L’Express

Rentrée littéraire : pour que le deuxième roman ne soit pas le second

L'artiste français Gaël Faye, le 21 avril 2017 à Bourges




C’est parti. Il s’est agi de traiter, à la mi-août, les stars de la rentrée comme Abel Quentin, Mélissa Da Costa, Gaël Faye, Kamel Daoud, Maylis de Kerangal, Alice Zeniter et Olivier Guez, qui tirent déjà leur épingle du jeu, ou encore Emma Becker, Amélie Nothomb, Michael Cunningham, Nathan Hill, pas encore publiés à la clôture du Top 30 de notre palmarès, le 18 août. Les primo-romanciers, toujours en ligne de mire, bénéficieront, eux, de leurs dossiers à part.Mais quid des deuxièmes romans, si délicats à concevoir ? On le sait, l’exercice est difficile : auteur d’un premier roman à faible vente, le suivant peut sonner le glas ; sorti avec succès, on vous attend alors au tournant, au risque d’être taxé d’auteur d’un seul livre. Gaël Faye passera assurément à côté du couperet : son Jacaranda, sorti huit ans après son méga-seller Petit Pays, connaît un décollage fulgurant – il est vrai que son éditeur, Grasset, y croit dur comme fer avec un tirage de 120 000 exemplaires.Mais les autres ? Ne les oublions pas, afin que leurs deuxièmes romans ne se transforment pas en seconds romans. Ils abondent en cette rentrée, et sont de qualité. Dans la première catégorie, celle des sorties discrètes, on signalera Romane Lafore, qui publie La Confession chez Flammarion (après Belle infidèle, 2021) ; Benjamin de Laforcade, auteur de Berlin pour tous chez Gallimard (son Rouge nu date de 2022) ; Guillaume Perilhou, qui signe La Couronne du serpent à L’Observatoire deux ans après Ils vont tuer vos fils ; Shane Haddad, avec Aimez Gil, chez P.O.L., après Toni tout court en 2021 ; Avril Ventura, qui publie La Meilleure Part d’eux-mêmes chez Alma Editeur (son Ce qui manque, au Seuil date de 2008) ; Johanna Krawczyk, et sa Danse des oubliés (EHO), après Avant elle paru en 2021, ou encore Nicolas Garma-Berman, auteur de L’Epaisseur de l’aube (Belfond) deux ans après La Fille aux plumes de poussière. A noter, également, la sortie de La Vie meilleure d’Etienne Klein, dont Les Envolés (Gallimard) a été couronné en 2022 du Goncourt du premier roman.Dans le clan des ex-best-sellers, apparaissent Maud Ventura, l’auteure de Mon mari – 360 000 exemplaires à L’Iconoclaste en 2021- et aujourd’hui de Célèbre, et Marie Vingtras, qui lance Les Ames féroces chez L’Olivier, trois ans après Blizzard.On connaît nombre d’ex-primo-écrivainsqui ont subi de sacrées décélérations, à tel point qu’en 2000 Daniel Pennac venait à leur rescousse en créant un prix du deuxième roman (aujourd’hui disparu) et qu’un festival leur est consacré chaque printemps à Grignan. Pour donner du baume au cœur à tous ces écrivains en herbe, on rappellera qu’après leur entrée tonitruante sur la scène littéraire, JMG Le Clézio (Le Procès-Verbal en 1963), Jean Echenoz (Le Méridien de Greenwichen1979) et Jean-Philippe Toussaint (La Salle de bain en 1985) ont eu le destin que l’on sait. Et que Joël Dicker a tutoyé les nuages avec son 2e roman, La Vérité sur l’affaire Harry Quebert. De là à laisser tomber prématurément son métier d’origine, patience, patience. Rien de plus inquiétant que de voir des auteurs non confirmés « se consacrer dorénavant et totalement à l’écriture ».



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Author : Marianne Payot

Publish date : 2024-08-26 14:00:00

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