L’Union européenne prête à marchander. Bruxelles veut proposer au nouveau président américain, Donald Trump, d’investir davantage pour sa défense mais lui réclame en échange de ne pas lancer de guerre commerciale, a déclaré, lundi 20 janvier, Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne, chargé de la stratégie industrielle. « On ne peut pas avoir une guerre commerciale et en même temps construire l’Europe de la défense », a-t-il lancé sur France Inter. »Le deal avec les Etats-Unis, c’est oui pour un désengagement » de la défense européenne « et pour construire des garanties de sécurité européennes en plus de l’OTAN, mais nous ne pouvons pas le faire avec une guerre commerciale à nos portes. Et les budgets nationaux ne sont pas en capacité de monter partout à 3 % (du PIB) le budget de la défense », a-t-il martelé.A la question d’une réponse européenne « par la force » à une guerre commerciale, le Commissaire européen a réagi avec prudence : « Je ne peux pas vous répondre ». Les Européens pâtiraient eux-mêmes en cas de droits de douane accrus sur des produits américains et « la balance commerciale avec les Etats-Unis est très favorable aux Européens », a-t-il souligné. »Il faut être offensif »Près de 20 % des exportations de l’Union européenne ont traversé l’Atlantique en 2023, loin devant le Royaume-Uni (13,1 %) ou la Chine (8,8 %), selon les données Eurostat. Au total, le montant des exportations européennes vers les Etats-Unis s’élève à plus de 500 milliards d’euros en 2023, ce qui fait craindre la future politique commerciale de Donald Trump. « Il y a deux stratégies possibles, une approche offensive ou une approche défensive. On peut avoir une réplique sur les droits de douanes mais les Européens le paieront », a-t-il poursuivi, prenant le cas de compagnies européennes qui achètent des pièces détachées de Boeing. L’ex ministre des Affaires Etrangères n’a pas peur des mots : « Il faut être offensif et être peut-être même radical s’il le faut ».Stéphane Séjourné a également évoqué une « approche défensive qui consiste à ré-aiguiller un certain nombre d’achats dans le monde », par exemple « suspendre les approvisionnements de GNL (gaz naturel liquéfie) à l’Azerbaïdjan pour acheter plus aux Américains ». Au total, l’Union européenne a importé, en 2023, 120 milliards de mètres cubes de GNL dont plus de la moitié des importations totales venaient des Etats-Unis, selon le site du Conseil européen. À noter que la dépendance de Bruxelles au GNL s’est accrue depuis la guerre en Ukraine, réduisant sa dépendance au gaz russe. »Le monde entier est dépendant de ce que fera ce soir Donald Trump. Un certain nombre de décrets seront pris. Et je pense que ni les Canadiens, ni les Mexicains, ni nous, ni le reste du monde, ne sait exactement ce qu’il y a dans ces décrets », a-t-il conclu. Donald Trump prévoit notamment d’imposer, dès le 20 janvier, des droits de douane de 25 % sur tous les produits en provenance du Mexique et du Canada. La Chine pourrait également voir ses taxes augmenter de 10 % et la zone euro est aussi dans son viseur. Alors elle tend la main au milliardaire en envoyant son représentant personnel, le vice-président Han Zheng, à la cérémonie d’investiture du président républicain, prévue lundi 20 janvier. Un geste diplomatique fort et représentatif des enjeux économiques qui vont se jouer lors de ce second mandat.
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Publish date : 2025-01-20 12:30:00
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