« Terreur ». « Capitulation ». « Totalitarisme ». « Résistance », aussi. Les mots sont forts, à la hauteur de l’urgence de la situation. Face à la guerre déclarée par Donald Trump au savoir, trois scientifiques français de haut vol ont décidé d’unir leurs voix pour appeler les pouvoirs publics français et européens à ne pas rester passifs. Yasmine Belkaid, Bana Jabri et Alain Puisieux, respectivement à la tête de l’Institut Pasteur, de l’Institut Imagine et de l’Institut Curie, appellent à agir pour défendre leurs confrères qui travaillent aux Etats-Unis, à leur ouvrir les bras, à leur offrir la possibilité de venir poursuivre leurs travaux de ce côté de l’Atlantique. Car il s’agit là, aussi, d’une opportunité « historique » pour l’Europe et la France d’attirer des talents, insistent-ils.
Les enjeux ne se limitent pas à l’avenir de la science. Face au véritable coup d’Etat obscurantiste de l’administration Trump, face à cette destruction méthodique et organisée de l’appareil de recherche américain, nul ne peut plus s’y tromper : c’est la démocratie elle-même qui est menacée. Et le diagnostic posé par les dirigeants de trois de nos plus prestigieuses structures de recherche, qui représentent ensemble plus de 5 000 chercheurs, est limpide : ce qu’il se passe aux Etats-Unis pourrait très bien se produire ici. Un scénario catastrophe qu’il faut à tout prix éviter. Parce qu’ils partagent la même analyse des dangers qui nous menacent, mais aussi des solutions à mettre en œuvre pour s’en prémunir, tous trois comptent bien peser et se faire entendre dans le débat public. Entretien.
L’Express : Vous êtes aujourd’hui réunis tous les trois, il s’agit là d’une rencontre exceptionnelle. Cela en dit-il long sur l’ampleur de la menace ?
Alain Puisieux : Nous devons avoir une voix forte en tant que scientifiques. Plus que jamais, il est nécessaire de défendre la science comme un pilier fondamental de la société, et la liberté académique comme une nécessité absolue dans une démocratie. Aujourd’hui, l’administration Trump s’en prend violemment aux deux.
Yasmine Belkaid : Ce qu’il se passe aux Etats-Unis représente un renversement total. En à peine deux mois, le pays que nous avions connu, Bana et moi, a totalement changé. Ses valeurs fondamentales sont en grand danger. Détruire la science et la liberté de parole, cela aura des conséquences très graves pour nous tous et pour nos démocraties. S’en prendre à la science, c’est mettre en danger un savoir qui est pour le bénéfice de tous.
Bana Jabri : Donald Trump ne cible pas par hasard la science et les universités : elles représentent la liberté d’expression, le droit au doute et à la remise en question. Si nous sommes là tous les trois, c’est que nous partageons ces valeurs et que nous pensons qu’ensemble, nos voix porteront encore davantage. Face à Trump, les universités américaines n’ont pas réussi à se rassembler pour parler d’une seule voix. Pourquoi ne se sont-elles pas unies ? C’est une vraie question. Cela aurait pourtant pu éviter que l’université Columbia ne cède au chantage financier du gouvernement. On parle des Etats-Unis, mais cela pourrait aussi arriver en France.
Ne pouvait-on pas s’attendre à ces mesures brutales contre des institutions scientifiques et universitaires, au vu du programme de Donald Trump ?
B. J. Cette attaque contre la science était très clairement programmée. Il y a un agenda très précis de la part de l’administration Trump. Mais ils n’ont rien inventé, il suffit de voir ce qui s’est déjà passé avant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit d’une technique classique… La science et les universités sont antinomiques du totalitarisme. Pour quelqu’un qui veut tout contrôler et qui ne souffre pas la contestation, la science représente une menace. Donald Trump est par ailleurs un homme dont l’un des moteurs principaux est la vengeance. Il a perdu les précédentes élections en 2020 notamment du fait de sa gestion du Covid. D’où un désir de revanche contre l’infectiologie. Il dirige sa colère de façon primaire, sans aucun souci de la notion de bien collectif.
