L’Express

Grippe aviaire : le virus aurait muté dans l’organisme d’un patient américain

Le nombre croissant de mammifères infectés par la grippe aviaire aux Etats-Unis inquiète les experts.




Les inquiétudes liées à la grippe aviaire se renforcent. Le premier cas humain grave de grippe aviaire aux Etats-Unis est porteur d’un virus qui aurait muté à l’intérieur de son organisme pour s’adapter aux voies respiratoires humaines, ont annoncé jeudi 26 décembre les autorités sanitaires américaines. Les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) avaient annoncé le 18 décembre qu’un patient âgé et souffrant d’autres pathologies était hospitalisé en Louisiane dans « un état critique » après avoir été contaminé par le virus H5N1.Selon des séquençages rendus publics jeudi, une petite partie du virus H5N1 retrouvé dans la gorge de ce patient présente des modifications génétiques qui pourraient le rendre davantage adapté aux voies respiratoires supérieures humaines (du nez au larynx). Elles ont « probablement été générées lors de la réplication du virus chez le patient », ont indiqué les CDC.Les CDC ont précisé qu’aucune transmission de ce virus ayant muté n’a été identifiée. Ces modifications n’ont pas été observées chez des oiseaux contaminés, y compris chez ceux avec lesquels le patient aurait été en contact dans une basse-cour. »Ces mutations sont inquiétantes, mais… »Des experts sollicités par l’AFP ont déclaré qu’il était trop tôt pour déterminer si ces changements pouvaient permettre au virus de se propager plus facilement, ou de provoquer davantage de cas graves chez des humains. La mutation en cause constitue « une étape nécessaire pour qu’un virus devienne plus contagieux », a expliqué Angela Rasmussen, virologue à l’université de Saskatchewan, au Canada. « Mais j’insiste sur le fait que ce n’est pas la seule » nécessaire, a-t-elle ajouté. »Les virus à ARN sont connus pour muter à l’intérieur de leurs hôtes, et ces mutations sont bien sûr inquiétantes », a de son côté réagi Rebecca Christofferson, chercheuse à l’université d’Etat de Louisiane. Mais « la bonne nouvelle, c’est qu’il ne semble pas y avoir d’éléments suggérant que le virus soit devenu plus transmissible, car aucun autre cas n’a été associé à celui-ci », a-t-elle tempéré.Angela Rasmussen a indiqué que la mutation pourrait permettre au virus de pénétrer plus facilement dans les cellules, mais que des tests supplémentaires devront être menés sur des animaux pour le confirmer. Des modifications génétiques ont déjà été observées par le passé chez des patients contaminés par la grippe aviaire et gravement malades, mais ne se sont pour autant pas traduites par une augmentation de la transmissibilité du virus à l’homme.Pour Thijs Kuiken, du Centre médical universitaire Erasmus, aux Pays-Bas, ces modifications pourraient conduire à des infections moins graves : le virus deviendrait « plus susceptible » d' »infecter les voies respiratoires supérieures », provoquant des écoulements nasaux ou des maux de gorge, que d’affecter les voies respiratoires inférieures, et d’entraîner des pneumonies. Ces observations ne signifient donc pas que l’on se rapproche d’une « pandémie », a insisté Angela Rasmussen.Une hausse des cas de grippe aviaire chez les félinsEn plus du patient de Louisiane, 65 cas bénins de la maladie ont été détectés chez l’homme aux Etats-Unis depuis le début de l’année 2024, et d’autres pourraient être passés inaperçus, selon les CDC. La grippe aviaire A (H5N1) est apparue pour la première fois en 1996 mais, depuis 2020, le nombre des foyers chez les oiseaux a explosé et un nombre croissant d’espèces de mammifères ont été touchées.Depuis plusieurs mois, les Etats-Unis font face à une épizootie – l’équivalent d’une épidémie chez les animaux – de grippe aviaire. Le nombre croissant de mammifères infectés par la maladie inquiète les experts. Ceux-ci craignent qu’une forte circulation ne facilite une mutation du virus qui lui permettrait de passer d’un humain à un autre. Cette circulation du virus augmente la probabilité qu’il se mélange à celui de la grippe saisonnière, risquant de déclencher un processus similaire à ceux qui avaient conduit aux pandémies de grippe de 1918 et 2009, selon Angela Rasmussen.Les autorités sanitaires surveillent également de près l’augmentation des cas de grippe aviaire chez les félins. Dans l’Oregon (nord-ouest), un chat est mort après avoir consommé de la nourriture crue pour animaux, dont la contamination par le virus H5N1 a été confirmée par des analyses. 20 félins infectés par la grippe aviaire sont également morts dans un refuge de l’Etat de Washington (nord-ouest), a annoncé sur Facebook une association locale de défense des animaux. Selon Angela Rasmussen, des chats contaminés pourraient exposer leur propriétaire à un « risque » de contracter la maladie lors de contacts rapprochés.



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Publish date : 2024-12-28 14:39:15

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