Deux produits semblables, mais différents. Le match commence ainsi : plan d’épargne retraite (PER) et assurance-vie sont aux mains des mêmes sociétés – les assureurs -, à l’exception des rares PER adossés à un compte-titres. Voilà pourquoi tout PER est un contrat d’assurance-vie. De quoi s’y perdre ? Levons la confusion. Malgré des emballages juridiques similaires, ces deux placements se différencient.Une fois le contrat ouvert, les fonctionnements des deux enveloppes semblent similaires. On y réalise des versements libres, éventuellement récurrents et automatiques, en respectant les montants minimaux fixés par la compagnie. Mais il existe une nuance de taille : si vos économies sont récupérables à tout moment avec l’assurance-vie, il faudra attendre d’avoir pris votre retraite avec le PER. D’où son qualificatif de « placement tunnel », malgré quelques cas de déblocage anticipé (accidents de la vie, financement de la résidence principale, etc.). Avec sa liquidité permanente, l’assurance-vie reste donc prioritaire sur le PER pour se constituer un matelas financier. Et, s’il vous protège contre la tentation de vider votre épargne retraite avant l’heure, le blocage des fonds inhérents au PER est très contraignant. Une fois à la retraite, ce verrou saute, et les deux produits financiers font alors quasiment jeu égal. Dernier élément notable : l’âge de souscription, plus encadré dans le PER, car réservé aux personnes majeures et avec une souscription limitée à 70, voire 80 ans au mieux, selon les assureurs. Inversement, l’assurance-vie est ouverte aux mineurs et jusqu’à 85 ans dans la plupart des compagnies. Sur le critère de la souplesse, cette dernière l’emporte donc haut la main.Un argument fait mouche auprès des ménages aisésPour autant, le PER dispose d’une botte secrète : son régime fiscal à l’entrée. Pour rappel, vos versements sont déductibles du revenu imposable jusqu’à certains plafonds. Plus le taux marginal d’imposition (TMI) se trouve élevé, plus l’économie d’impôt sera grande. Exemple : avec un TMI à 30 %, 3 000 euros versés donnent 900 euros d’impôt en moins l’année suivante. Cet argument fait mouche auprès des ménages aisés, d’autant que les limites de déduction du PER sont généreuses : 35 194 euros en 2024 pour les salariés, 85 780 euros pour les non-salariés. A ces plafonds s’ajoutent ceux qui n’ont pas été consommés les trois dernières années, une aubaine fiscale pour les ménages très imposés. Attention, les versements effectués sur d’autres dispositifs d’épargne retraite, notamment en entreprise, minorent ce plafond. Avec l’assurance-vie, vous n’obtiendrez aucune baisse d’impôt à l’entrée. Mais à la sortie, la fiscalité sera bien plus clémente sur vos retraits, taxés à 12,8 % les huit premières années du contrat, et à 7,50 % par la suite (sous conditions). Surtout, vous bénéficierez alors d’un abattement annuel sur les intérêts compris dans les retraits de 4 600 euros pour une personne seule, le double pour un couple. De quoi échapper totalement à l’impôt ! Vous n’échapperez en revanche pas aux prélèvements sociaux de 17,2 %. C’est l’inverse avec le PER, puisque tout capital retiré de votre vivant passera par la case impôt sur le revenu au barème progressif, les plus-values étant taxées à 30 %. Finalement, l’impôt n’aura été que reporté dans le temps. Mais la tranche marginale d’imposition aura pu baisser entre-temps, et vous aurez pu placer l’économie d’impôt réalisé pendant le délai octroyé. Sur ce plan, les deux enveloppes affichent donc des atouts distincts qui séduiront plus ou moins selon le profil et l’objectif poursuivi.Troisième aspect à étudier : la transmission. L’assurance-vie reste très utilisée à cette fin du fait de son régime attrayant en la matière. En effet, au décès de l’assuré, les capitaux sont versés aux bénéficiaires désignés dans le contrat sans passer par la case succession, avec une fiscalité favorable. Rappelons-le : pour les versements avant 70 ans, chaque bénéficiaire dispose d’un abattement de 152 500 euros avant une taxation graduelle ; ensuite, l’abattement n’est plus que de 30 500 euros (tous bénéficiaires confondus), et au-delà le capital est taxé aux droits de succession (hors intérêts). Quid du PER ? Il navigue dans les mêmes eaux : libre désignation du ou des bénéficiaires et capital perçu hors succession. La fiscalité se révèle toutefois un peu différente, puisque l’âge au décès se trouve pris en