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Retraites : François Bayrou évoque des « avancées », mais pas d’accord signé

Retraites : François Bayrou évoque des « avancées », mais pas d’accord signé

Meilleure prise en compte de la maternité dans le calcul des pensions, pénibilité au travail, décote : le Premier ministre François Bayrou a annoncé ce jeudi 26 juin, lors d’une conférence de presse à Matignon, un certain nombre de mesures possibles pour réformer le système de retraites français.

Le chef du gouvernement a livré les conclusions des consultations entre syndicats et patronat sur la question des retraites. Après avoir constaté l’échec, lundi, de quatre mois de « conclave », le gouvernement a tenté ces derniers jours de préserver les quelques points d’accords entre syndicats et patronat pour proposer un arrangement, qui devrait être soumis au Parlement à l’automne. François Bayrou a précisé ce jeudi que la négociation avait permis des « avancées » mais qu’aucun accord n’avait été formellement signé.

Des discussions « utiles »

Malgré l’échec des négociations, menées « entre organisations, sans l’intervention du gouvernement », François Bayrou a salué « un climat de franchise » et une « concertation utile » malgré tout. Le Premier ministre a rappelé les objectifs initiaux du conclave : « garantir l’avenir du système de retraite par répartition en rétablissant l’équilibre financier d’ici 2030 », « augmenter le taux d’emploi des séniors », mais aussi « garantir une meilleure justice sociale », « ne pas alourdir le coût du travail », et surtout « ne pas remettre en cause l’âge légal de départ à 64 ans conclu en 2023 ».

Femmes, pénibilité et décote

Les partenaires sociaux se sont mis d’accord sur un meilleur calcul des pensions de retraites pour les femmes ayant eu des enfants. Les pensions sont en effet calculées sur les vingt-cinq meilleures années de la carrière. « Ce calcul serait ramené aux vingt-quatre meilleures années pour les femmes ayant eu un enfant, et à vingt-trois pour les mères ayant eu deux enfants ou plus », a expliqué François Bayrou.

Elles gagnent aussi « deux trimestres au titre de la maternité » : il s’agit « de lutter pour une meilleure justice à l’égard des femmes, pour qui la maternité rend plus difficile l’acquisition des droits à la retraite ». Ces mesures signifieraient « une amélioration de 30 à 130 euros par mois en moyenne pour les femmes », a indiqué le patron de la CFTC Cyril Chabanier, sur le plateau de BFMTV, jeudi après-midi.

Un délai supplémentaire pour un accord « complet »

François Bayrou a également annoncé un compromis pour diminuer l’âge de départ à taux plein de 67 à 66 ans et demi, afin de ne pas « pénaliser les salariés qui doivent augmenter leur nombre d’annuités ». En revanche, il n’y a pas encore de compromis sur la pénibilité, principal point d’achoppement entre patronat et syndicat.

Le gouvernement estime néanmoins qu’un accord sur la pénibilité « était à portée de main » et souhaite donner un délai supplémentaire aux partenaires sociaux pour arracher un accord complet. « Les experts et négociateurs vont se remettre au travail pour rapprocher les points de vue. […] Donnons-leur quinze jours », a ajouté François Bayrou. En ce qui concerne le financement de ces mesures, « il y a 1,5 milliard d’euros qu’il faut trouver, que les partenaires sociaux se sont engagés à financer pour les deux tiers », avance le Premier ministre.

Menacé d’une censure

François Bayrou a assuré qu’il soumettrait au Parlement la majeure partie de ces mesures à l’automne, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Mais un compromis sur ces points ne suffirait pas à satisfaire les socialistes qui veulent discuter de « tout » au Parlement, en particulier de l’âge de départ, porté par la réforme à 64 ans, ce que refuse le Premier ministre au nom de l’équilibre financier du régime.

François Bayrou avait lancé ces concertations sur cette réforme impopulaire en échange de la neutralité des socialistes à son égard, ce qui lui avait permis d’échapper à la censure sur le budget en février. Mais sans attendre l’issue de ces ultimes discussions, les socialistes ont annoncé mardi, puis déposé jeudi, une motion de censure contre le gouvernement.

Après ces annonces, les députés socialistes maintiennent leur volonté de voter la censure, a indiqué jeudi devant la presse le député et porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale, Arthur Delaporte, dénonçant une « tentative d’enfumage ».

Jeu d’équilibriste

Cette motion remet le Rassemblement national, qui dispose du plus gros groupe à l’Assemblée nationale, au centre du jeu. François Bayrou peut cependant encore respirer : le parti à la flamme ne le censurera pas la semaine prochaine, quand sera débattue la motion du PS, et lui donne « rendez-vous » lors du budget, à l’automne.

Or, si la gauche reste unie pour le censurer après l’été, le centriste va se retrouver dépendant des lepénistes. Un accord avec la CFDT, centrale syndicale proche du PS, peut-il déminer le terrain parlementaire de l’automne ? « Vous avez intérêt à parler aux républicains au sens large du terme […] plutôt que de vous lier éventuellement au bon vouloir du RN », a prévenu le chef de file des sénateurs socialistes, Patrick Kanner.

Alors que son avenir ne tient qu’à un fil et que sa popularité est au plus bas dans les sondages, une moitié des Français (52 %) souhaitent la censure et 63 % considèrent que François Bayrou est le principal responsable de l’échec du conclave, selon une enquête Elabe parue mercredi.



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Publish date : 2025-06-26 16:49:00

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