République, lui, accumule les retards dont certains ont marqué les esprits. Lors des commémorations du D-day, Emmanuel Macron, on s’en souvient, avait rejoint la cérémonie de Ver-sur-Mer quinze minutes après l’horaire annoncé, faisant patienter vétérans et officiels, dont le roi Charles, sous un soleil de plomb. Lundi 2 septembre, Bernard Cazeneuve était attendu par Emmanuel Macron à 8h45 à l’Elysée et l’ancien Premier ministre comptait sans doute sur l’heure matinale de rendez-vous pour ne pas avoir à subir, comme chez le médecin, l’attente engendrée par un précédent rendez-vous qui déborde ou s’éternise. Mais le chef de l’Etat sait surprendre son monde. C’est avec vingt-cinq minutes de retard qu’il a rejoint le Normand, pour un rendez-vous qui n’a donc pas du tout duré 1h15, comme on l’a cru. Moment singulier, discourtoisie ordinaire.Macron-Philippe : le mauvais calendrierDevant des députés de son camp, Emmanuel Macron a effectué ce petit rappel : « En 2014 [trois ans avant la présidentielle de 2017], je n’étais pas ministre de l’Economie. En 2019 [trois ans avant la présidentielle de 2022], il n’y avait eu ni la crise du Covid, ni la guerre en Ukraine. » Explication de texte par un conseiller : « Tous ceux qui essaient de faire des plans à trois ans se plantent lourdement. » Message transmis à Edouard Philippe.Mathilde Panot fragilisée à la tête du groupe LFIQui a dit qu’il n’y avait pas de démocratie chez les Insoumis ? Elle a bien failli coûter la peau à… Mathilde Panot. Le 9 juillet, la députée s’est présentée à l’élection de la présidence du groupe parlementaire insoumis, poste qu’elle occupait déjà sous la précédente législature. Une fois n’est pas coutume, elle a dû faire face à une candidature concurrente, pas vraiment prévue. Loïc Prudhomme, député de la 3e circonscription de Gironde, s’est lancé dans l’aventure et a récolté 12 voix. Et une vingtaine de députés insoumis (sur 72) se sont abstenus. Preuve que l’exercice de la présidente Panot entre 2022 et 2024 n’a pas été au goût de tous. « C’est aussi un message envoyé à la direction insoumise. Etre loyal, ce n’est pas être un mouton », renchérit un député LFI. Il reste à savoir si la manœuvre de Prudhomme lui coûtera autant que celle des excommuniés Clémentine Autain, Alexis Corbière et Raquel Garrido…Les nouveaux amis de Raphaël GlucksmannRaphaël Glucksmann n’est pas parti, il va bientôt revenir sur le devant de la scène politique. Alors que le tout Paris s’agite autour des atermoiements matignonesques d’Emmanuel Macron, le candidat (presque) heureux de Place publique aux européennes consulte les uns et les autres : l’écologiste Yannick Jadot et les ex-macronistes Clément Beaune et Sacha Houlié, ou encore plusieurs huiles socialistes hier proches d’Olivier Faure et qui n’en veulent plus – d’ailleurs, le Premier secrétaire et Glucksmann ne s’adressent plus la parole. Il prépare aussi sa rentrée politique : ce sera début octobre, avec un grand raout en Gironde où sont conviés les mêmes, mais aussi son ami Aurélien Rousseau, l’ancien ministre de la Santé devenu député du Nouveau Front populaire sous la bannière Place publique. On y croisera sans doute Karim Bouamrane, le maire socialiste de Saint-Ouen dont le nom a circulé pour Matignon. Autre invité de marque : la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui compte rejoindre Place publique ! Glucksmann a de l’ambition pour son mouvement : il veut des candidats aux municipales, et la gauche anti-mélenchoniste est plus que bienvenue, tout comme l’autre gauche, celle qui ne veut pas/plus d’Emmanuel Macron. Un macroniste de la première heure l’admet : « Place publique, c’est un sas de décompression. »Ciottistes et lepénistes font chambre à partLa rumeur avait circulé à l’été : les députés du Rassemblement national et ceux du groupe « A droite » présidé par Eric Ciotti devaient organiser un événement de rentrée en commun. Dans l’idée : permettre aux alliés de se rencontrer, et évoquer des pistes de travail communes. Ils feront finalement chambre à part. Le 31 août, à Levens, Eric Ciotti a lancé son mouvement politique, l’Union des droites pour la République, sans la présence de représentants frontistes, tandis que Marine Le Pen et ses troupes feront leur rentrée parlementaire les 14 et 15 septembre à Paris, en l’absence de leurs alliés. Même principe pour les réunions : pas de réunion commune régulière entre les deux groupes. « Nous voulons affirmer notre indépendance, et non apparaître comme des suppléants lepénistes », assure un député ciottiste.



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Publish date : 2024-09-05 15:17:29

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