Après l’assaut américain contre trois de ses installations nucléaires (Fordo, Natanz et Ispahan) dans la nuit de samedi à dimanche, l’Iran menace de représailles, parmi lesquelles des mesures de rétorsions économiques. Téhéran a déclaré que le régime envisageait toutes les options pour se défendre.
Lundi, le Parlement iranien a ainsi approuvé la fermeture du détroit d’Ormuz, une artère maritime essentielle pour les expéditions de pétrole, qui voit près de 20 millions de barils transiter chaque jour, du golfe Persique vers le reste du monde. Cette voie navigable étroite est également essentielle pour le commerce maritime mondial. La décision finale devrait toutefois revenir à l’armée iranienne.
20 % du pétrole mondial en transit
La voie navigable relie le golfe Persique à l’océan Indien, avec l’Iran au nord et les Emirats arabes unis et Oman au sud. Sa faible profondeur rend les navires potentiellement vulnérables aux mines, et la proximité de la terre, avec l’Iran en particulier, laisse les navires ouverts à une attaque par des missiles basés sur terre ou à une interception par des patrouilleurs et des hélicoptères, précise un article de Bloomberg. « Pour fermer ce passage maritime entre le golfe Persique et le golfe d’Oman, débouchant sur la mer d’Arabie, l’Iran pourrait utiliser les moyens lourds et sa marine, mais aussi des moyens légers, des vedettes équipées de moyens de projection, des missiles ou encore des drones« , a indiqué auprès de franceinfo Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime (Isemar).
La fermeture du détroit d’Ormuz par l’Iran « serait extrêmement dangereuse », a mis en garde lundi la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, rappelant que l’Union européenne appelait à une solution diplomatique et à la désescalade. Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères se concentrent sur une solution diplomatique après les frappes américaines sans précédent contre les sites nucléaires iraniens. Les « craintes de représailles et d’escalade de la guerre sont énormes, en particulier la fermeture du détroit d’Ormuz par l’Iran, qui serait extrêmement dangereuse et bonne pour personne », a insisté Kaja Kallas devant la presse. Et pour cause : près de 20 % du pétrole mondial transite par le détroit d’Ormuz, au large des côtes iraniennes, et sa fermeture pourrait bouleverser le marché mondial et provoquer une envolée des prix.
Potentiel impact sur l’économie mondiale
Outre l’Iran, de nombreux pays arabes de la région, dont l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Irak et, dans une certaine mesure les Emirats arabes unis, dont le brut représente environ 30 % du pétrole commercialisé dans le monde, utilisent le détroit d’Ormuz. Leurs produits pétroliers, cargaisons de gaz naturel liquéfié (équivalant à 20 % du commerce mondial de GNL, principalement en provenance du Qatar) et un tiers des expéditions mondiales de gaz de pétrole liquéfié, transitent également quotidiennement par ce détroit, indique le journal Forbes.
Malgré les menaces, les cours de l’or noir ont connu un bref sursaut lundi en ouverture de séance, mais se sont vite stabilisés, autour de 77 dollars pour le baril de Brent de la mer du Nord, la référence mondiale, passant même brièvement dans le rouge. Le transit des tankers dans le très stratégique détroit d’Ormuz ne semble à ce stade pas perturbé par Téhéran. Le ministère chinois des Affaires étrangères a exhorté lundi tous les protagonistes du conflit à « éviter résolument la propagation de la guerre et à revenir sur la voie d’un règlement politique ». Pékin, qui importe du pétrole iranien, a mis en garde contre un impact de la guerre sur l’économie mondiale et le commerce international dans le Golfe.
Une fermeture « peu probable » ?
Or, selon plusieurs observateurs, dont le magazine économique Forbes, il est peu probable que l’Iran mette à exécution cette menace. D’abord parce que cela « entraînerait une riposte navale et aérienne quasi immédiate des Etats-Unis, et le président Donald Trump ne devrait pas rester les bras croisés », assure le journal. Cela rendrait le littoral iranien et tous ses ports vulnérables à un arsenal de frappes aériennes et navales américaines largement supérieur. D’autant que le petit Etat du Bahreïn, tout proche, abrite la cinquième flotte mondiale de l’US Navy. Ormuz est « hautement surveillé d’un point de vue mondial », notamment par la marine américaine, a relevé Ole Hvalbye, analyste de SEB, auprès de l’Agence France Presse. « Un véritable blocus pendant des semaines est très improbable », a-t-il indiqué.
En outre, selon Bloomberg, la fermeture du détroit d’Ormuz serait contre-productive pour l’Iran elle-même, car elle aurait un impact sur ses propres exportations de pétrole brut. Selon Kpler, agrégateur de données industrielles et cabinet de recherche, l’Iran exporte en moyenne 1,65 million de barils par jour de pétrole brut et de gaz.
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Publish date : 2025-06-23 14:06:00
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