Ajoutez une attaque menée par des bombardiers américains contre les sites nucléaires iraniens à une démonstration de diplomatie menée dans l’ombre avec l’aide du Qatar : vous obtiendrez un cessez-le-feu, imposé par Donald Trump entre deux ennemis historiques, Israël et l’Iran.
Tout commence samedi après-midi. Aux alentours de 16 heures (heure de Washington), Donald Trump valide la décision que son entourage militaire prépare depuis plusieurs jours : frapper les installations nucléaires iraniennes. Trois heures plus tard, une escadrille de B-2 Spirit décolle et largue quatorze bombes GBU-57 sur trois sites stratégiques : Fordo, Natanz et Ispahan. Il s’agit d’une des plus importantes opérations américaines contre des cibles nucléaires depuis les années 2000. Dans la Situation Room (salle de crise de la Maison-Blanche, NDLR), Donald Trump observe l’opération. Selon un haut responsable américain cité par le Washington Post, le président Trump est tellement satisfait des résultats, qu’il décide, dès cette nuit-là, de mettre un terme à l’opération militaire.
« Nous sommes capables de bien plus »
Donald Trump décide d’appeler le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. « Notre armée américaine a fait ce qu’il fallait faire », lui déclare-t-il. Il l’informe qu’il est désormais temps de négocier un cessez-le-feu. Le leader israélien n’est « pas content » d’après cette même source, mais comprend que Washington ne souhaite pas aller plus loin.
Ce revirement s’inscrit dans une logique propre à Donald Trump. Depuis 15 ans, le républicain alterne critiques virulentes des interventions américaines prolongées et promesses d’actions décisives contre l’Iran. En 2012, il écrivait déjà : « Le programme nucléaire iranien doit être arrêté, par tous les moyens nécessaires. » Le président des Etats-Unis n’a donc jamais caché sa volonté de frapper fort, mais de se retirer aussitôt. Et c’est exactement ce qu’il a fait.
Dimanche matin, alors que les installations iraniennes sont encore fumantes, les canaux diplomatiques s’activent. À la demande de Donald Trump, son envoyé spécial Steve Witkoff contacte le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi. Son message est explicite : « Vous avez vu ce que nous pouvons faire. Nous sommes capables de bien plus. Nous voulons la paix et vous devriez en faire autant », a-t-il affirmé.
Une brèche diplomatique ouverte
Lundi, l’Iran lance néanmoins une salve de missiles contre la base américaine d’al-Udeid au Qatar. Mais les tensions ne persistent pas. A Doha, les autorités qataries jouent les médiateurs, au point que mardi 24 juin, leur Premier ministre annonce que le pays a établi les contacts nécessaires avec l’Iran pour permettre un cessez-le-feu.
Entre-temps, l’administration américaine intensifie ses efforts. Le secrétaire d’Etat Marco Rubio et le vice-président J.D. Vance s’entretiennent directement ou indirectement avec les autorités iraniennes. Les frappes américaines auront au moins eu le mérite de clairement ouvrir la voie à un accord de cessez-le-feu. « C’est une guerre qui aurait pu durer des années et détruire tout le Moyen-Orient, mais cela n’a pas été le cas et ne le sera jamais », s’est félicité Donald Trump dans un message publié sur les réseaux sociaux.
Selon les services de renseignement américains, les bombardements ont fait reculer le programme nucléaire iranien de plusieurs mois. Un repli certes temporaire, mais jugé suffisant pour ouvrir une brèche diplomatique. Ce mercredi 25 juin, en marge du sommet de l’Otan de La Haye, le président américain s’est félicité du résultat : le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran « se passe très bien », s’est-il vanté. Reste que l’accord repose sur une base instable : cette paix n’est pas le fruit d’un engagement mutuel à long terme, mais simplement le résultat d’un ordre unilatéral d’une puissance militaire, qui, en moins de 48 heures, a décidé d’entrer en guerre. Puis de la conclure.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-06-25 15:29:00
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