Alors qu’il navigue vers Gaza pour dénoncer le blocus humanitaire, un navire à bord duquel se trouvent des militants internationaux, comme l’écologiste Greta Thunberg, ou l’eurodéputée française Rima Hassan, a dévié, jeudi 5 juin, de sa trajectoire pour porter secours en mer à des migrants. L’élue de la France Insoumise (LFI) a expliqué sur ses réseaux sociaux que l’embarcation était venue en aide à quatre « réfugiés originaires du Soudan ». Ces personnes, qui traversaient la mer dans une embarcation de fortune, « se sont jetées en mer » alors qu’elles allaient être interceptées par la Garde côtière libyenne, de peur d’être renvoyées en Libye.
« Nous avons pu les secourir, elles sont avec nous sur notre bateau », a affirmé Rima Hassan, expliquant par ailleurs que « la flottille pour la liberté » avait reçu une alerte de l’agence européenne de garde-côtes Frontex, expliquant que leur bateau était le plus proche de l’embarcation d’une quarante d’exilés en détresse. Ces réfugiés seraient partis de la Libye, vers laquelle ils auraient aussi été renvoyés illégalement par les garde-côtes, a dénoncé l’eurodéputée. Cela faisait plusieurs jours que leur bateau dérivait, sans moteur. Un peu plus tard dans la journée, elle a indiqué que Frontex venait « de passer récupérer les quatre personnes secourues ».
Cap sur Gaza
La « flottille pour la liberté », à bord de laquelle naviguent une douzaine de personnes, dont la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, est partie de Sicile dimanche, pour la bande de Gaza. Sa mission vise à remplir « plusieurs objectifs : dénoncer le blocus humanitaire et le génocide en cours, l’impunité dont bénéficie l’Etat d’Israël, et sensibiliser l’opinion mondiale et internationale », avait expliqué Rima Hassan, en annonçant qu’elle ferait partie de l’expédition.
La Coalition, dont la flottille fait partie, est un mouvement international non violent de solidarité avec les Palestiniens fondé en 2010, dans le but de dénoncer le blocus économique de Gaza qu’Israël maintient depuis des années. L’équipage navigue actuellement à bord du « Madleen », un voilier, qui emporte des « jus de fruit, du lait, du riz, des conserves, des barrettes de protéine offerts par des centaines de citoyens de Catane », a écrit le journaliste italien Andrea Legni, qui est monté à bord.
Crainte de représailles israéliennes
La situation humanitaire est en effet désastreuse dans la bande de Gaza, où « 100 % de la population » est « menacée de famine », selon l’ONU, après un blocus de plus de deux mois de l’aide humanitaire, qu’Israël n’a que partiellement assoupli la semaine dernière. Mais l’équipage craint que le navire vienne à être intercepté dans les eaux internationales, avec une possible arrestation de l’équipage, voire pire… une attaque des forces armées israéliennes.
Ces craintes se basent sur un précédent : l’assaut par la marine israélienne, en 2010, contre un navire turc, membre de la même flottille internationale, le « Mavi-Marmara », qui avait coûté la vie à neuf activistes. Plusieurs responsables militaires israéliens avaient été condamnés par une cour criminelle d’Istanbul, en 2014, qui avait demandé à Interpol d’émettre un mandat d’arrêt international, indiquait à l’époque Le Monde.
Début mai, un autre navire, le « Conscience », avec lequel la Coalition espérait se rendre à Gaza, a aussi été endommagé par des drones, sans que leur origine ne soit cependant connue. Mais les militants soupçonnent une attaque israélienne. En France, les Insoumis ont appelé les « gouvernements des pays dont sont originaires les membres de l’équipage qu’ils garantissent un passage sûr au navire et la sécurité de son équipage ».
Israël prêt à « protéger son espace maritime »
La marine israélienne a réagi de son côté via le général de brigade, Effie Defrin, au sujet de la flottille. « La Marine est mobilisée jour et nuit pour protéger l’espace maritime d’Israël et les frontières maritimes », a-t-il déclaré lors d’un point de presse télévisé, « dans ce cas aussi ». Il n’a toutefois pas précisé comment Israël entendait accueillir l’arrivée de la Coalition : « je ne rentrerai pas dans le détail de la façon dont nous nous préparons » mais « nous avons acquis de l’expérience ces dernières années, et nous agirons en conséquence », a-t-il ajouté.
Pendant la semaine, les militants à bord du bateau avaient également dénoncé que, lors de deux nuits consécutives, un drone avait survolé le navire, sans toutefois savoir s’il s’agissait « d’un drone de surveillance ou d’attaque », a indiqué l’eurodéputé franco-palestinienne Rima Hassan sur ses réseaux sociaux, qui a dit croire qu’il s’agissait d’un drone grec.
Mercredi 4 juin, la défense israélienne a par ailleurs confirmé au Jérusalem Post qu’elle ne laisserait pas le « Madleen » accoster, de peur « de créer un précédent susceptible de compromettre le blocus », explique le journal israélien. En parallèle, une pétition de solidarité en ligne exigeant d’Israël qu’il n’attaque pas le « Madleen » a recueilli plus de 498 000 signatures. « Toute interception, attaque, sabotage ou interférence avec le Madleen ou ses passagers et son équipage constitue une violation délibérée du droit international », peut-on lire dans la lettre. Dans le cas où ils ne seraient pas interceptés, les militants devraient mettre 7 jours à accoster à Gaza.
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Publish date : 2025-06-05 18:55:00
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