L’Express

L’IA, nouvel eldorado pour les investisseurs… jusqu’à quand ?

Un courtier au New York Stock Exchange à Wall Street




Croissance accélérée, gains de productivité à deux chiffres, bénéfices en milliards : l’intelligence artificielle (IA) suscite des attentes considérables dans tous les pans de l’économie. Depuis novembre 2022 et l’avènement du robot conversationnel ChatGPT, l’IA est devenue un enjeu central pour les investisseurs, au point de se demander s’il n’est pas déjà trop tard pour se positionner. « Ce thème domine nos échanges avec les clients, explique Raphaël Thuin, responsable des stratégies de marchés de capitaux chez Tikehau Capital. Comment investir et tirer parti de cette tendance ? Est-elle durable ? Ces questions sont au cœur de leurs préoccupations. »L’augmentation des mentions du terme lors des discussions d’entreprises avec leurs investisseurs illustre bien cet engouement. Selon la société de gestion de données FactSet, au deuxième trimestre 2024, 210 des 500 entreprises du S & P 500 ont évoqué l’IA lors de la présentation de leurs résultats financiers, après un record de 211 en début d’année. Elles n’étaient en moyenne que 88 à en parler ces cinq dernières années.Une révolution pour une kyrielle de métiersPour tirer parti de cette révolution, les investisseurs ont deux options : se tourner vers des spécialistes comme Nvidia, dont les puces sont cruciales pour fournir la puissance de calcul nécessaire à l’IA, opter pour des entreprises où l’IA est un levier de croissance, sans être une dépendance, comme Google et Microsoft, ou encore des sociétés plus traditionnelles qui jouent un rôle clé dans son déploiement. Ces dernières ont de multiples activités, les rendant moins tributaires de ce seul secteur.Le cabinet McKinsey estime que l’IA pourrait non seulement générer des milliards de bénéfices annuels dans des industries comme la finance, la technologie ou les sciences de la vie, mais aussi augmenter la valeur ajoutée des métiers du marketing, de la vente ou de l’ingénierie. De son côté, la banque d’affaires Goldman Sachs évalue à près de 1 000 milliards de dollars les investissements à venir dans les infrastructures liées à l’IA, telles que les centres de données, les puces et les réseaux électriques. Avec, à la clé, de juteux profits pour les sociétés en bénéficiant. « Cette révolution technologique bénéficie à l’ensemble de la chaîne de valeur, permettant aux entreprises d’accélérer leurs méthodes de travail, d’optimiser leurs processus et de transformer les modes de consommation », estime Alexandre Hezez, stratégiste du Groupe Richelieu.L’intérêt des fonds thématiquesAutant de raisons qui ont incité certaines sociétés de gestion à lancer des fonds spécialisés sur ce thème, évitant ainsi aux particuliers d’avoir à sélectionner eux-mêmes les valeurs dans lesquelles investir, ce qui n’est pas toujours évident dans le secteur technologique. Parmi les plus importants en matière d’encours, selon les données de Morningstar, figurent Allianz Global Artificial Intelligence (Allianz GI), Amundi MSCI Robotics & AI ESG Screened UCITS ETF (Amundi) et Echiquier Artificial Intelligence (La Financière de l’Echiquier). Les fonds technologiques sont eux aussi une bonne façon de s’exposer à cette dynamique. »L’histoire nous enseigne qu’il faut être prudent dans le choix des actions à privilégier », avertit Alexandre Hezez. Une sagesse partagée par Jacques-Aurélien Marcireau, coresponsable de la gestion actions chez Edmond de Rothschild AM, qui souligne la tendance des marchés à surestimer les impacts à court terme, tout en sous-estimant ceux à long terme. « Avec Internet, il a fallu attendre près de vingt ans pour que les promesses de la fin des années 1990 se concrétisent », rappelle-t-il.Sans exclure de possibles désillusions, Jacques-Aurélien Marcireau note toutefois une différence majeure avec la bulle Internet : les entreprises concernées aujourd’hui par l’IA sont financièrement solides. « C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il n’y aura pas de vague massive de faillites, comme dans les années 2000. En revanche, de fortes corrections boursières restent possibles », prévient-il. D’autant plus que ces titres sont déjà très bien valorisés. Si l’intelligence artificielle constitue un thème d’investissement incontournable, avec un potentiel indéniable, il peut être judicieux d’attendre que le soufflé retombe un peu avant de se positionner.



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Publish date : 2024-11-11 11:00:00

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