La phrase est devenue culte. En 1992, James Carville, conseiller du jeune candidat démocrate Bill Clinton, théorise ce qui sera plus bien plus qu’un slogan de campagne : « It’s the economy, stupid ». Une formule que l’on pourrait résumer par : « Il n’y a que l’économie qui compte ». Alors qu’au printemps 1991, Georges W. Bush est donné largement vainqueur dans les sondages, la récession qui frappe l’économie américaine dans les mois qui suivent et la remontée du chômage seront largement utilisées par le camp adverse pour battre le républicain.Par la suite, l’état de santé de la locomotive américaine et la performance de la « job machine » seront toujours des éléments déterminants dans la décision des électeurs outre-Atlantique.Pas aujourd’hui. Le bilan économique de Joe Biden devrait théoriquement aider le camp démocrate et soutenir Kamala Harris. Après le gros trou d’air du Covid, la croissance a rebondi et le produit intérieur brut a largement dépassé son niveau d’avant la pandémie. Le taux de chômage est au plus bas, la réindustrialisation est en cours, largement dopée par l’Inflation Reduction Act. Une partie de la dette des étudiants américains a été effacée, de grands plans d’infrastructures, notamment ferroviaires, ont été relancés après des décennies de déshérence. Et même les inégalités de revenus ont cessé de se creuser. Et pourtant. Aujourd’hui, le rapport des Etats-Unis avec le monde est l’unique boussole des électeurs. Un « ailleurs » perçu comme un danger dont il faut se protéger par des murs, des barrières commerciales et technologiques. Paradoxalement, c’est la croissance qui en fera les frais.
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Author : Béatrice Mathieu
Publish date : 2024-07-23 08:30:21
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