« C’est le moment pour chacun de faire un premier constat des pertes et profits », juge amèrement le journal libanais L’Orient Le Jour, à l’aube d’un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, âprement négocié au cours des dernières semaines par les États-Unis et soutenu par la France. Consenti mardi soir par Benyamin Netanyahou, l’arrêt des combats est finalement entré en vigueur autour de 4 heures ce mercredi 27 novembre, suivi d’un soupir de soulagement de la communauté internationale. L’annonce du Premier ministre israélien a été confirmée dans la foulée par les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron, qui ont promis quelques heures plus tard dans un communiqué conjoint de travailler avec le Liban et Israël pour veiller à ce que cet arrangement soit « mis en œuvre dans son intégralité et appliqué ». Des milliers de Libanais, ainsi que près de 90 000 Israéliens pourront désormais regagner leurs foyers au sud du Liban et au nord d’Israël.Les États-Unis ont rapidement salué « un nouveau départ » pour le Liban et une « bonne nouvelle », après une série de négociations la semaine dernière entre l’envoyé spécial américain Amos Hochstein et les responsables libanais et israéliens. L’accord comprend une fenêtre de mise en œuvre de 60 jours au cours de laquelle l’armée libanaise se déploiera dans le sud du pays et les troupes israéliennes se retireront. Durant cette période en théorie, « aucune troupe de combat américaine ne sera déployée au Liban », même si les États-Unis et la France fourniront à l’armée libanaise « l’assistance nécessaire », précise le site Politico. L’armée libanaise sera, « avec les forces de sécurité du pays et les troupes de la mission des Nations Unies, la Finul, qui veille au respect de la résolution, la seule autorisée à porter des armes ou à se déployer au sud du Litani », détaille encore le quotidien espagnol El País.Trêve temporaire ou cessez-le-feu permanent ?Au matin de son entrée en vigueur, Joe Biden « a décrit le cessez-le-feu comme une cessation permanente des combats », souligne Politico, pour qui cet arrêt des combats constitue en soi « une victoire majeure » pour la Maison-Blanche. Un ton peut-être optimiste, alors que le Premier ministre Israélien Benyamin Netanyahou prévenait mardi soir que « la durée du cessez-le-feu dépendra de ce qu’il se passera dans le pays voisin, car il n’hésitera pas à agir avec force face à toute violation du Hezbollah », répond avec prudence El Pais.Dans les heures qui ont précédé le cessez-le-feu, l’armée israélienne a d’ailleurs profité « des derniers instants pour bombarder Beyrouth avec une violence inhabituelle, y compris des zones du centre qui n’avaient jamais été prises pour cible. Des heures marquées par la peur, avec une foule se réfugiant dans un hôpital, des embouteillages à fuir et des ambulances essayant de se frayer un chemin à travers les véhicules », décrit le journal hispanophone. Sans compter, pointe le New York Times dans un éditorial, « qu’après les guerres passées, le Hezbollah a reconstruit ses capacités et ignoré les restrictions du cessez-le-feu, il n’est donc pas certain que le calme soit réellement permanent ».Quoi qu’il en soit, « l’Amérique remporte sans conteste le premier prix du concours en matière de réalisation », juge L’Orient le Jour face aux réjouissances du premier soutien d’Israël parmi la communauté internationale. « Impuissant à garder sous contrôle la furie israélienne contre Gaza, Washington aura fini par se faire entendre au Liban, même s’il avait soutenu avec enthousiasme la chasse au Hezbollah » poursuit le journal. Une aubaine pour Donald Trump, avec qui Joe Biden « devra sans doute partager son Oscar », puisque ce dernier « s’est promis de mettre fin à toutes les guerres – et même d’y arriver avant même son emménagement à la Maison-Blanche – voilà toujours un épineux dossier d’expédié », conclu le média libanais francophone.Qu’adviendra-t-il de Gaza ?Cette victoire marque en réalité pour les diplomates occidentaux la première étape d’un espoir plus large : celui que « la trêve marquera une désescalade des tensions régionales après des mois de violence croissante qui ont inclus l’assassinat des dirigeants du Hezbollah et du Hamas et une confrontation directe avec l’Iran », avec qui des frappes directes ont été échangées au mois d’octobre, développe le Times. Car « si les destructions et les pertes en vies humaines au Liban ont été terribles, elles ont été bien pires à Gaza » souligne le New York Times, selon qui Save The Children décompte plus de 3 000 décès d’enfants sous l’âge de cinq ans dans la bande depuis le début de la guerre il y a un peu plus d’un an.Quelques heures à peine après que les troupes israéliennes ont commencé à reculer au sud Liban, la Maison-Blanche promet déjà de pousser pour une trêve similaire à Gaza. « Dans les jours à venir, les Etats-Unis vont mener à nouveau un effort avec la Turquie, l’Egypte, le Qatar, Israël et d’autres pays pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, à la libération des otages et à la fin de la guerre sans le Hamas au pouvoir », a déclaré Joe Biden au matin du cessez-le-feu libanais. De quoi susciter un véritable espoir ? »Si l’on suit la trajectoire actuelle, il semble que la crise de Gaza va se poursuivre sous l’administration Trump », conteste le site américain Axios. Car en plus de l’hiver qui s’installe, menaçant les réfugiés d’un froid et de famine, cet accord va permettre « de redonner des forces à Israël pour ses opérations dans Gaza », note Le Temps. « Il y a fort à parier que Benyamin Netanyahou aura fait des promesses sur Gaza à la frange la plus extrémiste de son gouvernement pour atténuer sa colère face à la trêve au Liban », estime le quotidien suisse. « La trêve risque ainsi d’aggraver encore, si c’est possible, le sort des Gazaouis, dont le territoire redevient le dernier grand front d’Israël ».
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Author : Enola Richet
Publish date : 2024-11-27 10:40:10
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