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Anastasia Edel : « Le joueur de poker Poutine fait comme s’il avait une quinte flush royale, alors que… »

Anastasia Edel : « Le joueur de poker Poutine fait comme s’il avait une quinte flush royale, alors que… »

Plus de trois années de guerre en Ukraine et une avalanche d’analyses publiées dans la presse internationale pour tenter de prédire l’issue du conflit et de percer les intentions de Vladimir Poutine. Le président russe, jamais avare de provocations, a déclaré, le 20 juin, ne pas exclure la prise de la ville ukrainienne de Soumy par ses troupes. Une sortie qualifiée par Kiev de « mépris » envers le processus de paix. « Je considère les Russes et les Ukrainiens comme un seul peuple. Dans ce sens, toute l’Ukraine est nôtre », a surenchéri Vladimir Poutine. Anastasia Edel, autrice de Russia : Putin’s Playground (2016, non traduit), refuse de se prêter au jeu des prédictions. Elle offre cependant un éclairage précieux, à la fois historique et culturel, sur les mécanismes du pouvoir russe et sur les motivations de celui qui tient les rênes du Kremlin depuis un quart de siècle. Cette écrivaine et historienne sociale américano-russe, élevée en Union soviétique, et publiée notamment dans Foreign Policy, The New York Times ou encore The Atlantic, pose un regard sans concession sur la Russie de Poutine, et met en garde les Occidentaux contre la tentation d’attribuer à l’autocrate russe une stratégie millimétrée.

A ses yeux, le dirigeant russe n’est pas un grand maître d’échecs mais plutôt « un parieur obstiné ». « Aujourd’hui, Poutine a lié sa survie politique — ce qui, en Russie, signifie souvent aussi sa survie physique — à la réussite de son pari en Ukraine », observe-t-elle, tout en soulignant que la Russie, « malgré l’image de puissance qu’elle cherche à projeter, reste un État instable ». Nourrissant une certaine nostalgie pour la Russie des années 1990 – « une période pleine d’espoir, où le pays avait une réelle chance de s’arrimer à l’Europe » -, Anastasia Edel prédit à son président une place bien médiocre dans les livres d’histoire : « Si héritage il y a, ce sera celui d’avoir enseveli cette aspiration européenne sous les décombres laissés par les missiles russes en Ukraine. ». Entretien.

L’Express : Selon vous, « aussi perturbateur soit-il, Poutine n’est pas un grand stratège, mais un opportuniste. Il a reçu de mauvaises cartes, mais il joue comme s’il avait une quinte flush royale. » Expliquez-nous…

Anastasia Edel : Si l’on adopte une perspective de long terme, et qu’on prend en compte le fait qu’il est au pouvoir depuis maintenant vingt-cinq ans, ce qui se dessine, selon moi, c’est une logique d’improvisation constante pour assurer sa survie. Sa propagande aime le présenter comme un stratège de génie, un maître d’échecs qui anticipe tout. Mais en réalité, c’est surtout une succession de paris opportunistes. Certains de ces paris les plus visibles, ceux dont les conséquences sont majeures, réussissent : l’annexion de la Crimée, l’ingérence dans les élections américaines et occidentales, l’invasion de l’Ukraine. D’autres échouent, et il y en a aussi dont on n’entend jamais parler. Mais j’y vois surtout des réactions aux circonstances, plutôt qu’un plan stratégique bien défini. À mes yeux, cela s’explique en partie par des facteurs économiques, géographiques, historiques, mais aussi par un manque de vision. Car dans son univers, comme l’a un jour déclaré Viatcheslav Volodine, président de la Douma : « Sans Poutine, pas de Russie. » Il ne conçoit donc ni la Russie sans lui, ni lui sans le pouvoir. Et c’est pourquoi, quoi qu’il entreprenne, il faut toujours se demander dans quelle mesure cela sert son objectif principal : rester au pouvoir indéfiniment.

