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Yannick Jadot candidat à la mairie de Paris : dans les coulisses de la réunion de crise des Verts

Yannick Jadot candidat à la mairie de Paris : dans les coulisses de la réunion de crise des Verts

Puisqu’on est entre nous… Jeudi 30 janvier, Yannick Jadot, lors d’une visioconférence, fait acte de contrition auprès des adhérents EELV. Ces derniers s’étaient émus de découvrir sa candidature à la mairie de Paris par voie de presse, il y a dix jours. Il a donc voulu s’adresser à eux pour leur détailler le « couac » : il pensait que son interview dans Le Parisien sortirait le 21 janvier plutôt que le 20, et comptait bien entendu prévenir les militants en amont.

Cet avant-dernier jour de janvier, il reste 24 heures avant le dépôt des candidatures à la primaire des écologistes pour les municipales de Paris, il est temps que Yannick Jadot s’explique. Partisan de l’annulation, au profit d’une union immédiate des autres prétendants derrière lui, il tente devant les militants un ultime plaidoyer. C’est la visioconférence de la dernière chance. Le tchat est ouvert et ça tombe bien car les écolos, un brin indignés par la démarche du sénateur, débordent de questions. Après de multiples critiques dans la presse, dont L’Express s’est d’ailleurs fait l’écho, il est enfin temps de laver son linge sale en famille. Ou presque : l’adresse électronique de la réunion est en libre accès sur le site Internet du prétendant à l’Hôtel de Ville. Erreur ou acte manqué ? « Des journalistes sont présents », s’inquiète une organisatrice dans la boucle WhatsApp du camp Jadot. Puisqu’on vous dit qu’on est entre nous !

« Quelqu’un qui ne fait pas totalement flipper »

Ce jeudi soir, « Yannick » n’est pas seul. Sur l’écran, Marine Tondelier, emmitouflée dans son écharpe depuis une gare, s’apprête elle aussi à plaider la cause de l’ancien candidat à l’élection présidentielle. La secrétaire nationale des écolos, soutien du sénateur à l’instar du reste de la direction d’EELV, est ravie. « On n’a jamais autant parlé des écologistes aux municipales que depuis ce pavé dans la mare. Et je préfère ça plutôt que l’on soit inaudible. »

La patronne de la maison verte, qui précise ne jamais avoir été « jadotiste » – elle était d’ailleurs tout le contraire, directrice de campagne d’Eric Piolle, actuel maire de Grenoble et concurrent de Yannick Jadot à la primaire de 2021 – justifie ce soudain engouement pour le sénateur de Paris. « Je comprends les inquiétudes des uns et des autres. Mais la candidature de Yannick bouscule le jeu. En un article de presse, on a mis la droite en PLS et semé un énorme trouble au PS. » Tout en ironisant sur les élucubrations parfois entendues au pays des Verts : « J’ai entendu que certains pensaient que je laisserais la mairie à Jadot en échange de ma candidature en 2027 : on n’a pas de pacte secret, je ne me rase pas le matin en pensant à la présidentielle ! D’ailleurs, on me reproche tout l’inverse… » Puis d’ajouter : « Là, on a quelqu’un qui ne fait pas totalement flipper – les concurrents écolos en lice apprécieront – et qui n’est pas associé à la gestion d’Hidalgo. » Et, enfin, de tirer sa révérence : « En tout cas, je vous aime tous et ceux qui ne m’aiment pas je les aime quand même ! » (Sic)

Le tchat se remplit de questions. « Bonjour, mais en quoi votre candidature serait meilleure que les autres ? Juste la notoriété nationale ? Avons-nous de nouveaux sondages pour appuyer cela ? Les exemples passés ne sont pas probants… », questionne, vachard, un militant. Yannick Jadot, lui, continue de distribuer la parole – et de recevoir quelques taquets en retour. Y compris de ses soutiens historiques. « Je suis jadotiste et si tu m’avais dit ça il y a 6 mois, j’aurais fait ta campagne, souffle l’un d’eux. Mais on a énormément bossé sur la motion de cadrage et c’est gênant de faire comme si ça n’existait pas. C’est mal connaître le militant parisien de croire que ça se passera bien en arrivant d’en haut d’un coup et au dernier moment. » Les soutiens à sa candidature sortent les rames : « Il a les compétences pour diriger cette ville, pour qu’on ne soit plus les supplétifs des socialistes ! », s’enflamme le conseiller régional francilien Jean-Luc Dumesnil.

Sauf que quelques candidats à la primaire ont également envoyé leur lieutenant dans cet entre-soi numérique pour porter leur voix. C’est le cas de Fatoumata Koné qui, par le biais d’un conseiller de Paris, tente de renvoyer Jadot dans les cordes. « Le symbole Fatou est beaucoup plus puissant que le symbole Jadot », dit-il. Et d’ajouter, concrètement : « J’ai l’impression que, dans le spectre de la gauche, tu te situes plutôt dans la social-démocratie plutôt que la gauche. Je crains que tu n’ouvres un boulevard à LFI dans certains arrondissements. » Yannick Jadot, flegmatique, encaisse.

« Pas de drame »

Les uns et les autres le somment de participer à la primaire. Lui s’y refuse : « Je ne veux pas ajouter de la division à la division. » Et relativise : « Il n’y a pas de drame, je ne mets pas là-dedans d’amour-propre ou la conquête d’un trophée. Je ne demande pas de changer les règles mais d’en changer l’esprit. N’utilisons pas entre nous de mauvais arguments de procédure, c’est le moment de changer le jeu à gauche et de prendre le leadership pour gagner cette ville, c’est ça le sujet. Notre intuition c’est que c’est avec le chemin que nous proposons qu’on y arrivera. Sinon, tant pis, bonne chance. » Bonne chance à qui ?



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Author : Mattias Corrasco

Publish date : 2025-01-31 16:00:00

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