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Finances publiques : François Bayrou évoque un référendum sur la réduction de la dette

Finances publiques : François Bayrou évoque un référendum sur la réduction de la dette

Rejetant « la méthode de l’artichaut » faite de mesures séparées et disparates, le chef du gouvernement s’est engagé à présenter un « plan cohérent, avec des propositions claires, lisibles » afin de réduire les déficits et la dette, dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD) mis en ligne samedi 3 avril au soir. « C’est un plan d’ensemble que je veux soumettre, il demandera des efforts à tout le monde, et par l’ampleur qui doit être la sienne, il ne peut réussir si le peuple français ne le soutient pas », a-t-il déclaré.

Le gouvernement de François Bayrou, qui est parvenu à faire adopter les budgets 2025 de l’Etat et de la sécurité sociale en début d’année, en échappant à une série de motions de censure, est désormais engagé dans la préparation du budget pour 2026. François Bayrou s’est engagé à présenter d’ici au 14 juillet ses propositions pour le budget 2026, pour lequel le gouvernement cherche 40 milliards d’euros d’économies, afin de respecter ses objectifs de réduction du déficit public de 5,4 % du Produit intérieur brut (PIB) cette année, à 4,6 % l’an prochain.

« Une production trop faible et une dette écrasante »

Dans cet entretien au JDD, le chef du gouvernement reprend les éléments de son diagnostic exposé lors d’une conférence sur les finances publiques le mois dernier. Il avait alors promis de faire connaître avant le 14 juillet ses choix budgétaires pour 2026. « Notre pays a devant lui deux défis massifs, les plus lourds de son histoire récente : une production trop faible et une dette écrasante », a-t-il appuyé samedi.

Privé de majorité à l’Assemblée nationale, se heurtant aux oppositions de secteurs économiques, François Bayrou voit dans le référendum une manière de contourner les blocages. Mais il s’agit d’une prérogative constitutionnelle du chef de l’Etat et un pari politique toujours extrêmement risqué. « Un référendum ne peut être décidé que par le président de la République. Le gouvernement propose, le président décide. Mais la question de l’adhésion des Français aux réformes est bien la question centrale », a-t-il estimé. Jamais sous la Ve République une telle consultation des Français n’a été organisée pour faire adopter un texte budgétaire.

« La solution n’est pas dans de nouveaux impôts »

François Bayrou estime que son plan « doit proposer des solutions précises, avec un objectif clair: être moins dépendant de la dette dès cette année, et à l’horizon de quatre ans, revenir sous le seuil des 3 % de déficit public ». Pour lui, cela passera par une « baisse déterminée des dépenses. Par la simplification ». Et surtout « par une meilleure efficacité de l’État et de l’action publique en général », a-t-il mis en garde, tout en réaffirmant que « la solution n’est pas dans de nouveaux impôts ». « Je pense que la question est assez grave, assez lourde de conséquences pour l’avenir de la nation, pour qu’elle s’adresse directement aux citoyens », a-t-il ajouté.

Dans cet entretien, le leader centriste dresse un constat d’échec des tentatives de mener des réformes de structure dans le domaine de l’Etat et des finances publiques. « Quand on réforme par les voies classiques, par le passage en force, que se passe-t-il? Le pays entre en grève, les manifestations s’enchaînent, et personne ne sait si ceux qui défilent connaissent vraiment le contenu de ce qu’ils contestent. »

François Bayrou n’exclut pas une baisse des effectifs des fonctionnaires, qu’il juge « possible et salutaire » mais découlerait d’une réforme des missions de l’Etat et des collectivités territoriales.

Tergiversations

L’idée ne fait pas l’unanimité. Le chef de file des députés Les Républicains (LR) Laurent Wauquiez a rejeté l’idée ce dimanche. Selon lui, « il n’y a pas besoin de référendum pour savoir que les Français en ont assez des augmentations d’impôts. Et la seule chose qu’on demande au Premier ministre, c’est d’avoir enfin le courage de s’attaquer au gaspillage de l’argent public », a-t-il déclaré lors de l’émission « Un dimanche en politique » sur France 3. « Et là, ce qui me gêne, comme sur beaucoup de domaines, c’est qu’on a un Premier ministre qui tergiverse, qui cherche juste à gagner du temps et qui ne décide pas », a-t-il ajouté.

LR participe à la coalition gouvernementale de François Bayrou, mais Laurent Wauquiez se montre de plus en plus critique de l’action du Premier ministre. « Si jamais il (François Bayrou) nous présente un budget avec des augmentations d’impôts, on ne le votera pas », a-t-il déclaré tout en écartant à ce stade que LR puisse se joindre à une motion de censure contre le gouvernement.

Autre composante de la coalition gouvernementale, le parti macroniste Renaissance a accueilli avec prudence la proposition de François Bayrou, en renvoyant également les oppositions à leur responsabilités. « Consulter les Français, ce n’est jamais une mauvaise idée », a déclaré également sur France 3 Prisca Thévenot la secrétaire générale déléguée du parti en regrettant qu’il y ait au Parlement « plus de forces politiques qui ont envie de bloquer que de faire avancer le pays ».



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Publish date : 2025-05-04 11:31:00

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