L’Express

Le géant du pneu Michelin annonce la fermeture de deux usines en France, 1 200 emplois menacés

Des pneus entreposés dans une usine Michelin le 18 décembre 2014 à Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire




1 254 salariés ont appris la mauvaise nouvelle, mardi 5 novembre : le fabricant de pneumatiques Michelin va fermer ses usines de Cholet (Maine-et-Loire) et Vannes (Morbihan), une décision déjà pressentie depuis plusieurs semaines, le géant français mettant en avant « l’effondrement » des ventes des pneus pour camions et camionnettes.Michelin traverse une année difficile avec le ralentissement du marché des véhicules neufs et la concurrence asiatique. La marque avait déjà fortement réduit son empreinte en France, son premier pays : avec Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et La-Roche-sur-Yon, il aura fermé six usines en vingt ans. Le groupe avait également annoncé un plan de 2 300 suppressions de postes dans l’Hexagone en 2021 : il n’y comptera plus que 18 000 salariés après la fermeture de Cholet et Vannes, dont 8 000 dans l’industrie. »C’est l’effondrement de l’activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin », a déclaré le PDG de Michelin Florent Menegaux dans un entretien avec l’AFP. Le géant du pneu n’est pas le seul à tousser : le fort ralentissement du marché automobile provoque de graves difficultés chez les équipementiers européens, petits et grands, et les fermetures de sites s’enchaînent, comme chez le fabricant de jantes Impériales Wheels et les boîtes de vitesses Dumarey Powerglide. »Les circonstances du marché européen du pneumatique – poids lourds d’un côté, et camionnettes – font que nous ne voyons pas comment nous pourrions recharger ces sites structurellement à moyen et long terme », a expliqué Florent Menegaux. Le PDG de Michelin a également mis en cause une « dégradation lente de la compétitivité » de l’Europe qui empêche d’exporter depuis ce continent. Le groupe prépare d’ailleurs la fermeture d’ici 2025 de deux usines en Allemagne. »La version voyou du capitalisme »Les salariés de la grande usine de Cholet (Maine-et-Loire), qui emploie 955 personnes, ont voté pour la grève ce mardi en fin de matinée, a appris l’AFP auprès des syndicats. « C’est un mouvement spontané de colère et de révolte face aux suppressions d’emplois. On verra ensuite ce que les assemblées générales de salariés en lutte décideront sur les actions à mener », a déclaré à l’AFP Bastien You, délégué syndical CGT. Les salariés de cette usine fabriquent principalement des petits pneus pour camionnettes (17 pouces et moins). Cette production en déclin sera reprise par des sites du groupe en Italie, en Espagne et en Pologne.Sur place, ce mardi le maire divers droite (DVD) de Cholet, Gilles Bourdouleix, a dénoncé « la version voyou du capitalisme ». « Là, visiblement, la volonté depuis des années, c’était de laisser la situation dégénérer et puis arriver à cette décision brutale, et qui est brutale au plan économique, mais brutale, évidemment, avant tout, au plan humain », a-t-il déploré, en rappelant que Michelin est depuis « 54 ans à Cholet ». « Donc c’est emblématique. Et pour nous, c’est un crève-cœur », a-t-il ajouté.Le site de Vannes (Morbihan) compte, lui, 299 salariés qui produisent principalement des câbles métalliques pour des pneus fabriqués ensuite en Espagne et en Italie notamment. Le maire de Vannes David Robo (divers droite) a qualifié ce mardi de « séisme pour le territoire » l’annonce de la fermeture de l’usine Michelin de cette ville. « C’est une journée noire pour Vannes. C’est un coup très très dur porté à l’économie vannetaise : pendant très longtemps, Michelin a été le premier employeur privé de la ville », a déclaré à l’AFP le maire de cette ville de 55 000 habitants. A Vannes, « l’annonce, faite par la directrice, a été accueillie par un grand silence. Tout le monde accuse le coup », a témoigné Eric Boisgard, salarié depuis 2004 et ancien délégué syndical CGT.Les salariés concernés seront « accompagnés »Le groupe s’engage à « accompagner chacun des salariés concernés avec des solutions sur mesure », avec des offres d’emploi dans d’autres entreprises ou dans le groupe, ou bien en préretraite.Il « accompagnera également les deux territoires impactés en participant à la création d’au moins autant d’emplois que ceux supprimés », a promis Michelin. A La-Roche-sur-Yon, 635 emplois ont été créés en quatre ans pour 613 emplois supprimés, selon Michelin. A Joué-Lès-Tours, 1 054 emplois ont été créés en quatre ans pour 706 emplois supprimés.L’intersyndicale du groupe, inquiète pour l’avenir de plusieurs sites français, avait rompu récemment les discussions avec la direction. Michelin compte pourtant proposer aux syndicats un plan « Michelin Industrie France 2030 », qui doit permettre « aux sites français et à leurs salariés de mieux se projeter dans le futur ».Le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie Antoine Armand a estimé ce mardi lors d’un déplacement dans le Pas-de-Calais que les fermetures de sites annoncées par Michelin, mais aussi par Auchan, étaient « évidemment éminemment préoccupantes ». Le ministre a dit « regretter » la décision de Michelin. « L’Etat aura une vigilance extraordinairement forte » quant au reclassement de « l’ensemble des salariés » affectés et fera « tout son possible pour contribuer à trouver un repreneur » pour l’un ou les deux sites, a promis Antoine Armand.Le ministre délégué chargé de l’Industrie Marc Ferracci a lui aussi réagi à cette annonce ce mardi, disant également « regretter » cette décision de Michelin. Il a appelé le groupe à mettre en place un « plan d’accompagnement exemplaire des salariés et des territoires ». Marc Ferracci « sera vigilant sur la qualité des mesures qui seront mises en œuvre tant sur le reclassement et la reconversion de chaque salarié que sur les actions de recherche de repreneur pour ne pas impacter l’empreinte industrielle du territoire », a ajouté le cabinet du ministre rattaché à Bercy.



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Publish date : 2024-11-05 10:35:29

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