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Guerre en Ukraine : à quoi pourrait ressembler le déploiement d’un contingent européen ?

Guerre en Ukraine : à quoi pourrait ressembler le déploiement d’un contingent européen ?

50 000 soldats français et britanniques formeront bientôt la « force expéditionnaire conjointe franco-britannique (CJEF) ». Ils constitueront le noyau dur d’un contingent de l’Otan, qui pourrait être déployé en Ukraine en cas de cessez-le-feu, pour dissuader la Russie de lancer une nouvelle offensive. « Nous faisons passer cette force conjointe du niveau d’une brigade à celle d’un corps d’armée », a annoncé jeudi 10 juillet le président Emmanuel Macron, durant une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre britannique Keir Starmer sur la base militaire de Northwood, au nord-ouest de Londres. Ces hommes et femmes pourront être mobilisés « dans un engagement majeur » et « à disposition de l’Otan », a-t-il précisé.

Cette annonce est la concrétisation d’un projet annoncé en février dernier par les deux chefs d’Etat, à la suite d’une fuite médiatique. Mais alors que les sources des médias britanniques — The Guardian, The Financial Times ou encore The Times — indiquaient « une force d’au moins 30 000 militaires », Emmanuel Macron voit désormais bien plus grand.

Selon le président français, la « Coalition des volontaires » de l’Otan sera susceptible d’être « multipliée par cinq » par rapport à son volume actuel, autour du noyau dur des troupes franco-britanniques. S’il indique que cette croissance drastique se fera par capacité « d’agréger d’autres partenaires européens », peu de volontaires se font pour l’heure entendre parmi la trentaine de pays considérés susceptibles de déployer une force de garantie du cessez-le-feu. Il reste donc plus de questions que de réponses à la forme que pourrait prendre l’armée de maintien de la paix des alliés du nord.

Le Canada et l’Espagne à convaincre, l’Italie et la Pologne refusent catégoriquement

Certains pays néanmoins n’ont pas fermé la porte à cette possibilité. Selon Bloomberg, « l’Otan a demandé à l’Allemagne de fournir jusqu’à sept brigades de combat à l’alliance d’ici la prochaine décennie ». La demande n’a pas encore été approuvée par le gouvernement, mais le ministre de la Défense Boris Pistorius a d’ores et déjà annoncé booster prochainement les troupes allemandes de près de 60 000 soldats actifs, à l’aune des demandes de l’Otan.

Le Canada, qui avait annoncé par la voix de son ancien Premier ministre Justin Trudeau que « tout était sur la table » et que le pays pourrait être « prêt et capable » de fournir des troupes à l’Otan pour une mission de maintien de la paix en Ukraine, n’a depuis pas confirmé. Selon la chaîne de télévision euronews, dès mars dernier le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a quant à lui assuré que son pays « n’avait aucun problème » à envoyer des troupes à l’étranger, mais qu’à l’heure actuelle, en Ukraine, « l’effort reste avant tout politique et diplomatique » ». La prise de cette décision sera effectivement « longue et complexe » a depuis déclaré la ministre de la Défense Margarita Robles.

D’autres nations, comme l’Italie, ont catégoriquement rejeté toute implication dans ce projet. A la sortie du sommet virtuel consacré à la question du soutien militaire de l’Europe à l’Ukraine — et adressant spécifiquement la question de la création d’un contingent militaire de l’Otan — qui a réuni 30 dirigeants le 15 mars dernier, Giorgia Meloni a affirmé que l’Italie « n’a pas l’intention de participer à une force de maintien de la paix sur le terrain en Ukraine ». Le Premier ministre Polonais, Donald Tusk, a déjà annoncé estimer que son pays participait largement à l’effort de soutien, en accueillant depuis le début de la guerre plus de deux millions de réfugiés ukrainiens. Son pays fournira un soutien matériel, mais pas de bottes sur le terrain, a-t-il déjà tranché.

Déploiement limité « sur les points stratégiques »

Une chose est sûre : la force conjointe franco-britannique ne vise pas à déployer une « masse » de soldats en Ukraine, avait déjà tranché Emmanuel Macron lors du sommet virtuel du 15 mars dernier. Au contraire, l’idée serait plutôt de stationner des contingents de troupes dans des « points clefs » en Ukraine. Selon The Guardian, cette force serait principalement aérienne et maritime, avec une présence « minimale » sur le terrain, à l’écart de la ligne de front dans l’est du pays. Objectif : empêcher les attaques russes contre les villes, les ports et les infrastructures ukrainiennes, dans l’éventualité d’un cessez-le-feu conclu sous l’égide des Etats-Unis. En ce qui concerne les troupes présentes au sol, « leurs missions pourraient inclure la formation et le soutien aux défenses ukrainiennes, pour démontrer un soutien à long terme à Kiev », précisait de son côté AP en mars.

Pour les dirigeants français et européens, ce partenariat « donne une crédibilité et une robustesse à ce pilier européen de l’Otan sur le plan opérationnel et crédibilise aussi l’autonomie stratégique » de l’Europe, a souligné Emmanuel Macron ce vendredi 11 juillet. Dans un premier temps, la force jointe franco-britannique pourra donc servir de « noyau de planification des forces de réassurance qui pourraient être déployées en Ukraine dans le cadre du cessez-le-feu lorsqu’il y en aura un », ajoute la présidence française.

Au Kremlin, cette confirmation d’un projet de déploiement de troupes occidentales en Ukraine est très mal reçue. « La présence d’un contingent étranger près de nos frontières est inacceptable », a déclaré ce vendredi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, dénonçant le « militarisme antirusse » des dirigeants européens.



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Author : Enola Richet

Publish date : 2025-07-11 12:42:00

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