En la matière, il a plutôt réussi, puisqu’il est au pouvoir depuis un quart de siècle maintenant…

Pour un autocrate russe, ce n’est pas si inhabituel. Il contrôle entièrement le système. Dès le début de son ascension, il a mis en place ce qu’on appelle aujourd’hui la « verticale du pouvoir », une expression sophistiquée inventée par la propagande pour désigner un vieux modèle russe : celui du pouvoir personnel, centré sur un seul homme sans aucune autre institution à part lui. C’est une forme d’autocratie personnalisée. Il a très bien compris comment rédiger, par les actes, un manuel de subversion démocratique. Je ne parlerais pas d’une démocratie moderne, car la Russie ne l’était pas vraiment lorsqu’il est arrivé au pouvoir, mais elle tendait vers cela. J’étais là, je m’en souviens très bien. Après des décennies sous le régime soviétique, cette absurdité qu’était l’URSS s’est mise à s’écrouler, et tout à coup, on a ressenti une immense bouffée de liberté. En tout cas, pour les gens de ma génération, dans la vingtaine à l’époque, c’était quelque chose de réel. Les aspirations démocratiques existaient, elles étaient sincères. Mais tout cela restait fragile, et la situation aurait pu basculer dans un sens ou dans l’autre. Malheureusement, avec l’arrivée de Poutine, il a été plus simple de faire reculer cette démocratie naissante que si le contexte avait été plus stable. Et il a su élaborer un manuel redoutablement efficace pour neutraliser les contre-pouvoirs, en les présentant comme des sortes de terroristes, des individus qu’il fallait politiquement éliminer.

A vous lire, dans sa croisade contre l’Occident, Vladimir Poutine paraît moins guidé par une idéologie que par la volonté de renforcer son pouvoir personnel…

Vous avez tout à fait raison. Et c’est précisément ce qui rend la Russie actuelle si singulière : elle n’a pas d’idéologie, en réalité. Aspirer à être « grande » n’en constitue pas une. Peu importe combien on essaie de faire passer cela pour une idéologie, il faut qu’il y ait un socle, des idées de fond qui expliquent, par exemple, pourquoi l’on vit de telle manière. Dans la société soviétique, c’était très clair : on se voyait comme « le phare de l’humanité », même s’il n’y avait rien à manger. On se pensait « meilleurs que les autres » parce qu’on représentait une société soi-disant progressiste et juste. Ce n’était pas vrai, bien sûr, mais à force de le répéter, on finissait soit par y croire, soit du moins par comprendre que tel était le système dans lequel on vivait. Et on s’y pliait.

Pour un autocrate russe comme Poutine, il n’y a rien de plus risqué que de perdre une guerre

Poutine a tenté d’élaborer une sorte d’idéologie proprement russe. Vers la fin de son deuxième mandat, il en est venu à promouvoir cette idée : placer la Russie en opposition à l’Occident, en la présentant comme un « État civilisationnel ». Mais tout cela, ce sont de grands mots qui, en réalité, ne veulent pas dire grand-chose pour le Russe moyen. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que, dans sa quête d’une telle idéologie, il se soit tourné vers la Seconde Guerre mondiale, ou plutôt vers ce que les Russes nomment la Grande Guerre patriotique. Il s’est appuyé sur la victoire contre les nazis, car c’est le seul élément historique qui suscite encore une véritable résonance chez beaucoup. La Russie, ou plus justement l’URSS dans son ensemble, Ukraine et autres républiques comprises, a payé un lourd tribut. Mais Poutine a, à tort, présenté cette victoire comment étant uniquement celle du peuple russe. Lorsqu’il se vante en disant que la Russie a vaincu l’Allemagne nazie, il oublie que les Ukrainiens ont joué un rôle majeur. C’est leur territoire qui était occupé par les troupes allemandes, ce sont eux qui faisaient sauter les trains allemands et menaient une résistance très importante derrière les lignes ennemies. Il a donc transformé un événement vieux de plus d’un demi-siècle en fondement de cette « nouvelle Russie », en érigeant un culte de la victoire, non seulement sur les nazis, mais aussi sur l’Occident. Au fond, je dirais que la seule idéologie qu’il applique réellement, c’est cette opposition systématique à l’Occident, couplée à la mise en scène de la Russie comme une civilisation à part entière. C’est cela, son positionnement actuel. Et en réalité, ce n’est rien d’autre que du revanchisme. Voilà la véritable idéologie. Rien d’autre.

