Une décision de « juges non élus » qui n’ont « pas le pouvoir de décider comment gérer convenablement une urgence nationale ». Voilà comment Kush Desai, un porte-parole de la Maison-Blanche, a dénoncé la décision d’un tribunal américain de bloquer les droits de douane de Donald Trump dits « réciproques ». Si les trois juges du Tribunal de commerce international des Etats-Unis (ITC), un organisme fédéral qui traite spécifiquement des poursuites civiles impliquant le droit du commerce international, ne contestent pas, dans leur décision, la possibilité pour les Etats-Unis d’augmenter leurs surtaxes douanières, ils ont estimé que celles-ci relevaient d’une prérogative du Congrès et que Donald Trump avait ainsi outrepassé les pouvoirs dont il dispose.
Pour la presse anglo-saxonne, aucun doute : le président américain, qui avait annoncé en fanfare des droits de douane le 2 avril, le « jour de la libération », a subi un nouveau camouflet judiciaire. Cette décision est « un premier revers de taille pour Donald Trump », commente The New York Times, « réduisant son principal levier d’influence alors qu’il cherche à faire pression sur d’autres nations pour qu’elles concluent des accords commerciaux plus avantageux pour les Etats-Unis ».
Un « coup majeur porté à un pilier de son programme économique »
Il s’agit d’un « coup majeur porté à un pilier de son programme économique », selon Bloomberg, évoquant « l’un des plus grands revers judiciaires subis par Donald Trump, dans un contexte de vague de poursuites judiciaires concernant des décrets testant les limites du pouvoir présidentiel ». Cette décision annoncée par l’ITC est un « coup dur pour la Maison-Blanche qui pourrait ébranler la politique commerciale du président », confirme le quotidien britannique Financial Times. Le Los Angeles Times abonde, en évoquant une « remise en question de l’ensemble des politiques économiques de Donald Trump qui ont ébranlé les marchés financiers mondiaux ». La décision de ce tribunal fédéral « a mis un terme immédiat, quoique peut-être temporaire, à sa politique de guerre commerciale emblématique », tranche de son côté The Washington Post.
« Pour l’instant, cette décision menace de compromettre les efforts de l’administration pour conclure des accords commerciaux à l’échelle mondiale, car le président Trump utilise la perspective de droits de douane illimités – adoptés de son propre chef, sans l’approbation du Congrès – comme monnaie d’échange dans ses négociations avec environ 18 pays », relate le New York Times. Interrogé par le célèbre quotidien américain, Everett Eissenstat, associé du cabinet d’avocats Squire Patton Boggs et directeur adjoint du Conseil économique national pendant le premier mandat de Donald Trump, a déclaré que ce jugement « impacte considérablement la dynamique à court terme du programme du président en matière de droits de douane et de commerce ».
Comme l’a repéré Courrier International, cette décision va « perturber les négociations commerciales en cours avec plus d’une douzaine de pays » et pourrait « également remettre en question les récents accords avec le Royaume-Uni et la Chine », avance The Wall Street Journal. En revanche, comme le rappellent le New York Times et The Washington Post, elle n’affecte pas certains droits de douane imposés par l’administration Trump, notamment ceux sur l’acier, l’aluminium et les voitures, et d’autres potentiels sur les produits pharmaceutiques ou les semi-conducteurs.
Des Etats déplorent un « préjudice financier direct »
Plusieurs actions contestant les nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump ont été intentées devant des tribunaux fédéraux, rappelle The Wall Street Journal. Mais c’est l’ITC, saisi par deux plaintes déposées par une alliance de douze Etats américains et par un groupe d’entreprises américaines, qui a été le premier à statuer. Les Etats, tous dirigés par des gouverneurs démocrates, ont déclaré avoir subi un « préjudice financier direct » du fait des droits de douane, qui ont rendu plus coûteuses les importations de biens utilisés pour fournir des services publics, indique The Washington Post.
Dans la foulée de l’annonce de l’ITC, l’administration Trump a indiqué son intention de faire appel devant la Cour d’appel fédérale des Etats-Unis. « L’administration Trump fera certainement appel de la décision et pourrait demander une suspension d’urgence, ce qui rétablirait les tarifs douaniers, au moins temporairement », note The Washington Post.
De fait, relate l’hebdomadaire économique britannique The Economist, les analystes de la banque Goldman Sachs préviennent que l’incertitude commerciale a augmenté, plutôt que diminué, à la suite de la décision du Tribunal de commerce international des Etats-Unis.
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Author : Julien Chabrout
Publish date : 2025-05-29 14:00:00
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