L’Express

La dette publique française bat des records, et cela risque de durer

Le ministère de l'Economie et des Finances à Bercy, en octobre 2024




La dette publique de la France a encore gonflé au troisième trimestre, s’établissant à 113,7 % du produit intérieur brut (PIB) fin septembre contre 112,2 % fin juin, a indiqué ce vendredi 20 décembre l’Insee. De juillet à septembre, la dette a augmenté de 71,7 milliards d’euros, pour atteindre 3 303 milliards d’euros, a précisé l’Institut national de la statistique. Au trimestre précédent, l’augmentation était de + 69 milliards.L’augmentation de la dette des administrations publiques est principalement due à l’État, dont la dette augmente de 59,8 milliards d’euros, à 2 690,5 milliards après + 70 milliards au trimestre précédent. Celle des organismes divers d’administration centrale (ODAC), décrite comme « stable » par l’Insee, augmente néanmoins de 200 millions d’euros à 69,4 milliards. La dette des administrations de sécurité sociale augmente aussi (+ 10,4 milliards après + 4 milliards), à 290,8 milliards, ainsi que celle des collectivités locales (+ 1,3 milliard d’euros à 252,2 milliards), alors qu’elle avait reculé de 300 millions au deuxième trimestre.120 % de dette publique en 2027 ?La dette publique française, restée cantonnée entre 60 % et 70 % du PIB au début des années 2000, a connu une première envolée après la crise de 2008, s’est stabilisée autour de 100 % à la fin des années 2010, avant un deuxième redémarrage fulgurant dû aux dépenses massives du « quoi qu’il en coûte » lié à la crise sanitaire du Covid.Et la tendance ne devrait pas s’inverser avant quelques années. Le plan budgétaire à moyen terme du précédent gouvernement, portant sur la période 2025-2029 et visant à ramener le déficit public de la France à 2,8 % du PIB en 2029, tablait ainsi sur une dette publique atteignant 114,7 % du PIB en 2025. Selon ce document, la dette augmenterait jusqu’à 116,5 % en 2027, avant de refluer à 115,8 % en 2029. Dans le même temps, la croissance serait de 1,1 % en 2025 (identique à cette année), 1,4 % en 2026, et 1,5 % en 2027 comme en 2028. Des prévisions jugées « un peu optimistes » par le Haut conseil des finances publiques (HCFP) le 10 octobre dernier.De son côté, l’agence de notation Moody’s, qui a abaissé la note souveraine de la France d’un cran la semaine dernière – une surprise car elle l’a fait hors de son calendrier semestriel – afin de prendre en compte les nouvelles incertitudes liées à la censure du gouvernement de Michel Barnier, ne se montre guère optimiste. D’après elle, la dette publique passerait de 113,3 % du PIB en 2024 à environ 120 % en 2027. « Si la capacité d’endettement est depuis longtemps un atout relatif de la France en matière de crédit, cet atout s’érode par rapport à ses pairs bénéficiant d’une note similaire », observe Moody’s. »On aurait tort d’oublier le déficit et la dette […] faute de quoi ils se rappelleront brutalement à nous tous », a mis en garde Michel Barnier au moment de céder sa place à Matignon à François Bayrou. « Nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation », lui a répondu ce dernier. En 2007, celui qui est désormais Premier ministre avait fait de la dette son « ennemi » lors sa campagne pour la présidentielle. 17 ans plus tard, cet adversaire est toujours là, plus menaçant encore qu’avant.



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Publish date : 2024-12-20 11:26:21

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