A-t-il toujours perçu l’Occident comme un ennemi ? Vous semblez suggérer que les « révolutions de couleur » en Géorgie et en Ukraine ont marqué un tournant décisif…

Poutine reste marqué par son passé au sein du KGB, et il ne faut pas perdre de vue que la mission première de cet organe était de lutter contre la dissidence, qu’elle soit interne ou externe. Il s’agissait de surveiller ses propres citoyens tout autant que les ennemis de l’État. À l’époque soviétique, lorsque lui — et moi aussi, d’ailleurs — sommes devenus adultes, l’Occident était l’ennemi juré. Toute l’attention était tournée vers l’Amérique. Et même en grandissant, du moins jusqu’à un certain âge, j’étais persuadé que la vie serait parfaite si seulement l’Occident cessait de vouloir nous subvertir. Je me posais des questions du genre : pourquoi les Américains veulent-ils nous larguer une bombe nucléaire ? C’est ainsi que fonctionne une bulle informationnelle, ainsi que la propagande : elle façonne votre vision du monde. Je pense donc que c’est là son attitude de fond. Il a été formé à voir l’Occident comme un adversaire. Bien sûr, ses opinions ont probablement évolué avec le temps, mais au fond, c’est l’option par défaut, la plus facile à activer. Lorsque les choses ne vont pas comme on le voudrait, on cherche des responsables. Et l’ennemi le plus évident, celui contre lequel toute la propagande soviétique avait été bâtie, c’est l’Occident.

Il y a aussi le fait que la Russie a, dans une certaine mesure, tenté de s’intégrer à l’Europe mais sans jamais vouloir en adopter réellement les règles. Très tôt, Poutine a montré des tendances autoritaires qui n’étaient pas bien vues par les dirigeants démocratiques occidentaux. Il ne s’est pas heurté à un rejet frontal, mais il n’a pas non plus été accueilli à bras ouverts. Il a donc fini par conclure qu’il y avait plus à gagner en devenant l’adversaire de l’Occident, plutôt qu’en essayant d’en devenir l’ami ou un partenaire européen, ce qu’il ne pouvait, de toute façon, jamais vraiment être, puisqu’il refusait de jouer selon les règles du jeu occidental.

Vous affirmez que « l’ingérence de Poutine en Occident n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’éliminer les menaces pesant sur son régime ». A quelles menaces faites-vous référence ?

Aujourd’hui, Poutine a lié sa survie politique — ce qui, en Russie, signifie souvent aussi sa survie physique — à la réussite de son pari en Ukraine. Tout son régime repose désormais là-dessus. Il a finalement trouvé sa « grande idée nationale » : la guerre. La Russie semble faite pour cela. L’idéologie se met en mouvement, parce qu’il faut défendre la patrie. Mais traditionnellement, ce genre de pari peut aller dans les deux sens. Et il n’y a rien de plus dangereux pour un autocrate russe que de perdre une guerre. La plupart des concessions historiques faites par les tsars russes ont été arrachées à la suite de défaites militaires, comme celle de Nicolas II contre le Japon, par exemple. À l’inverse, ce qui a véritablement inscrit la Russie dans le concert des puissances européennes, c’est la victoire contre la Suède lors de la Grande Guerre du Nord, qui a consolidé le pouvoir de Pierre le Grand. Donc la plus grande peur de Poutine en réalité, c’est de perdre cette guerre. Car, si cela devait arriver, que lui resterait-il ?

« La cote de popularité de Poutine est peut-être élevée, mais en Russie, l’adulation peut se transformer en révolte sans crier gare. », écrivez-vous. Pensez-vous sincèrement qu’un tel retournement soit envisageable ?

