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L’Europe face à la trahison de Donald Trump, par Eric Chol

L’Europe face à la trahison de Donald Trump, par Eric Chol

« La vérité, c’est que les Américains finiront par se faire détester par tout le monde. Même par leurs alliés les plus inconditionnels », confiait, en 1963, le général de Gaulle à Alain Peyrefitte (1), dans le palais de l’Elysée.

Ce jour-là est arrivé, quand Donald Trump, aidé de son vice-président J.D. Vance, a humilié en direct et en mondovision le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans le fameux bureau Ovale. Stupeur, colère, émotion… Et puis un sommet monté en quarante-huit heures chrono à Londres par le Premier ministre Keir Starmer, pour que les Européens puissent laver cet affront, réaffirmer leur solidarité envers un président en guerre, à grand renfort de poignées de main franches, d’accolades et de tapes sur l’épaule. Et bien sûr, réitérer de nouvelles promesses de soutien à Kiev et esquisser un plan de paix.

« Cette séquence de la Maison-Blanche a agi comme un choc salutaire, résume Jérémie Gallon, diplomate et essayiste, les Européens ne pourront plus dire : ‘On ne savait pas’. »

Les outrances diplomatiques américaines

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenus. Il suffit de visionner en accéléré les innombrables outrances diplomatiques de la nouvelle administration Trump pour constater l’ampleur de la dislocation du lien transatlantique. Le 12 février, Donald Trump crée la surprise en passant un coup de fil d’une heure et demie à son nouvel ami, Vladimir Poutine, sans prévenir les dirigeants européens. Deux jours plus tard, J.D. Vance, sermonne vertement les Européens lors de la conférence sur la sécurité de Munich. Le 18 février, les ministres des Affaires étrangères russe et américain scellent le rapprochement de leurs pays au cours d’une rencontre à Ryad. Une semaine plus tard, pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, les Etats-Unis et la Russie votent ensemble au Conseil de sécurité des Nations unies en faveur d’une résolution qui oublie de qualifier les Russes d’agresseur et ne reconnaît pas l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La rupture est alors consommée… Jusqu’à l’incident – ou plutôt le traquenard tendu à Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche, suivi, trois jours plus tard, par la suspension de l’aide américaine à l’Ukraine.

Vivement 2028, et la fin du mandat de Donald Trump, espèrent déjà les Européens. Mais ce n’est rien comprendre à l’éloignement de l’Amérique, entamé avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. Bercés par l’illusion d’un parapluie nucléaire américain perpétuel, les Européens ont refusé de tirer les leçons du virage diplomatique négocié par Barack Obama et poursuivi par ses successeurs, jusqu’à la radicalité mise en œuvre par Donald Trump. Durant les trois décennies qui ont suivi la chute du mur de Berlin, l’Europe a profité allègrement des dividendes de la paix. Le retour de la guerre sur le continent, la brutalisation des relations internationales, la menace russe, l’affichage des ambitions chinoises et aujourd’hui le lâchage de l’allié américain ne laissent plus le choix à l’Europe que d’apprendre à se protéger. Seule et vite.

(1) C’était de Gaulle – T. II, par Alain Peyrefitte (Fayard, 1997).



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Author : Eric Chol

Publish date : 2025-03-04 11:00:00

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