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En Iran, exécutions et arrestations massives d' »espions » après la « guerre des 12 jours »

En Iran, exécutions et arrestations massives d' »espions » après la « guerre des 12 jours »

Ils s’appelaient Idris Ali, Azad Shojai et Rasoul Ahmad, et ont été exécutés mercredi 25 juin par la République islamique d’Iran, pour des accusations d’espionnage en faveur d’Israël. Au lendemain de la trêve conclue avec l’Etat hébreu, Téhéran intensifie sa répression mortifère à l’égard de toute personne soupçonnée de collaborer de près ou de loin avec Tel-Aviv, parfois même sans preuve valable, alertent plusieurs organisations de défense des droits humains.

Les trois hommes sont accusés d’avoir « tenté d’importer de l’équipement pour mener des assassinats dans le pays », a indiqué le pouvoir judiciaire, qui a précisé que les exécutions avaient eu lieu à Ourmia, une ville proche de la Turquie. Lundi, un autre homme également présenté comme lié au service de renseignement extérieur israélien, le Mossad, avait été pendu.

Les Gardiens de la Révolution (l’armée iranienne) ont par ailleurs annoncé l’arrestation d’une série de ressortissants étrangers, dont deux Européens, lundi et mardi, accusés de surveiller des sites « militaires et sensibles ». Celui arrêté lundi dans la province occidentale d’Hamadane, dont on ne connaît ni le genre, ni la nationalité, ni l’âge, serait rentré en Iran « comme touriste » pour « monter un réseau, collecter du renseignement et perturber les systèmes d’armement et de missiles en Iran », rapporte la télévision iranienne d’Etat, citée par l’AFP. Vendredi aussi, un Allemand avait été arrêté dans la province de Markazi, à l’ouest de Téhéran, accusé de s’être approché d’un « dépôt de munitions, d’une caserne, de tunnels de missiles et d’une base aérienne afin de recueillir des informations ».

Accélération des procès

Le pouvoir iranien avait promis dimanche d’accélérer les procès après l’offensive déclenchée le 13 juin par Israël. Selon un comptage effectué par l’ONG Iran Human Rights (IRANHR) à partir des informations des médias d’Etat iraniens, au moins 223 personnes ont été accusées de collaboration avec Israël depuis le début de la guerre entre les deux puissances. Mais l’ONG norvégienne pour les droits humains Hengaw estime plus probable le nombre de 530 arrestations, avec des détentions dans 27 des 30 provinces iraniennes.

« Les arrestations massives ont débuté le 14 juin 2025, au lendemain de l’attaque israélienne contre l’Iran […] un large éventail d’accusations, telles que ‘collaboration avec Israël, prise de photos de lieux sensibles, trouble de l’opinion publique, incitation à la peur et à la panique, trouble à l’ordre public, soutien médiatique à Israël, atteinte à la sécurité psychologique de la société, communication avec des agents israéliens, espionnage pour le compte du Mossad’, et d’autres cas similaires, ont été invoquées pour justifier ces arrestations », explique l’IRANHR.

L’organisation s’inquiète par ailleurs « de l’absence d’une procédure judiciaire transparente permettant d’enquêter et de poursuivre les accusations liées à Israël, qui pourraient aboutir à la peine de mort ». Partout en Iran, des observateurs ont signalé un déploiement massif de services de sécurité, dont des branches paramilitaires procédant à des arrestations pour des raisons vagues. Tous les accusés sont soupçonnés d’avoir des liens avec le Mossad.

Répression massive

La paranoïa dont fait preuve le régime iranien n’est cependant pas totalement infondée, le Mossad ayant déjà porté des coups importants sur son sol. Pour mener l’attaque « Rising Lion », Israël s’est en effet préparé pendant des années en commençant par la construction d’une base de drones en territoire iranien, la contrebande de systèmes d’armes ou encore l’entrée de commandos israéliens en Iran. Ces frappes ayant tué plusieurs dirigeants militaires et scientifiques nucléaires iraniens sont le résultat d’années de travail de renseignement. Avant cela, le Mossad avait déjà démontré sa capacité à agir sur le sol iranien en assassinant à Téhéran l’ancien chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en juillet 2024.

Il est néanmoins impossible de vérifier si les arrestations massives au cours des deux dernières semaines sont basées sur des soupçons « concrets » d’espionnage ou non. « L’Assemblée consultative islamique (Parlement) a également approuvé deux projets de loi visant à alourdir les peines infligées aux personnes accusées de collaboration avec Israël. Si le projet est adopté, l’espionnage ou la collaboration avec des Etats hostiles, y compris le gouvernement américain sera passible de la peine de mort », alerte l’IRANHR.

« Les appels officiels à des procès accélérés et à l’exécution des personnes arrêtées pour collaboration présumée avec Israël montrent comment les autorités iraniennes instrumentalisent la peine de mort pour asseoir leur contrôle et instiller la peur au sein de la population iranienne », a déclaré par ailleurs Hussein Baoumi, directeur régional adjoint d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, le 20 juin dernier.

Pour rappel, le couple de Français Cécile Kohler et Jacques Paris, accusés eux aussi « d’espionnage », sont emprisonnés depuis plus de trois ans en Iran. La République islamique est le deuxième pays au monde à procéder au plus grand nombre d’exécutions, après la Chine. En 2024, au moins 975 personnes ont été exécutées en Iran, un record depuis le début du suivi en 2008.



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Publish date : 2025-06-25 17:46:00

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