Donald Trump n’aime pas voir les dossiers traîner. Celui de la réforme fiscale ne déroge pas à la règle. Dans l’idéal, il aimerait ratifier son « One Big and Beautiful Bill Act« pour le 4 juillet, jour de l’Indépendance. Comme à son habitude, le président ne fait pas l’économie du superlatif, se targuant de « la plus grande baisse fiscale » de l’histoire américaine. Avec un corpus de plus de 1 000 pages, le texte est incontestablement « big ». Pour ce qui est du « beautiful », c’est une question de point de vue.
La recette choisie est celle qui avait porté ses fruits lors de son premier mandat… mais en mettant les bouchées doubles. Non seulement les avantages fiscaux censés expirer en fin d’année seront prolongés, mais d’autres exonérations y sont ajoutées, notamment sur les pourboires et les heures supplémentaires. Avec l’intention de doper la croissance. Les économistes de la Maison-Blanche escomptent un rythme de plus de 4 % dans les quatre prochaines années.
Les midterms en ligne de mire
Mais une première échéance de taille guette le président dans cette entreprise ambitieuse – les élections de mi-mandat (midterms) de 2026. « Si Trump fait massivement revenir la production aux Etats-Unis, cela aura un effet inflationniste à court terme, note John Plassard, directeur à la banque privée Mirabaud. Tout l’enjeu est de faire en sorte que le taux de croissance dépasse l’inflation d’ici octobre, faute de quoi les électeurs voteront probablement contre les Républicains. »
Les baisses d’impôts ne sont pas nouvelles dans l’arsenal républicain. En revanche, le contexte budgétaire l’est. La dette fédérale s’élève à plus de 36 000 milliards de dollars, contre environ 20 000 milliards en 2017. Et d’après les estimations du Committee for a Responsible Federal Budget, la réforme défendue par Donald Trump pourrait y ajouter 3 100 milliards de dollars sur dix ans.
Pour assainir les finances publiques, c’est d’abord le levier des recettes tarifaires qui devaient être activé. Mais le compte n’y est pas. « Si l’on suppose une moyenne de 15 % de droits de douane américains, comme c’est le cas aujourd’hui, et pas de changement de volumes d’importation, on arrive à 250 milliards de recettes tarifaires en année pleine, calcule Bruno Cavalier, chef économiste d’Oddo BHF. C’est presque une goutte d’eau dans l’océan du déficit qui dépasse les 2 000 milliards. » Finalement, d’autres moyens ont été mis en avant dans le but de combler la dette, dont des ajustements dans le programme de santé Medicaid ou encore la fin des subventions aux énergies propres.
Un défaut de paiement dès août ?
A court terme, le deuxième compte à rebours est celui du relèvement du plafond à l’endettement. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a averti le Congrès début mai que si le texte ne passait pas, le gouvernement serait à court de moyens dès le mois d’août. Malgré cette pression, le vote s’est heurté à quelques réticences, y compris dans les rangs de la majorité. Le député républicain du Kentucky Thomas Massie, un des deux frondeurs à avoir voté contre, l’a qualifié de « bombe à retardement budgétaire ». C’est finalement une victoire sur le fil – à 215 votes contre 214 à la Chambre des représentants – qui a permis de le faire porter devant le Sénat.
Le dernier chronomètre, enfin, tourne dans la main des investisseurs. Alors que Moody’s a dégradé la note américaine de la dette vendredi dernier, la privant de son triple A, le marché obligataire a aussi un mot à dire sur le paquet fiscal et ses menaces sur la dette. « On s’approche dangereusement des 5 % sur le rendement des bons du Trésor américain à dix ans, pointe John Plassard. Il y a un risque d’emballement et de perte de confiance dans la dette américaine plus rapide que prévu. » Sur les marchés d’actions, les dernières menaces de taxes douanières à 50 % contre l’Europe ont aussi créé des remous. Rassurer Wall Street est aussi urgent que convaincre Capitol Hill.
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Author : Tatiana Serova
Publish date : 2025-05-23 16:58:00
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