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Boualem Sansal a-t-il entamé une grève de la faim ? Confusion autour de la situation de l’écrivain

Boualem Sansal a-t-il entamé une grève de la faim ? Confusion autour de la situation de l’écrivain

Deux versions qui s’opposent, et, au milieu, un homme à la santé fragile incarcéré en Algérie depuis novembre 2024. Dimanche, Me François Zimeray, avocat français de Boualem Sansal, a indiqué à l’AFP que l’écrivain franco-algérien a entamé une grève de la faim, après une information en ce sens du JDD. Selon Me François Zimeray, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d’avocat ». « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d’un procès équitable », a affirmé auprès de l’AFP Me François Zimeray. L’avocat a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l’écrivain souffre d’un cancer.

Le bâtonnier d’Alger Mohamed Baghdadi a démenti ces informations ce mardi auprès du journal algérien El Watan. « Contrairement à ce qui a été écrit, il n’est pas en grève de la faim. Et c’est tant mieux pour lui, parce que cela aurait été préjudiciable à sa santé », a affirmé Me Mohamed Baghdadi. Par ailleurs, Boualem Sansal « n’a pas arrêté son traitement » médical, a assuré le bâtonnier d’Alger. « Selon le professeur désigné pour superviser ses soins et sa prise en charge médicale, avec lequel j’ai discuté, le protocole suivi pour le traitement de son cancer a commencé à donner de bons résultats », a déclaré le bâtonnier d’Alger.

En outre, Boualem Sansal a « adressé un courrier au juge d’instruction, dont l’objet est la déconstitution de l’ensemble de ses avocats, y compris François Zimeray », a affirmé Mohamed Baghdadi, selon qui « Boualem Sansal a écrit qu’il voulait se défendre seul ». « Ce qui me surprend, c’est que Me François Zimeray continue de dire qu’il est toujours son avocat, alors qu’officiellement, il y a cette lettre de déconstitution datant d’une semaine », a ajouté Me Mohamed Baghdadi, se disant « peiné » de la décision de l’écrivain concernant ses avocats. « On n’y peut rien. Mais qu’il ait au moins un ou plusieurs confrères pour sa défense », a-t-il dit.

Le refus de visa d’Alger

Le 19 février, Marianne indiquait que le régime algérien aurait demandé à Boualem Sansal de prendre un avocat « non juif ». Alger aurait envoyé des émissaires le 17 février auprès de l’écrivain afin de le pousser à changer d’avocat français, précisait le magazine. Pour essayer de l’en convaincre, ces émissaires auraient expliqué que le remplaçant de Me François Zimeray aurait une chance d’obtenir un visa afin de pouvoir le visiter.

Interrogé ce mardi par l’AFP, François Zimeray s’est refusé à tout commentaire. Cet avocat parisien, mandaté par les Editions Gallimard, dénonce depuis le début de la procédure le refus de l’Algérie de lui accorder un visa, entre autres « atteintes aux droits de la défense ». Il n’a pu rencontrer Boualem Sansal à aucun moment depuis son arrestation à l’aéroport d’Alger.

« Je n’admets pas que la France soit humiliée »

L’écrivain est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne en Algérie « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Selon le quotidien Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris ses déclarations au média français d’extrême droite Frontières reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.

Les relations souvent en dents de scie entre la France et l’Algérie se sont détériorées depuis l’été 2024 après l’annonce de l’appui de la France au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental. Plusieurs dossiers ont ensuite continué d’assombrir les relations bilatérales, dont l’arrestation en France de plusieurs influenceurs algériens pour apologie de la violence, ainsi que l’incarcération de Boualem Sansal, ou encore l’attaque au couteau mortelle à Toulouse.

Lundi, en marge du Salon de l’agriculture, Bruno Retailleau a réitéré ses critiques contre l’Algérie. « Qui en France peut soutenir que la dureté n’est pas du côté du régime algérien ? », s’est interrogé le ministre de l’Intérieur, pointant du doigt le cas de l’écrivain Boualem Sansal. « Moi, je n’admets pas que la France soit humiliée », a ajouté le ministre.



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Publish date : 2025-02-25 18:53:00

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