Un découragement, une résignation de toute la société, qui a le sentiment qu’on ne peut plus résister
Bana Jabri
Y. B. C’est un choc, une violence jamais vécue aux Etats-Unis, avec la désintégration de leur système de valeurs, de l’Etat de droit, du droit à la justice, à la parole, à la liberté… Mais d’un autre côté, effectivement, tout était écrit. Face à cela, il faut donc être préparé et uni, pour pouvoir résister.
A. P. Durant le premier mandat de Trump, il y avait déjà eu des signes très inquiétants, avec 154 cas de censure avérés au niveau scientifique. La nouveauté aujourd’hui, outre la brutalité inouïe de la méthode, c’est le fait que cela touche un nombre important de disciplines. On s’attendait, malheureusement, à ce que la science de la climatologie soit affectée, pour des raisons idéologiques. Mais cela dépasse largement la seule question du climat, avec des conséquences importantes en matière de santé publique.
Quelle est l’ampleur des dégâts ?
B. J. Les universités américaines ont arrêté de recruter. Toute une génération de jeunes chercheurs ne voit plus d’avenir. Des domaines entiers de recherche sont menacés voire interdits, ce qui aura des conséquences majeures sur le plan médical ou technologique. Mais il y a aussi un découragement de toute la société, qui a le sentiment qu’on ne peut pas résister. C’est vraiment cette résignation qui me touche le plus. La capitulation de l’université Columbia a un effet majeur, car c’est un symbole de la liberté d’expression. Qui, après cela, va avoir le courage de se lever ?
Y. B. Très concrètement, des personnes vont mourir. Le démantèlement de structures de recherche et de prévention internationale, comme USaid, aura des conséquences très rapides sur la mortalité, que ce soit avec le sida, la tuberculose ou l’émergence de résistances microbiennes. Des vies seront perdues. Mais ces pathogènes nous concernent tous. Le fait que le gouvernement américain décide de ne pas contrôler la grippe aviaire, cela veut dire qu’il prend le risque de voir apparaître de nouvelles mutations du virus, qui pourraient avoir des conséquences dramatiques.
A. P. On peut tenter de se rassurer en se disant qu’il s’agit d’un phénomène spectaculaire, mais de court terme, et qu’il suffit donc de faire le dos rond en attendant que cela aille mieux. Mais il y aura des dégâts irréversibles. Des personnes vont mourir du fait de l’arrêt de programmes, en infectiologie comme en climatologie. Les Etats-Unis sont aussi en train de sacrifier une génération de scientifiques, et sans doute même plusieurs car l’attractivité des métiers de la recherche va plonger. Le Doge [NDLR : le département de l’Efficacité gouvernementale, dirigé par Elon Musk] a ciblé en priorité de jeunes chercheurs venant d’être recrutés ou promus. Cela ne se répare pas en un ou deux ans, il faudra des années.
Entretien avec Bana Jabri, Alain Puisieux et Yasmine Belkaid à l’Institut Imagine à Paris en mars 2025.
Pourquoi les Européens doivent-ils se sentir concernés ?
Y. B. La science n’est pas un domaine qui peut se fragmenter. Elle forme un seul écosystème à travers la planète, avec des connaissances partagées. Les attaques contre la recherche aux Etats-Unis nous atteignent ainsi tous, que ce soit au travers de l’interruption de formations ou de la difficulté à accéder à des bases de données.
Par ailleurs, on voit aussi chez nous l’essor de mouvements antiscience, antirationalité qui sont inquiétants. Ce qu’il se passe aux Etats-Unis est un avertissement et nous devons le prendre comme tel de ce côté de l’Atlantique, avec la plus grande vigilance.
Les scientifiques et les universitaires n’ont-ils pas une responsabilité dans cette situation ?
A. P. Il y a une fracture qui s’est faite entre le monde scientifique et les citoyens. On l’a bien vu lors du Covid, alors même que c’est bien la science qui nous a permis de sortir relativement rapidement de cette pandémie. Trop souvent, la science est perçue comme obscure et distante, réservée à une élite. Il faut multiplier les espaces d’échange – vulgarisation, débats publics, science participative…
Y. B. Nous devons nous rappeler à quoi sert la science : elle représente un bien pour toute la société, en tant que gardienne et source de connaissances et de données qui aident ensuite à prendre des décisions. L’accès au savoir est un droit fondamental, il ne faut jamais l’oublier. Si la science est perçue comme quelque chose d’ésotérique, c’est catastrophique. C’est à nous de mieux communiquer, de faire un travail d’information.
