Son atterrissage à l’aéroport de Riyad a concrétisé le cauchemar des Ukrainiens : être absent des négociations avec la Russie. Ce lundi, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a fait ses premiers pas sur le territoire saoudien, confirmant une réunion avec une délégation russe ce mardi 18 février dans la capitale de l’Arabie saoudite.
Peu après son arrivée, son homologue Fayçal ben Farhane est venu à sa rencontre. Plus tard dans la journée, Marco Rubio s’est entretenu avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS). Selon un responsable du département d’Etat, le secrétaire d’Etat a rencontré MBS en début de soirée. Loin de la résolution de la guerre en Ukraine, leur tête-à-tête devait notamment aborder la situation dans la bande de Gaza, après la proposition du président américain d’en prendre le contrôle.
Quels membres des délégations russe et américaine seront présents ?
Du côté des Etats-Unis, le chef de la diplomatie assistera donc mardi à la rencontre russo-américaine. En avril 2024, l’actuel secrétaire d’Etat, équivalent du ministre des Affaires étrangères français, avait fait partie des 15 sénateurs républicains à avoir voté contre un programme d’aide militaire de 95 milliards de dollars pour l’Ukraine. Depuis sa nomination au sein de l’administration Trump, Marco Rubio s’est on ne peut plus rapprocher des idées de Donald Trump.
Présent avec lui à Riyad ce mardi : Mike Waltz, conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche. Un responsable politique au discours contradictoire. Au début de l’invasion russe, en 2022, celui qui était à l’époque représentant des Etats-Unis avait appelé Joe Biden à fournir davantage d’armes à l’Ukraine. Peu avant l’élection américaine de novembre dernier, celui-ci a changé de ligne de conduite, critiquant l’envoi d’aides américaines en Europe.
Steve Witkoff représentera également les Etats-Unis lors de cette rencontre. Homme d’affaires de métier, l’actuel envoyé spécial pour le Moyen-Orient n’avait jusqu’alors aucune expérience diplomatique. Mais être un ami de longue date de Donald Trump semble surpasser l’ensemble des compétences requises pour ce poste.
Pour la Russie, c’est le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov qui sera présent lors de la rencontre en Arabie saoudite. Nommé ministre des Affaires étrangères par Vladimir Poutine en 2004, celui-ci a, depuis, toujours été un fidèle soutien du président, et est devenu, à partir de 2022, un fervent défenseur de la guerre en Ukraine. À ses côtés, Iouri Lavrov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine et ancien ambassadeur de la Russie aux Etats-Unis de 1998 à 2008.
Quels sont les enjeux de cette rencontre préliminaire ?
Viser au « rétablissement des relations russo-américaines » : tel est le premier enjeu décrit par le Kremlin ce lundi. Interrogé par la presse, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a ajouté que cette rencontre serait également « consacrée à la préparation d’éventuelles négociations sur le règlement [du conflit] ukrainien ».
Cette rencontre préliminaire devrait également servir à préparer un tête-à-tête entre Vladimir Poutine et Donald Trump sur le territoire saoudien. Après un entretien téléphonique mercredi 12 février, les deux chefs d’Etat avaient convenu d’engager « immédiatement » des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Ce dimanche, le milliardaire américain a confirmé la nouvelle, annonçant qu’une rencontre avec son homologue russe « pourrait se tenir très bientôt » même si « aucune date n’a été arrêtée ».
Le conseiller présidentiel russe Iouri Ouchakov a souligné de son côté que, sur le dossier ukrainien, il s’agissait de « se mettre d’accord sur la manière d’entamer les négociations sur l’Ukraine ». « Je ne pense pas qu’il faille y voir quelque chose qui sera détaillé ni comme une avancée vers une sorte de négociation », a aussi nuancé la porte-parole du département d’Etat américain, Tammy Bruce.
Pourquoi la rencontre a-t-elle lieu en Arabie saoudite ?
Ce choix n’est pas dénué d’intérêts économiques. Déjà en 2017, Donald Trump avait fait de l’Arabie saoudite sa première visite à l’étranger en tant que président, attiré par d’importants contrats financiers. Cette fois encore, la perspective de nouveaux investissements saoudiens aux Etats-Unis, qui pourraient atteindre 600 milliards de dollars selon MBS, a pesé dans la balance.
L’Arabie saoudite a également tout à y gagner. En accueillant une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, elle expose son rôle grandissant sur la scène diplomatique internationale. Longtemps restée en retrait du conflit en Ukraine, Riyad s’impose progressivement comme un médiateur de ces pourparlers.
Quelle place l’Ukraine occupera-t-elle ?
Grande absente à la table des négociations, l’Ukraine n’est pas conviée à cette rencontre. Volodymyr Zelensky a confirmé cette information lors de la Conférence de Munich, déclarant que l’Ukraine ne « savait rien » de la tenue de ces discussions et qu’elle n’y « participera pas ». Avant d’ajouter qu’il ne souhaite pas « de décision sur l’Ukraine sans l’Ukraine, et de décision sur l’Europe sans l’Europe ».
En réponse à la rencontre russo-américaine où Volodymyr Zelensky n’est définitivement pas le bienvenu, le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, a annoncé sur le réseau social X que Recep Tayyip Erdogan recevra le président ukrainien à Ankara mardi 18 février. Et ce, à la veille d’un déplacement de Volodymyr Zelensky… en Arabie saoudite.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-02-18 06:00:00
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