L’Express

Défilé du 14 juillet : la Russie, une menace qui n’a plus rien de fantôme pour la France

Défilé du 14 juillet : la Russie, une menace qui n’a plus rien de fantôme pour la France

La parade militaire du 14 juillet a vu défiler ce lundi des milliers de soldats français, une centaine de blindés, des dizaines d’avions et d’hélicoptères. Combien de drones ? Seulement quatre : un grand modèle américain, le Reaper, piloté depuis la base de Cognac, un plus petit, le SMDR de Thalès, le DT-46 de Delair, une entreprise toulousaine, et un dernier, le Tundra, fabriqué par une firme basée en Haute-Loire, Hexadrone. Certes, ces engins sont moins photogéniques qu’un char Leclerc ou qu’un chasseur Rafale. Mais cette rareté symbolise surtout le retard à combler dans ce segment d’armements à bas coût pour la France et, plus généralement, les Européens, sur une Russie qui vient pourtant d’être qualifiée de « menace durable » par le chef d’état-major Thierry Burkhard.

Comme le note la revue nationale stratégique 2025, rendue publique ce lundi, « Moscou poursuit son réarmement avec l’objectif d’accroître son armée de 300 000 soldats, 3 000 chars et 300 avions de combat supplémentaires à l’horizon 2030 », en précisant que « ses dépenses militaires représentent près de 40 % de son budget ».

Cette menace est bien industrielle. Pour mener sa guerre d’invasion de l’Ukraine, la Russie a dopé son économie de défense. Ses usines, anciennes et nouvelles, tournent à plein régime, « à une vitesse sans précédent dans l’histoire récente », s’alarme le Secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, ajoutant qu’elles produisent désormais « trois fois plus de munitions en trois mois que l’ensemble de l’Otan en un an ». Pour les drones suicides « FPV », à pilotage immersif, on parle de centaines de milliers, voire de millions d’exemplaires par an ! A cela s’ajoute la capacité de pouvoir continuer à mobiliser des centaines de milliers de combattants pour les envoyer au front, malgré des pertes inédites depuis la Seconde Guerre mondiale – un million d’hommes, dont plus de 200 000 morts.

La menace d’un stock phénoménal

Alors que le soutien américain n’est plus certain, il est donc impératif pour les Européens que les Ukrainiens continuent coûte que coûte à mener la vie dure à l’armée de Vladimir Poutine, en l’obligeant à consommer soldats et armements, qu’elle produit en masse. Un cessez-le-feu serait d’autant plus risqué, à ce stade, qu’il permettrait à la Russie de se doter d’un stock phénoménal qu’elle pourrait utiliser par exemple contre un pays balte. « Avant 2030, elle constituera une vraie menace sur nos frontières du flan est de l’Europe », a prévenu le général Thierry Burkhard, soulignant « l’impossibilité » pour elle de stopper cette « économie de guerre » faisant dorénavant tenir celle du pays.

Là encore, les Ukrainiens jouent un rôle essentiel pour leurs alliés de l’ouest du continent. Ils sont en effet les seuls à disposer, à ce jour, du savoir-faire et des capacités de production pour contrer les armements russes : les solutions qu’ils développent aujourd’hui – comme des drones capables d’intercepter des Shahed-136 frappant les villes – seront celles des Occidentaux demain. La France en a conscience et Renault, l’un des rares industriels nationaux à pouvoir potentiellement produire des centaines de milliers de munitions rôdeuses à bas coût, a annoncé son installation en Ukraine. Pas pour y produire des Twingo, mais des drones. Gage de puissance du XXIe siècle, il y en aura sans doute en plus grand nombre lors des prochains défilés du 14 juillet.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/defile-du-14-juillet-la-russie-une-menace-qui-na-plus-rien-de-fantome-pour-la-france-T66QET6HQZDJJPWCY3S4MBUGLA/

Author : Clément Daniez

Publish date : 2025-07-14 11:06:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express
Quitter la version mobile