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Retraites et censure de François Bayrou : le manque de courage du PS

Retraites et censure de François Bayrou : le manque de courage du PS

« Les socialistes n’arrivent pas à trancher le débat sur les retraites. » La phrase, prononcée par un proche d’Olivier Faure en marge du congrès de Nancy, a dix jours d’ancienneté. Sale époque. Les roses voient le conclave arriver à son terme, eux demeurent empêtrés dans leurs querelles nombrilistes. Mais en marge des débats houleux sur les questions stratégiques à gauche, certains députés socialistes ont les yeux rivés sur la semaine suivante. Moulinent. Et si les partenaires sociaux venaient à trouver un accord… sans toucher à l’âge légal de départ à la retraite ?

On se gratte la tête. Soigner ses relations avec la CFDT, au risque de s’éloigner des alliés à bâbord, qui érigent la retraite à 62 ans en totem ? Ou, au contraire, donner quelques gages aux futurs acolytes de gauche, pour les échéances électorales à venir… La question divise, sous cape. Les députés ont peu goûté la moquerie de François Bayrou, mardi 17 juin dernier, à l’Assemblée – « Mon souhait, et je comprends bien que ce n’est pas le vôtre, c’est qu’il y ait un accord entre les partenaires sociaux ». Il avait peut-être touché dans le mille.

Le conclave sur les retraites, pierre angulaire de l’accord de non-censure passé en janvier avec François Bayrou, n’a finalement rien donné ? Alors on sanctionne le Palois, le cœur un peu plus léger. Et qu’importe si le Premier ministre croit toujours à « un chemin » entre les partenaires sociaux. Qu’importe aussi si François Hollande a mis en garde les siens, mardi 24 juin en réunion de groupe, face au danger de l’instabilité parlementaire – lui qui défendrait volontiers la continuité du gouvernement jusqu’à la prochaine présidentielle – seuls trois députés ont abondé en son sens. Les socialistes ont perdu patience. « Vous avez pris des engagements pas tenus sur ce sujet », s’est insurgé Boris Vallaud lors des questions au gouvernement, invoquant le refus du Premier ministre de s’engager à présenter devant le Parlement un texte qui permettrait de débattre de l’âge de départ à 64 ans. « Bayrou a vicié le dialogue social en donnant au Medef la possibilité de maintenir un pistolet sur la tempe de la CFDT », justifie un proche d’Olivier Faure. « Enfin le PS revient à la raison ! », s’est réjoui Jean-Luc Mélenchon – qui devrait peut-être remercier les roses de déposer la motion de censure à la place des Insoumis, dont une grande partie avait épuisé son droit de tirage. CFDT et NFP, « en même temps » socialiste.

« Le vrai moment de vérité »

« On demande au PS d’être exemplaire et de faire preuve de bienveillance, mais ils ne font aucun effort en face. » Les lamentations de ce parlementaire socialiste raconte autant une exigence publique, héritée de sa réputation de « parti de gouvernement », que le poids d’une image, raillée par le reste de la gauche. Voilà les roses désormais libérées de ce funeste accord de non-censure avec l’impopulaire Premier ministre, jugé « vraiment nul » en privé. « Le football est un sport qui se joue à onze et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne, disait on autrefois. C’est pareil avec les retraites : à la fin le PS censure », anticipait un proche de Bayrou, conscient que les socialistes déposeraient une motion de censure en cas de réussite comme en cas d’échec de ce conclave.

Les socialistes se rebiffent, judokas ou courageux à peu de frais ? L’injonction à la stabilité parlementaire, qui visait contractuellement les socialistes, est un temps révolu. Le PS refile le bébé au Rassemblement national… Il glisse des mains de son patron, Jordan Bardella, lui-même embarrassé par le sujet des retraites. Qui ne manque pas de préciser que « le vrai moment de vérité » sera au mois d’octobre, au moment du budget.



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Author : Mattias Corrasco

Publish date : 2025-06-24 16:37:00

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