Une prise de parole très attendue. Le Premier ministre François Bayrou a été auditionné ce mercredi 14 mai devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les modalités du contrôle par l’Etat et de la prévention des violences dans les établissements scolaires. Le Premier ministre, accusé par la gauche d’avoir masqué sa connaissance des violences au sein de l’établissement catholique, a d’abord ouvert son propos en saluant un rendez-vous « très important » pour les victimes de ce genre de faits. « C’est un continent caché qui apparaît, qui surgit », a lancé le responsable en préambule.
L’audition a été rapidement marquée par une grande tension entre le Premier ministre et une partie des membres de la commission d’enquête, en particulier le corapporteur (LFI) Paul Vannier. Le 11 février, après la publication de plusieurs articles de presse dont celui de Mediapart, ce député avait mis en cause François Bayrou pour avoir selon lui « choisi l’omerta pendant trente ans » sur sa connaissance de l’affaire Bétharram, où plusieurs de ses enfants ont été scolarisés et où son épouse a dispensé des cours de catéchisme. « Celui qui ment le 11 février ce n’est pas celui qui répond, mais celui qui pose la question, c’est-à-dire vous », a rétorqué le maire de Pau au parlementaire insoumis.
François Bayrou dénonce des « affabulations » de Françoise Gullung
Ministre de l’Education nationale entre 1993 et 1997, François Bayrou « maintient » qu’il n’a pas « jamais eu d’autres informations que celles parues dans le journal » en mai 1996 au sujet d’agressions physiques graves ou d’agressions sexuelles au sein de Notre-Dame-de-Bétharram. La rue de Grenelle avait toutefois demandé une inspection générale de l’établissement quelques semaines plus tôt, en avril 1996, après le dépôt d’une plainte en décembre 1995 pour une gifle violente adressée par un surveillant à un élève. A l’époque, « ce rapport d’inspection donne toutes les garanties et les assurances sur Bétharram », a assuré François Bayrou devant les députés, justifiant le fait de ne pas avoir engagé davantage de contrôle envers le groupe scolaire.
François Bayrou a insisté pour diffuser durant son audition une vidéo de l’audition de Françoise Gullung, une ancienne professeure affirmant l’avoir interpellé à deux reprises pour dénoncer ce qui se produisait au sein des murs de Bétharram. « Sous serment, je dis que Mme Gullung ne m’a informé de rien, et je vais en apporter la preuve », a pointé le responsable, qualifiant les propos de l’ex-enseignante d' »affabulations ». La présidente de la commission, Fatiha Keloua Hachi, refuse alors dans un premier temps la diffusion d’un extrait de l’audition de Françoise Gullung voulue par François Bayrou. Une volonté dont il n’a pas fait part à la présidente avant sa venue cet après-midi à l’Assemblée nationale. La raison ? « Je n’ai pas eu le sentiment que la commission était totalement objective », justifie le Premier ministre.
Le rapport d’inspection ? « Une vraie vérification »
L’autre corapporteuse, Violette Spillebout (EPR), a interrogé le maire de Pau sur les conditions de l’inspection diligentée en 1996, qu’elle juge « superficielle » et « express ». « [L’inspecteur] a entendu 20 personnes, 19 peut-être », souligne François Bayrou. « Si on considère que c’est traité par-dessus la jambe… Je trouve, moi, que c’est une vraie vérification. » Le Premier ministre a répété « ne pas avoir été familier » avec le père Carricart, directeur de Notre-Dame de Bétharram entre 1987 et 1993 et mis en examen en 1998 pour viol sur mineurs. « Je ne connais rien de pire, rien de plus abject, que des adultes utilisant des enfants comme objets sexuels », a asséné François Bayrou.
Mardi, dans un entretien à Sud-Ouest, le juge Christian Mirande, qui avait mené l’enquête sur les accusations de viol visant le religieux, a indiqué que le président du MoDem avait échangé avec lui à l’époque sur l’affaire. Selon son témoignage, François Bayrou est venu lui rendre visite pour « en savoir un peu plus sur les accusations visant le père Carricart ». « Il était heurté, pas tant parce que son fils y était élève, que par le fait que l’institution était mise en cause », développe le magistrat dans cet entretien. Une rencontre qui, selon le Premier ministre devant les députés ce mercredi, aurait eu lieu selon après les révélations de presse fin mai 1996. « Je n’ai pas été saisi » des faits de violences à Notre-Dame de Bétharram, a-t-il juré, de manière plus générale. « Il y a eu vingt-cinq ans de silence absolu. »
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Publish date : 2025-05-14 18:05:00
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