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Droits de douane : comment Donald Trump a accéléré sa guerre commerciale en l’espace d’une semaine

Droits de douane : comment Donald Trump a accéléré sa guerre commerciale en l’espace d’une semaine

Cette fois, il le promet : il ne reportera pas une nouvelle fois l’échéance pour négocier. Toujours aussi imprévisible, Donald Trump a entrepris cette semaine de relancer sa guerre tarifaire afin de fixer rapidement les nouveaux tarifs douaniers en vigueur avec ses partenaires commerciaux. Début avril, le président américain avait présenté un immense tableau détaillant les droits de douane réciproques espérés par Washington contre la quasi-totalité des pays du monde.

Un délai de 90 jours avait alors été laissé par le républicain pour trouver un compromis avec les différentes puissances concernées. Mais, début juillet, Donald Trump a finalement décalé cette date butoir au 1er août, laissant quelques semaines supplémentaires de discussion. Ce nouveau rendez-vous est accompagné par de nouvelles menaces de la part du dirigeant : toute la semaine, il a multiplié les courriers, souvent diffusés publiquement sur ses réseaux sociaux, à destination des économies de la planète. Le contenu de ces lettres ? Les nouveaux tarifs douaniers fixés par Washington au 1er août s’il n’y a pas d’avancée dans les prochains jours.

Taxe sur le cuivre, menace sur les médicaments

Toute la semaine, Donald Trump a fait durer le suspense. Lundi 7 juillet, seuls 14 pays, principalement asiatiques, ont d’abord connu leur sort. 25 % de droits de douane supplémentaires pour le Japon et la Corée du Sud, 30 % pour l’Afrique du Sud, 32 % pour l’Indonésie, 36 % pour le Cambodge et la Thaïlande… Et jusqu’à 40 % pour la Birmanie et le Laos, aux économies particulièrement liées à la Chine. S’agit-il là de l’offre finale du président américain ? « Je dirais finale, mais s’ils appellent avec une autre offre et qu’elle me plaît, alors nous le ferons », a-t-il indiqué, dans son style habituel.

Au-delà des droits de douane réciproques, Donald Trump compte aussi sur l’effet de surtaxes sectorielles. Depuis le début de son mandat, il en a déjà mis en place plusieurs contre les importations d’acier, d’aluminium ou d’automobiles sur le territoire américain. Des taxes qui touchent durement de nombreux exportateurs, en particulier en Europe et en Asie. Mardi, le milliardaire a décidé d’ajouter un autre métal à la liste : le cuivre, qui sera ciblé à partir du 1er août prochain de 50 % de droits de douane supplémentaires. L’annonce, confirmée plus tard dans la semaine, a fait bondir de près de 10 % le cours du métal à New York en l’espace d’une journée.

Dans le même temps, Donald Trump a laissé entendre qu’il comptait également durcir les échanges du secteur pharmaceutique, un des rares domaines jusque-là exemptés de surtaxes. Les médicaments venus de l’étranger pourraient ainsi être prochainement imposés à hauteur de « quelque chose comme 200 % », a-t-il précisé, mardi. La perspective a de quoi inquiéter l’Union européenne, un des principaux fournisseurs en la matière outre-Atlantique. En 2024, ces produits concernaient 22,5 % des biens européens exportés vers les Etats-Unis, selon Eurostat.

Brouille avec le Brésil et le Canada

Au lendemain de ces nouvelles menaces, Donald Trump a poursuivi l’envoi de ses lettres à différentes capitales internationales. Mercredi, le Brésil a subi les foudres du président américain : 50 % de droits de douane supplémentaires lui seront désormais imposés à partir d’août. En cause ? Les poursuites judiciaires déclenchées contre l’ex-président d’extrême-droite Jair Bolsonaro, mis en cause devant les tribunaux pour une tentative de coup d’Etat en 2023.

« Ce procès ne devrait pas avoir lieu. C’est une chasse aux sorcières qui doit cesser IMMÉDIATEMENT ! », a tonné Donald Trump dans son courrier, qualifiant la situation de « honte internationale ». L’actuel dirigeant du pays, Lula, a de son côté promis « la réciprocité économique » à toute mesure douanière américaine. En attendant, l’annonce du locataire de la Maison-Blanche a déjà provoqué des conséquences sur l’économie brésilienne : mercredi, le réal, la monnaie du pays, a chuté de plus de 2 % face au dollar américain.

Jeudi, le Canada a à son tour été fixé. Après des mois de brouille avec Ottawa, Donald Trump, qui rêve de faire du pays un « 51e Etat » américain, a officialisé le taux de 35 % de tarifs douaniers supplémentaires au 1er août à l’égard de son voisin. Il reproche au gouvernement canadien d’avoir « riposté » par des mesures de rétorsion contre les Etats-Unis plutôt que d’avoir cherché à « travailler » avec eux. « Ces droits de douane peuvent être modifiés, à la hausse ou à la baisse, en fonction de notre relation avec votre pays », a souligné le président américain.

L’UE visée par 30 % supplémentaires

Mais malgré cette frénésie douanière, une question centrale demeurait encore à l’approche du week-end : quel sort avait réservé Donald Trump à l’Union européenne ? Depuis le début des négociations, Bruxelles oscillait entre volonté d’ouverture pour trouver un accord et menaces de contre-mesures. Finalement, les 27 pays membres ont été fixés samedi. Sans nouveau compromis, 30 % de surtaxes supplémentaires s’appliqueront à compter du 1er août pour les marchandises européennes envoyées outre-Atlantique. Soit davantage que les 20 % annoncés en avril, mais moins que les 50 % évoqués fin mai, au moment où Donald Trump estimait que les négociations avec l’UE ne menaient « nulle part ».

« Nous sommes arrivés à la conclusion que nous devons nous éloigner de ces déficits commerciaux importants, persistants et à long terme, engendrés par vos politiques tarifaires et non tarifaires et vos barrières commerciales », a détaillé le dirigeant républicain dans sa lettre. « Nos relations ont malheureusement été loin d’être réciproques. » Du côté de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a fait le choix de rester calme. « Nous restons prêts à poursuivre le travail vers un accord d’ici le 1er août », a dit la présidente de l’instance, tout en avertissant de la préparation « de contre-mesures proportionnées si […] nécessaire ».

Tout comme l’UE, le Mexique devrait lui aussi être frappé par ce nouveau taux douanier de 30 %. Dans son cas, la sanction est avant tout justifiée par la Maison-Blanche comme une réponse à l’importation de drogues comme le fentanyl aux Etats-Unis depuis le territoire mexicain. Et pour les autres nations, qui n’ont pas encore reçu des lettres de la part de Donald Trump ? « Nous allons simplement dire que tous les pays restants vont payer, que ce soit 20 % ou 15 %. Nous allons régler cela maintenant », a répondu l’intéressé, jeudi. Pour le moment, seuls deux accords, avec le Royaume-Uni et le Vietnam, ont été officialisés. Un « accord-cadre » a également été trouvé avec la Chine au mois de juin, sans que sa mise en œuvre ne soit pour le moment effective.



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Publish date : 2025-07-13 10:30:00

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