Dans l’avion, certains regardent des films tandis que d’autres constituent leur administration. Ce mercredi 13 novembre, durant le vol Washington-West Palm Beach, Donald Trump a annoncé nommer Marco Rubio au poste de secrétaire d’Etat et Matt Gaetz comme procureur général des Etats-Unis, l’équivalent du ministre de la Justice. « Matt va mettre fin au gouvernement armé, protéger nos frontières, démanteler les organisations criminelles et restaurer la foi et la confiance brisées des Américains dans le ministère de la Justice », a justifié Donald Trump dans un communiqué publié sur sa plateforme Truth Social, précisant que le futur ministre mettra « fin à l’instrumentalisation de notre administration » ainsi qu’à la « corruption au sein du département de la Justice ».Si le nom de Marco Rubio circulait depuis quelques jours, celui de Matt Gaetz en a fait réagir plus d’un. En cause : son idéologie extrémiste et ses nombreuses casseroles traînées devant la justice. Un comble pour celui qui s’apprête à prendre la tête de ce ministère.Une onde de choc républicaineLe communiqué de Donald Trump était à peine publié qu’une vague de protestations a déferlé dans le pays. L’équipe de campagne de Kamala Harris n’a pas tardé à réagir, déclarant dans un communiqué que Donald Trump et Matt Gaetz « feront du ministère de la Justice une arme pour se protéger et protéger leurs alliés ». Même ambiance électrique lors d’une réunion privée des républicains de la Chambre des représentants. D’après Associated Press, des cris de surprise ont été entendus lors de l’annonce de Donald Trump. « Tout le monde disait, ‘oh mon Dieu' », a raconté le représentant de l’Idaho, Mike Simpson. D’après l’agence de presse, l’ensemble des invités a d’abord cru à une blague de mauvais goût, avant d’en avoir la confirmation. « C’est la plus grande surprise que j’ai eue depuis longtemps », a continué l’élu.It will be an honor to serve as President Trump’s Attorney General! pic.twitter.com/dg0iQ0bA6Y— Matt Gaetz (@mattgaetz) November 13, 2024Un membre anonyme des républicains de la Chambre a déploré auprès d’Axios : « Nous voulions qu’il sorte de la Chambre. Ce n’est pas ce que nous pensions. » Tandis qu’un second a fait remarquer qu’ils étaient « abasourdis et dégoûtés ». Pour le républicain John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale, cela ne fait aucun doute : Matt Gaetz « doit être la pire nomination pour un poste au cabinet de l’histoire américaine. » « Il n’est pas seulement totalement incompétent pour ce travail, il n’a pas le caractère. C’est une personne de turpitude morale », a-t-il réagi dans une interview accordée à NBC News.Une enquête ouverte pour trafic sexuelSi cette nomination fait tant réagir, c’est que le futur secrétaire d’Etat n’est pas un « champion de la Constitution et de l’Etat de droit » comme Donald Trump s’est plu à le surnommer. Et pour cause, l’ancien représentant de Floride s’est trouvé de multiples fois dans le viseur de la justice. Des procureurs fédéraux et le FBI investiguent depuis plusieurs années dans le cadre d’une enquête ouverte par le comité d’éthique bipartisan de la Chambre des représentants sur l’implication présumée de l’homme politique dans le trafic sexuel d’une jeune fille de 17 ans. Entre autres, les enquêteurs tentent de savoir si Matt Gaetz a payé pour des relations sexuelles ou pour que des femmes traversent les frontières d’un Etat pour avoir des relations sexuelles, ce qui constituerait une violation des lois sur le trafic d’êtres humains.Le comité d’éthique avait même annoncé élargir son enquête avec les allégations selon lesquelles le républicain aurait détourné des fonds publics, conduit en état d’ivresse, consommé des stupéfiants et aurait accepté des cadeaux inappropriés. Mais cette enquête n’est désormais plus que de l’histoire ancienne. Pendant le premier mandat de Donald Trump, Matt Gaetz avait demandé à ce dernier s’il pouvait le gracier, dans le cas où il serait inculpé. En 2022, les procureurs recommandaient de ne pas l’inculper, invoquant la fiabilité de deux témoins. Mais alors que le comité devait tenir vendredi un vote sur la publication d’un rapport « préjudiciable », le partisan de Donald Trump a démissionné de son poste de représentant de Floride, mettant définitivement fin à l’enquête en cours.MAGA, MAGA… et MAGAOutre ses affaires judiciaires, l’idéologie du futur ministre est également pointée du doigt. Son adhésion au mouvement MAGA (Make America Great Again) fait grincer des dents plus d’un républicain. Complotiste, adepte de la théorie du « grand remplacement », climatosceptique, pro-armes, opposant au droit à l’avortement, dénonciateur des résultats de l’élection de 2020 : Matt Gaetz semble cocher toutes les cases requises par Donald Trump. Cerise sur le gâteau : l’homme politique s’était opposé à l’élection du républicain Kevin McCarthy au poste de président de la Chambre des représentants l’année passée, jugeant que celui-ci était trop modéré. Il contribuera quelques mois plus tard à son éviction.Mais avant de prendre la tête du ministère de la Justice, Matt Gaetz devra être auditionné par le Sénat qui confirmera, ou non, sa nomination. Pour devenir secrétaire d’Etat, l’ancien représentant de Floride devra bénéficier du soutien d’au moins 50 des 53 républicains du prochain Sénat, ainsi que du vote décisif du vice-président élu, JD Vance. « Gaetz a plus de chance d’avoir un dîner avec la reine Elizabeth II que d’être confirmé par le Sénat », a ironisé auprès d’Axios le membre républicain du Congrès de l’Ohio, Max Miller. Une étape, donc, loin d’être gagnée.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2024-11-14 17:22:32
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Matt Gaetz, futur ministre de la Justice, plus trumpiste que Donald Trump