Que vous disent les chercheurs américains ?
B. J. Ils ont l’impression d’être dans un Etat de terreur. Le Doge va dans les couloirs et bureaux des NIH [NDLR : National Institutes of Health, institutions gouvernementales chargées de la recherche médicale], ils interrogent au hasard les salariés, les chercheurs. C’est une humiliation et de l’intimidation. Pour que les financements soient renouvelés, les scientifiques sont forcés de réviser leurs projets et d’éliminer certains mots de leurs dossiers. Je sens une grande détresse. Pour les jeunes, il s’agit d’une génération perdue, en sachant en plus que la protection sociale n’est pas la même qu’en France.
S’ils parlent, ils sont licenciés
Yasmine Belkaid
Par ailleurs, il ne s’agit pas que du gouvernement. Les universités américaines reposent sur des fonds privés. Si les administrateurs et les grands donateurs avaient résisté face au retrait des financements étatiques, ces universités auraient très probablement pu tenir. Mais il y a des conflits d’intérêts majeurs. Si le pouvoir économique est entre les mains de quelques personnes, comme Elon Musk, quels moyens avons-nous, en tant que scientifiques et citoyens, pour nous protéger et préserver l’indépendance de la recherche et du débat public ?
Y. B. Les chercheurs qui sont renvoyés perdent tout, ils se retrouvent sans salaire, sans rien, du jour au lendemain. C’est de la terreur pure. Mes confrères, notamment au sein des agences gouvernementales comme le NIH, sont traumatisés. Ils ne peuvent même plus prendre la parole : s’ils parlent, ils sont licenciés.
Comment peut-on se prémunir d’un tel scénario en France ?
Y. B. Les signes avant-coureurs de ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis sont présents dans le monde entier, avec une perte de confiance dans les institutions, et notamment dans la science. Il faut déjà en avoir conscience et être vigilant. Nous devons aussi réaffirmer nos valeurs et nous engager sur ce que nous voulons protéger. Il faut comprendre les conséquences réelles d’une telle attaque contre la science, sur la vie de personnes comme sur le futur de la planète. Démanteler la science, c’est aussi détruire un droit au futur.
B. J. C’est une réelle urgence. En France aussi, il y a cette tendance à déconsidérer tout raisonnement qui se veut modéré. Il y a un besoin d’émotions, une demande pour les extrêmes. Nous sommes à une époque où l’on gagne le débat non pas sur des arguments de fond mais en écrasant l’opinion adverse, en imposant sa puissance. Nous aussi passons dans une société transactionnelle, alors que l’Europe a longtemps valorisé la notion de bien collectif. Toutes ces évolutions témoignent du fait que chez nous aussi, la science risque d’en payer le prix.
Faut-il mettre en place des systèmes de protection juridique pour préserver à l’avenir la liberté académique ?
A. P. Une université allemande publie chaque année un indice de liberté académique à travers le monde. Ce travail, très sérieux, montre qu’en 2006, 1 citoyen sur 2 vivait dans une zone où cette liberté était préservée. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 1 sur 3. En à peine un an, 34 Etats ont vu cet indice baisser, souvent de façon très significative. Donc oui, nous avons besoin de remparts et de protections. Cela passe par l’éducation, le dialogue entre chercheurs et citoyens, et la transparence. C’est essentiel pour rétablir la confiance, pour apprendre à raisonner de manière critique, pour comprendre la méthode scientifique et pour distinguer les faits des opinions. Une société qui sait comment fonctionne la science est moins vulnérable aux discours de désinformation.
B. J. Sans prise de conscience collective, des lois protectrices ne suffisent pas, comme l’ont bien montré les Etats-Unis. Si un gouvernement français met en avant une idéologie antiscience, nous rencontrerons des difficultés similaires. Où sont les cours de biologie à Sciences Po ou à l’ENA ? Combien y a-t-il de scientifiques au gouvernement ? Un dialogue plus ouvert entre scientifiques et politiques pourrait changer la donne. Aujourd’hui, il reste un écart important entre ces deux mondes, mais il est possible de le combler si chacun reconnaît la légitimité et la complémentarité de l’autre.
