Le 22 mars prochain, la Journée mondiale de l’eau, instaurée par les Nations unies en 1992, rappellera l’importance cruciale de cette ressource et l’urgence de la gérer de manière durable. Car l’eau est soumise à des pressions croissantes : urbanisation accélérée et dérèglements climatiques. « La demande en eau augmente rapidement alors que les ressources sont limitées, constate Nicolas Beneton, spécialiste de l’investissement thématique durable chez Robeco. Ces dernières années, les conditions climatiques extrêmes dans de nombreuses régions du monde, la vétusté des infrastructures ou encore la propagation de polluants éternels dans les écosystèmes sont devenues des défis importants auxquels les Etats et les entreprises cherchent à répondre. »
Un marché en croissance annuelle de 3 à 5 %
Les chiffres sont sans appel et illustrent l’ampleur de ces défis. Depuis 1962, les ressources mondiales en eau douce renouvelable ont chuté de 60 %, selon une analyse de BNP Paribas. Parallèlement, l’Unicef estime qu’au moins 2 milliards de personnes consomment une eau potable contaminée. A cela s’ajoutent des infrastructures vieillissantes et des fuites, qui coûtent chaque année près de 39 milliards de dollars à la société.
Garantir un accès universel à l’eau potable va nécessiter des investissements massifs. Dans une étude publiée en 2020, le World Resources Institute estimait que la gestion durable de l’eau pour l’ensemble des pays et des principaux bassins exigerait 1 040 milliards de dollars par an entre 2015 et 2030. La même année, l’Organisation de coopération et de développement économique évaluait à 90 milliards d’euros par an les investissements nécessaires en Europe jusqu’en 2030.
Aussi alarmante soit-elle, cette situation représente également une opportunité pour les investisseurs. Le marché de l’eau, estimé entre 1 000 et 1 500 milliards de dollars, enregistre une croissance annuelle de 3 à 5 %. Certains segments, comme les compteurs d’eau intelligents, le dessalement ou les systèmes de gestion intelligente de l’eau, affichent même des taux de croissance à deux chiffres. Sans oublier que les entreprises du secteur, en raison de sa nature, sont beaucoup moins sensibles aux cycles économiques.
« L’intérêt d’investir dans l’eau repose sur des tendances séculaires qui ne cessent de s’accentuer, indique Marc-Olivier Buffle, responsable de la recherche thématique chez Pictet AM. La mobilisation du capital privé apparaît comme une nécessité pour répondre aux besoins croissants de financement des infrastructures et des technologies liées à l’eau. »
Investir en direct ou via des fonds
Mais comment investir dans cette thématique ? Il est possible d’acheter les actions d’entreprises spécialisées, comme Xylem, qui propose des solutions de désinfection par ultraviolets, Parker Hannifin, qui développe des dessalinisateurs, ou Ecolab, qui fournit entre autres des solutions pour analyser et évaluer la qualité de l’eau. Encore faut-il les identifier, l’univers des entreprises cotées dans l’eau restant très limité, 100 à 300 sociétés, puis les analyser.
Autre solution : investir via des fonds spécialisés. Morningstar recense une cinquantaine de fonds communs et d’ETF exposés au secteur. Parmi ceux-ci, les fonds de Pictet et Robeco ont été pionniers dans ce domaine. Depuis son lancement en 2001, la stratégie de Robeco fait jeu égal avec l’indice MSCI World, reflet des actions internationales, avec une performance de 7,92 % par an en moyenne, à fin février 2025. Quant à Pictet Water, lancé en 2000, la stratégie affiche une croissance annuelle d’environ 8 % en moyenne.
Selon Morningstar, les fonds d’investissement spécialisés géraient 30,1 milliards d’euros en Europe l’an dernier, contre 12,6 milliards cinq ans plus tôt. Ces fonds ont connu un engouement particulier durant la crise sanitaire, avec des actifs sous gestion passant de 14,8 milliards en mars 2020 à 35,3 milliards à la fin de 2021. Attention, cependant, ce secteur n’est pas exempt de risques. Les réglementations, les innovations technologiques et la concurrence peuvent avoir un impact significatif sur certaines entreprises. La raréfaction de l’eau et la pollution en font néanmoins un enjeu d’avenir pour la planète. Et votre épargne.
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Publish date : 2025-03-15 08:30:00
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