compte, et non celui au moment des versements, ce qui le rend plus imprévisible. Avant 70 ans, les règles sont identiques à celles de l’assurance-vie. Ensuite, les choses deviennent moins favorables, avec seulement un abattement de 30 500 euros sur le capital versé. Qu’en déduire ? Que le PER apparaît comme un outil de transmission très efficace si le conjoint est le bénéficiaire. Systématiquement exonéré de droits de succession, celui-ci percevra le capital du PER sans impôt, et ce, quel que soit l’âge du décès, sachant qu’à l’entrée le ménage avait profité de la défiscalisation des versements, non repris à la sortie. Si le survivant détient lui-même un PER, il pourra par ailleurs sortir sans fiscalité, puisque la disparition du conjoint fait partie des motifs de déblocage anticipé. Autre avantage : les prélèvements sociaux ne sont pas dus dans le cadre d’une transmission via un PER, alors qu’ils le sont avec l’assurance-vie. Pour tout autre bénéficiaire, mieux vaut privilégier cette dernière, en prenant l’hypothèse, la plus probable, que l’assuré disparaisse après 70 ans. Attention : les abattements fiscaux des deux produits au décès ne sont pas cumulables.Etudions maintenant les modes de sortie. Quel que soit le produit, il existe deux possibilités. D’abord, en ce qui concerne la rente, quoique peu prisée des Français, elle sera partiellement fiscalisée si elle provient d’une assurance-vie, alors qu’elle se trouvera intégralement soumise à l’impôt sur le revenu dans le cas d’un PER (si vous avez eu une déduction fiscale lors des versements). Au niveau de la sortie en capital, vous pouvez avec les deux enveloppes récupérer votre mise en une ou plusieurs fois. Dans le PER, il est question de » capital fractionné « . Attention, les modalités restent très variables selon les assureurs, certains prévoyant par exemple un étalement maximal sur cinq ou dix ans, avec des versements trimestriels ou semestriels. En conclusion, l’assurance-vie apparaît sans conteste plus souple avec des retraits à la carte, programmés ou non. La seule contrainte réside dans l’obligation de respecter les montants minimaux contractuels. Fiscalement, l’assurance-vie sort aussi gagnante, puisque les retraits y seront moins taxés. Elle s’impose donc comme la tirelire idoine pour les retraités, davantage que le PER, sur lequel on pourra en revanche continuer à épargner (a priori jusqu’à 70 ou 75 ans dans la plupart des cas, même si Bercy étudie la possibilité de supprimer cette option). Pour quelle raison continuer d’abonder son contrat ? Car les versements restent déductibles, même si, en l’absence de revenus professionnels, le plafond se trouve alors limité à 10 % du plafond annuel de la Sécurité sociale de l’année précédente, soit 4 399 euros en 2024. Cela permet néanmoins aux retraités de continuer à réduire leur imposition. Dans un objectif de transmission, cet avantage à l’entrée ne sera pas « repris » à la sortie.La gestion financière Dernier point à bien prendre en considération : la gestion financière. A quelques variantes près, les deux enveloppes s’avèrent peu ou prou équivalentes de ce point de vue, intégrant un fonds en euros – plus rentable dans le PER car non soumis aux prélèvements sociaux annuels – et des supports de diversification – plus nombreux en assurance-vie. Bilan ? En matière d’épargne retraite, la bonne stratégie est sans doute de raisonner par âge. Pour un jeune ménage, priorité à la constitution d’un capital financier disponible à tout moment, puis à l’acquisition de sa résidence principale. Ce à quoi répond l’assurance-vie avec sa souplesse de fonctionnement. Ensuite, si les revenus professionnels du ménage sont ascendants, le PER s’impose alors comme un produit de défiscalisation simple et efficace. Reste à optimiser son utilisation, par exemple en investissant l’économie d’impôt engendrée dans… une assurance-vie pour se constituer une épargne liquide en parallèle. Il sera souvent peu intéressant de puiser dans son PER une fois à la retraite, compte tenu de l’imposition intégrale des sommes retirées. Mieux vaudra privilégier l’assurance-vie pour des retraits à la carte à l’abri des prélèvements du fisc et transmettre les sommes logées dans son plan d’épargne retraite. D’où l’intérêt de disposer des deux enveloppes.
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Publish date : 2024-11-13 08:00:00
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