A. P. Nous avons participé à la mobilisation Stand up for Science le 7 mars. Combien de partis et de politiques étaient-ils présents ? Je n’en ai pas vu. C’est comme si ce problème ne les concernait pas réellement.
B. J. Les connaissances scientifiques sont de plus en plus spécifiques et complexes, ce qui peut faire peur et alimenter un rejet. L’éducation, et notamment l’éducation de nos politiques, peut rétablir cette confiance. Cela me semble beaucoup plus important que des lois.
Yasmine Belkaid et Bana Jabri, vous connaissez bien le modèle américain avant Donald Trump. De quoi pourrait-on s’inspirer en France ?
Y. B. Ce qui nous avait attirées aux Etats-Unis, c’est la capacité donnée aux chercheurs à prendre des risques, l’absence de peur. Dans l’esprit américain, il y avait – je parle au passé – un esprit d’aventure. L’échec était une chose tout à fait normale, qui n’était pas un stigmate dans une carrière. Cela faisait simplement partie de l’aventure.
Quand je demande à des étudiants en médecine qui veut faire de la recherche, pas une main ne se lève
Alain Puisieux
B. J. L’autre force des Etats-Unis, c’est la confiance dans les jeunes. Grâce au système de tenure track, des jeunes scientifiques présentent un projet et se voient donner de vrais moyens, souvent de plus d’un million de dollars. On leur donne aussi une perspective de carrière. Contrairement à la France, ils ne sont pas soumis à la perspective de devoir attendre un départ en retraite pour espérer une titularisation. Si dans les cinq ans qui suivent, ils prouvent qu’ils mènent une vraie recherche innovante, ils peuvent continuer. Si on ne reproduit pas cela en France, on n’attirera pas les talents. On dit que les CPJ [NDLR : chaire de professeur junior] n’ont pas de succès. Mais elles ne sont dotées que de 200 000 euros sur cinq ans. Ce n’est pas le bon ordre de grandeur, y compris par rapport aux programmes allemands ou britanniques, qui offrent eux aussi des dotations conséquentes à leurs jeunes chercheurs : il faut se donner les moyens ! Croire qu’on peut donner un peu d’argent à tout le monde ne va pas faire la différence. Il faut accepter une compétition. La science est par nature compétitive. L’égalitarisme à tout prix est contre-productif.
Y. B. A l’Institut Pasteur, nous nous sommes inspirés du modèle américain ces vingt dernières années pour donner de la confiance et des moyens aux jeunes. Cela nous permet aujourd’hui d’attirer de grands talents venus du monde entier.
B. J. J’insisterais aussi sur la question de la transparence. Ici, il peut parfois y avoir des choses faites par faveur, alors qu’aux Etats-Unis, il existait des processus clairs, des critères de sélection connus de tous, que ce soient pour l’attribution de postes ou de locaux.
Il y a bien sûr également le niveau des financements que l’Etat est prêt à investir dans la science…
A. P. Nous avons en France un problème majeur d’attractivité de la recherche. Les politiques doivent en prendre conscience. Quand, lors de mes cours, je demande à des étudiants en médecine qui veut faire de la recherche, pas une seule main ne se lève. L’âge moyen de recrutement à l’Inserm ou au CNRS, c’est 34 ans. A bac + 12 ou + 15, vous avez un salaire inférieur à deux fois le smic. Il faut être motivé… La loi de programmation de la recherche a des mérites, malgré ses limites. Mais du fait des restrictions budgétaires, elle ne sera peut-être même pas appliquée à 100 %. On nous promet depuis longtemps d’amener l’effort de la nation pour la recherche à 3 % du PIB, mais nous sommes toujours à 2,2 %, avec une dégradation progressive ces dernières années. Nous sommes à la 17e position internationale en termes d’investissements publics. Logiquement, notre pays régresse aussi dans les classements scientifiques. C’est à pleurer…
Y. B. Il faut aussi simplifier les processus pour que ce métier ait une valeur ajoutée. Des chercheurs, qui sont des créatifs, des aventuriers et des rêveurs, sont noyés par de la paperasse. C’est gâcher leur talent. Des scientifiques formés pendant vingt ans sont des athlètes de haut niveau. Il faut les respecter, leur donner de la liberté et leur permettre de prendre des risques. On ne leur met pas des bâtons administratifs dans les roues.