En ce qui concerne les taux d’approbation, il y a, dans toute guerre, ce qu’on appelle « l’effet drapeau ». Et malheureusement, cela fonctionne dans le contexte de l’État russe. La propagande est efficace. À mon sens, c’est là l’un des principaux atouts stratégiques de la Russie : sa capacité à manipuler les esprits, à vous faire croire que le blanc est noir, et inversement. Et, tôt ou tard, les gens finissent par y croire. Mais la Russie, malgré l’image de puissance qu’elle cherche à projeter, reste un État instable. C’est une autocratie personnalisée, sans véritable contre-pouvoir institutionnel capable d’absorber les chocs, contrairement aux États européens, qui disposent d’une histoire et d’une structure leur permettant de faire face aux crises. En Russie, tout repose sur une seule figure : le maître du Kremlin. Donc les choses peuvent basculer très rapidement. Le problème, c’est que Poutine a misé trop gros. Il sait que si ce pari échoue, toute la machine de guerre qu’il a remise en marche… Que pourra-t-il en faire ? Pour l’instant, il entretient une unité factice, en diffusant l’idée que les Russes défendent leur patrie et non qu’ils bombardent des villes et des villages paisibles. Mais que deviendront tous ces vétérans, tous ces hommes revenus du front ? Et que restera-t-il, une fois que les paiements généreux versés aux combattants de la guerre en Ukraine auront cessé ? Rien, sinon la misère d’avant.

Quelle trace Vladimir Poutine laissera-t-il dans l’Histoire de la Russie ?

C’est précisément son obsession. Laisser une empreinte durable dans l’histoire de la Russie. On comprend assez bien le type de dirigeant qu’il aimerait qu’on retienne, à travers les figures historiques qu’il met en avant. Et il est évident que, sous son règne, Staline connaît un véritable retour en grâce. Pour moi, c’est tout simplement impensable, en tant que personne ayant vécu la perestroïka et la glasnost, cette période où l’on commençait à dévoiler les crimes de Staline contre le peuple russe. Et aujourd’hui, on assiste à une sorte de réhabilitation. Il me semble clair que la trace que Poutine souhaite laisser, c’est celle de celui qui a révélé ou restauré la « Grande Russie », un peu à l’image de Pierre le Grand. Il y a d’ailleurs tout un symbolisme derrière cela : un retour constant à une vision mythifiée d’un État proto-slave médiéval, qu’il évoque comme le berceau de la Russie. Il cherche à se positionner comme une sorte de « Vladimir le Grand ». Son ambition, c’est de reconstruire la Russie selon les contours de l’ancien empire, en ramenant dans son orbite les ex-républiques soviétiques. Reste à savoir comment l’histoire le jugera, et c’est une tout autre affaire. Quand je repense à la Russie des années 1990, une période pleine d’espoir où le pays avait une réelle chance de s’arrimer à l’Europe, je ressens une profonde tristesse. La Russie a toujours rêvé d’Europe, elle en a souvent eu le désir sincère, mais elle agit sans cesse à rebours de cette aspiration. Si héritage il y a, ce sera celui d’avoir enseveli cette aspiration européenne sous les décombres laissés par les missiles russes en Ukraine. La fracture qu’il a creusée entre la Russie et l’Occident restera sans doute l’un des marqueurs majeurs de son legs historique.

Poutine sait très bien comment s’adresser à Trump, quelles cordes sensibles faire vibrer

Mais il y a aussi — et c’est quelque chose de très personnel — la destruction de l’image de la Russie en tant que grande culture. Parce qu’on ne peut pas séparer la culture des actions d’une nation. Aujourd’hui, quand je relis les livres que j’admirais, je les vois autrement. Que ce soit Tolstoï, Dostoïevski… des œuvres que nous avons tous aimées. Même Guerre et Paix, par exemple. On fermait parfois les yeux sur certains aspects, en se disant : « Oui, bon, ce sont les particularités de la Russie, les circonstances de l’époque. » Mais aujourd’hui, le projecteur est impitoyable. On est obligés de regarder cette guerre en Ukraine et de se dire : ce n’est peut-être pas directement issu de Tchekhov ou de Tolstoï, mais cela s’inscrit dans quelque chose, cela a des racines. Et cette image de la Russie que nous portions encore lors des Jeux olympiques de Sotchi, cette vision grandiose d’un pays mystérieux, la troïka flottant au-dessus du monde, porteur de génie et de culture… C’est fini. Et ça aussi, ce sera une partie de son héritage.

