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« Friedrich Merz a-t-il trompé les électeurs ? » : la fin du frein à la dette vue par les médias allemands

« Friedrich Merz a-t-il trompé les électeurs ? » : la fin du frein à la dette vue par les médias allemands

A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Mardi 18 mars, « Berlin a franchi un obstacle décisif, il devrait y avoir un grand soulagement en Europe », écrit Der Spiegel. En effet, l’assemblée allemande, le Bundestag, a adopté la modification de la loi fondamentale portée par le SPD, la CDU/CSU et les Verts. Cette réforme, dont l’adoption était incertaine avant le scrutin, a été approuvée par une large majorité, rapporte l’Hebdomadaire Die Zeit.

Pour cette session extraordinaire, qui réunissait la législature sortante (la nouvelle doit prendre ses fonctions le 25 mars), quelque 513 députés sur les 720 que constituait le Bundestag ont voté pour, le reste s’étant opposé à la réforme. Les changements qui ont été adoptés prévoient la création d’un fonds d’investissement de 500 milliards d’euros et la réforme du frein à l’endettement. Ce dernier, qui restreint le recours au déficit pour financer le budget fédéral à 0,35 % du PIB, ne s’appliquerait plus pour les dépenses de la défense qui dépassent 1% du PIB. Pour le quotidien Handelsblatt, cette réforme va permettre « d’ouvrir la voie au chef de file de la CDU, Friedrich Merz, pour devenir chancelier, et d’augmenter considérablement les options disponibles pour le futur gouvernement fédéral ».

Un accueil mitigé

Mais bien que ces modifications apportées à la loi fondamentale soient qualifiées « d’historiques » par le chancelier sortant, Olaf Scholz, les réactions ne sont pas unanimes. En effet, si pour le Frankfurter Allgemeine, le vote envoie un « message positif, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur », le quotidien Bild, qui qualifie la réforme de « dette XXL », est plus prudent quant aux apports potentiels de cette réforme.

De « l’argent pour la défense et les infrastructures » certes, mais « une montagne de dette et un remboursement qui reposera sur les générations futures », explique le journal. Et si l’adoption de cette réforme peut constituer une victoire pour le futur chancelier conservateur, Friedrich Merz, Bild rappelle qu’elle a été approuvée en grande partie « parce que les Verts l’ont acceptée ». Le futur exécutif a accepté de flécher 100 milliards du fonds d’investissement vers la transition écologique, en échange du soutien des Grünen.

Néanmoins, Der Spiegel considère le vote de cette réforme et la mobilisation qu’il a suscitée comme une « prise de conscience qu’en ces temps difficiles, les partis démocrates peuvent oublier les blessures de la campagne électorale et agir ensemble. »

Un « virage à 180 degrés »

« Merz a-t-il trompé les électeurs avec le fonds spécial ? » titrait déjà la Mitteldeutscher Rundfunk la veille du vote. Et de fait, pendant la campagne pour les législatives, la réforme du frein à l’endettement avait fait l’objet de débats entre les partis. Parmi les différents candidats briguant le poste, Friedrich Merz faisait partie des fervents opposants à toutes modifications de la loi fondamentale. Pour le Frankfurter Allgemeine, avec ce vote, le futur chancelier « rompt déjà ses promesses électorales avant même d’avoir été élu ». Un « virage à 180 degrés » pour Bild.

Enfin, avant son adoption définitive, la réforme doit être validée par le Bundesrat, le conseil fédéral qui représente les 16 Länder (les Etats fédérés allemands). Or, « plusieurs groupes parlementaires du FDP [NDLR : le parti libéral] veulent empêcher le Bundesrat d’approuver le paquet financier et l’affaiblissement du frein à l’endettement » rapporte Die Zeit.



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Publish date : 2025-03-19 15:30:00

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