La Syrie, qui concentre toutes les divergences entre Tel Aviv et Washington, place Benyamin Netanyahou dans un dilemme diplomatique. D’un côté, continuer à défendre par les bombes la communauté druze de Syrie en proie à des affrontements meurtriers avec les forces officielles syriennes et les Bédouins dans la province syrienne de Soueïda. De l’autre, maintenir un lien apaisé son allié principal et indispensable : les Etats-Unis.
Là réside le problème : Donald Trump cherche à courtiser le gouvernement syrien d’Ahmed Al-Chareh, qu’il aimerait voir devenir un pouvoir central fort afin de stabiliser la Syrie et la région, encouragé par la Turquie et l’Arabie saoudite. Ce qui a conduit son administration à demander à Israël, mercredi 16 juillet, de cesser ses bombardements contre des cibles du gouvernement syrien et d’ouvrir des pourparlers directs avec Damas, a déclaré un haut responsable américain au média pure-player Axios. Plus encore : le président américain aimerait voir naître un accord de sécurité entre la Syrie et Israël.
Protection des Druzes ou volonté d’affaiblir la Syrie ?
Une ambition que Tel Aviv ne semble pas partager. L’armée israélienne a mené mercredi 16 juillet au soir des frappes sur le centre de commandement du ministère syrien de la Défense, en plein cœur de Damas, tuant trois personnes et en blessant 34 autres, en représailles des attaques contre la communauté druze de Syrie. Ces derniers jours, les affrontements avec les forces syriennes ont fait 940 morts dans la province de Soueïda.
Mais la « défense de la communauté druze » invoquée par Tel Aviv pourrait cacher un autre but, selon certains observateurs. Une volonté notamment de la part du gouvernement belliqueux de Benyamin Netanyahou de maintenir la Syrie dans un état de faiblesse. « L’un de ses ministres a même ouvertement appelé mardi à l’élimination du président par intérim Ahmed Al-Chareh », rapporte le journal quotidien historique du Liban, L’Orient Le Jour.
Si, du fait de l’intervention américaine, un cessez-le-feu a bien été conclu mercredi soir entre le gouvernement syrien et une partie des représentants druzes, conduisant au retrait des troupes officielles de Soueïda, les affrontements entre milices se poursuivent pourtant. En réponse, Israël a annoncé dans un communiqué le déploiement de renforts à la frontière avec la Syrie pour faciliter davantage de frappes et mettre fin aux attaques contre les Druzes. Une politique claire de « démilitarisation de la région au sud de Damas, depuis le plateau du Golan jusqu’à la montagne druze », selon les mots de Benyamin Netanyahou.
Les Etats-Unis font pression pour sauver les négociations
Pour certains spécialistes, la question druze pourrait servir de prétexte à Benyamin Netanyahou pour maintenir sa frontière armée, empêcher les forces syriennes de s’approcher de la frontière, et être en position de riposter ou d’attaquer rapidement en Syrie. Un comportement qui pourrait provoquer deux issues contradictoires et pour le moment incertaines : ou bien mettre en péril les sérieuses négociations commencées au printemps dernier entre Damas et Tel-Aviv, selon la volonté de Washington. Ou, à l’inverse, pousser Damas à s’engager plus sérieusement dans les négociations, « surtout si Israël se montre prêt à suspendre ses opérations en échange d’engagements concrets comme limiter la présence iranienne ou celle du Hezbollah près du Golan », note le spécialiste Andreas Krieg du King’s College de Londres auprès de L’Orient Le Jour.
Vendredi 18 juillet dans l’après-midi, la région a assisté à un énième numéro d’équilibriste de la part d’Israël : sous couvert d’anonymat, un responsable politique israélien a déclaré au journal israélien Haaretz que Tel Aviv allait autoriser les forces de sécurité intérieure syriennes à entrer à Soueïda pour une durée de 48 heures. Une information confirmée par la suite par la radio publique israélienne Kan, qui a indiqué plus tard dans la journée que cette décision s’inscrivait dans le cadre d’un « effort calculé pour prévenir une nouvelle escalade le long de la frontière nord-est d’Israël ». Le même jour, un responsable diplomatique a affirmé auprès du journal Al-Monitor que cette décision avait été prise sous la pression américaine pour désamorcer la situation et permettre au gouvernement syrien d’entrer dans la région.
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/syrie-les-entreprises-belliqueuses-israeliennes-se-heurtent-aux-ambitions-diplomatiques-de-trump-Z3LSWO7DDBBFPESHHIUJ2EX6HM/
Author : Enola Richet
Publish date : 2025-07-19 15:14:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.