Les évènements en Iran – allié traditionnel de la Russie – et l’affaiblissement voire l’élimination du régime représentent-ils une menace pour Poutine ?

C’est difficile à dire. On a longtemps pensé que la Russie avait constitué son propre axe, avec notamment la Corée du Nord et, bien sûr, l’Iran, dont l’implication dans la guerre en Ukraine, par la fourniture de drones notamment, est bien connue. En théorie, donc, un affaiblissement ou une disparition du régime iranien constituerait un coup dur pour Moscou. Mais en réalité, l’impact pourrait être plus ambigu. Si les tensions au Moyen-Orient font grimper les prix du pétrole, cela risque en fait de jouer en faveur de Poutine. Il n’y a rien que les Russes observent avec plus d’attention que le prix du baril. Ils savent très bien à quel point leur niveau de vie en dépend. Quand je vivais encore là-bas, tout le monde scrutait le taux de change du dollar face au rouble. Aujourd’hui, c’est le cours du pétrole qui fait office de baromètre.

Vous avez grandi en Union soviétique. Vous vivez aujourd’hui aux Etats-Unis. Que vous inspire la relation entre Vladimir Poutine et Donald Trump et la fascination que semble entretenir le second pour le premier.

D’abord, pour Trump, Poutine incarne l’image du dirigeant fort et puissant, une figure à laquelle Trump lui-même aspire. Et cela en dit probablement bien plus sur Trump qu’il ne voudrait l’admettre. Il voit en Poutine un homme qui a éliminé tous les contre-pouvoirs, qui règne en maître absolu, qui règne sans partage sur le système russe. Pour Trump, le pouvoir se conçoit avant tout comme une forme de domination, et non comme un équilibre ou une responsabilité. C’est, en grande partie, ce qui alimente sa fascination pour Poutine. Deuxièmement, Poutine a une longueur d’avance en matière de subversion démocratique. Il a mis au point un véritable mode d’emploi pour faire glisser un système démocratique ou semi-démocratique vers un régime entièrement autocratique et personnalisé. Bon nombre des techniques élaborées par ses technocrates politiques sont aujourd’hui exportées vers l’Occident. Il agit en quelque sorte comme un camarade plus expérimenté, un mentor qui montre comment procéder. Et je pense qu’il y a chez Trump une forme d’admiration pour ces méthodes. Troisièmement, Poutine est un maître de la manipulation. Il sait comment influencer les gens. Après tout, il vient d’une institution dont la mission principale était justement de manipuler l’opinion et de neutraliser toute forme d’expression démocratique. Poutine sait très bien comment s’adresser à Trump, quelles cordes sensibles faire vibrer, quels boutons actionner pour obtenir la réaction qu’il souhaite.

Censure, déploiement de la Garde nationale, chasse aux opposants… Certains redoutent virage autoritaire chez Donald Trump. Y a-t-il, selon vous, des éléments qui évoquent le système mis en place par Vladimir Poutine en Russie ?

Certaines tendances sont franchement inquiétantes. Par exemple, en tant que Californienne, je vois dans les actualités locales que la Garde nationale est déployée à Los Angeles, qu’un sénateur de l’État est menotté par des agents fédéraux, ou encore qu’un candidat démocrate à la mairie de New York a été arrêté alors qu’il tentait d’accompagner quelqu’un au tribunal de l’immigration. On a presque l’impression de lire les nouvelles russes du début de l’ère Poutine. C’est presque comme si je lisais les nouvelles russes du début de l’ère Poutine.
Il y a donc clairement des parallèles dans les tentatives de consolidation du pouvoir et d’instrumentalisation de l’armée.

Malgré ces parallèles, je dois aussi me rappeler — peut-être pour rester saine d’esprit — que l’Amérique n’est pas la Russie. Non pas parce que « ça ne pourrait jamais arriver ici » mais parce qu’il est toujours dangereux d’appliquer un précédent historique à un autre contexte. Cela dit, pour quelqu’un qui croit en la démocratie et non dans le pouvoir personnalisé et militarisé, ce sont des temps particulièrement préoccupants à vivre aux Etats-Unis.



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Author : Laurent Berbon

Publish date : 2025-06-22 15:00:00

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