B. J. Aux Etats-Unis, j’avais obtenu une dotation de 12 millions de dollars en partenariat avec trois autres universités. Cela s’est monté en un rien de temps. Ici, il faut des accords pour tout, y compris pour travailler entre unités françaises de recherche. Autre exemple, concernant encore une fois les recrutements sur les chaires de professeur junior. Le meilleur moment au niveau international pour lancer des appels d’offres, c’est vers les mois de juin, juillet et de septembre. Pas en février ou en décembre, car les gens sont alors en plein milieu de leur travail académique. Mais en France, on doit attendre que l’Etat indique à l’Inserm ou aux universités un nombre de CPJ, puis celles-ci donnent leurs autorisations aux unités de recherche. Le résultat, c’est que nos appels d’offres ne tombent jamais au bon moment…
Les Français sont de plus en plus opposés à l’immigration, et les discours politiques se durcissent sur ce sujet. En tant que scientifiques, avez-vous un message à ce sujet ?
A. P. La recherche est évidemment internationale. La diversité est une formidable ressource dans le domaine scientifique. Nos instituts sont d’ailleurs internationaux. A l’Institut Curie nous comptons plus de 77 nationalités différentes qui travaillent ensemble. La moitié de nos doctorants et deux tiers des postdoctorants sont étrangers.
Y. B. A Pasteur, nous faisons mieux avec 110 nationalités [Rires.]. Nous en sommes très fiers. Cette ouverture internationale a d’ailleurs été longtemps la force des Etats-Unis en matière de recherche.
B. J. Environ 20 % des prix Nobel de sciences attribués aux Etats-Unis l’ont été à des chercheurs ayant plusieurs nationalités. Un scientifique n’a pas de frontière. Penser qu’investir dans des chercheurs étrangers, c’est pénaliser les Français est faux. Quand on investit dans la science, cela tire tout le monde par le haut.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer au président Emmanuel Macron ?
A. P. La science n’est ni un luxe ni une option pour une société. C’est non seulement un droit fondamental, mais une nécessité absolue, car c’est le moteur de l’innovation et finalement du progrès social.
B. J. Quand on parle de réarmement, il s’agit aussi d’un réarmement par la science, qui joue un rôle incontournable dans la construction de nos moyens de défense. Et quand on parle de protéger la démocratie, c’est aussi protéger la science, qui est basée sur l’absence de dogmes et le questionnement. Je note cependant que la France est aujourd’hui la plus courageuse. Tout le monde a peur de cette attaque antiscience aux Etats-Unis. Mais en France, il y a tel désir de liberté d’expression que cela a été un choc. Des scientifiques ont pris la parole. Même le gouvernement français reconnaît l’importance du moment.
Y. B. Nous, scientifiques, avons un devoir de ne pas rester passifs et de ne pas être victimes de ce qui est en train de se passer. Il y a aujourd’hui, pour la France et l’Europe, une fenêtre d’opportunité qu’il faut rapidement saisir pour accueillir les Prix Nobel de demain. Nous avons des outils exceptionnels à faire valoir. C’est maintenant qu’il faut agir, miser sur la science. Nous avons des échanges réguliers et encourageants avec les autorités en ce sens. Si nous n’agissons pas, qui sera là demain pour trouver comment guérir les maladies neurodégénératives ? Pour produire les vaccins pour la prochaine pandémie, pour traiter les prochaines maladies ?
Source link : https://www.lexpress.fr/sciences-sante/exclusif-lappel-des-trois-grands-instituts-de-recherche-francais-trump-ne-cible-pas-la-science-par-J4GNWOBSS5CVRDWCXEONFAH4EM/
Author : Eric Chol, Stéphanie Benz, Thomas Mahler
Publish date : 2025-04-08 16:00:00
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