Une grève des ouvriers assemblant les avions de chasse de Boeing, aux Etats-Unis, a débuté ce lundi 4 août. Exécutant une précédente menace, le puissant syndicat IAM (International Association of Machinists and Aerospace Workers) a refusé la dernière proposition avancée par l’entreprise, dénonçant des « promesses en l’air ».
Le syndicat avait prévenu la semaine dernière que si aucun accord n’était trouvé dans les sept jours, la section 837 d’IAM pourrait déclencher une grève. Ainsi, « environ 3 200 membres hautement qualifiés […] se sont mis en grève à minuit (dans la nuit de dimanche à lundi) parce que trop, c’est trop. C’est une question de respect et de dignité », a écrit sur le réseau social X lundi matin le syndicat de la branche défense, espace et sécurité du constructeur aéronautique de Boeing.
Une proposition qui « ne répond pas aux priorités »
La proposition initiale de Boeing, rejetée une semaine plus tôt par le syndicat, comprenait notamment une hausse des salaires de 20 % sur quatre ans et plus de congés. La deuxième, refusée elle aussi, prévoyait une hausse supplémentaire de 40 % et une amélioration des conditions de retraite, précise le journal Les Échos. Le syndicat IAM a pourtant retenu que « la proposition de Boeing Defense ne répond pas aux priorités ni aux sacrifices consentis par cette main-d’œuvre qualifiée ».
« Les membres de la section 837 d’IAM se sont exprimés haut et fort : ils méritent un contrat qui reflète leurs compétences, leur dévouement et le rôle essentiel qu’ils jouent dans la défense de notre nation », avait souligné la veille de la grève Tom Boelling, un représentant du syndicat, dans un communiqué. IAM « est fondé sur la démocratie, et nos membres ont tout à fait le droit d’exiger un contrat à la hauteur de leurs contributions », a ajouté dimanche Brian Bryant, le président de l’organisation.
La dernière grève déclenchée dans cette usine par le syndicat IAM date de 1996 et avait alors duré 99 jours, remarque Les Échos. Ce dernier rassemble environ 600 000 membres actifs et retraités dans les secteurs de l’aérospatiale, la défense, les compagnies aériennes, la construction navale, les chemins de fer, les transports, la santé, l’automobile et d’autres industries aux Etats-Unis et au Canada.
Boeing se dit « prêt à faire face à une grève »
La grève entamée ce lundi par la section 837 d’IAM concerne les ouvriers qui travaillent dans l’usine de Saint Louis dans le Missouri, ainsi que dans l’Illinois, dans le centre des Etats-Unis. Elle entraînera l’arrêt des chaînes de montage des avions de combat F-15 et F/A-18, des avions d’entraînement T-7A, des drones ravitailleurs MQ-25 et d’autres systèmes d’armement de Boeing.
Dan Gillian, vice-président de Boeing Air Dominance et patron du site de Saint-Louis a indiqué que le groupe était « prêt à faire face à une grève », et qu’un « plan d’urgence » avait été mis en œuvre afin de garantir que le « personnel non gréviste puisse continuer à assister » les clients de l’entreprise. « Nous sommes déçus que nos employés aient rejeté une offre qui prévoyait une augmentation salariale moyenne de 40 % et qui résolvait leur principale préoccupation concernant les horaires de travail flexibles », a aussi réagi le vice-président.
La crise profonde de Boeing
Cette grève pourrait néanmoins être encombrante pour la division défense et espace de Boeing, qui génère 36 % des revenus du groupe, note Les Échos. Cette dernière, déficitaire depuis 2022 mais en pleine transformation, commençait tout juste à relancer la cadence avec des revenus stables depuis l’arrivée de son nouveau président, Steve Parker.
Plus généralement, Boeing avait tout juste commencé à améliorer ses résultats, en divisant sa perte nette par deux au deuxième trimestre 2025. Ainsi, le nouveau patron de Boeing, Kelly Ortberg, estime toujours être en avance sur son plan de relance et s’est réjoui la semaine dernière que l’accord douanier entre l’Europe et les Etats-Unis épargne le secteur aéronautique de droits de douane.
Boeing traverse néanmoins une crise profonde depuis l’an dernier, en raison de problèmes de qualité de sa production et d’une précédente grève de la branche civile en fin d’année, qui avait duré plus de cinquante jours. Celle-ci avait mobilisé près de 33 000 salariés et s’est avérée être la plus coûteuse des Etats-Unis depuis vingt-cinq ans, paralysant les deux principales usines de l’entreprise. Kelly Ortberg avait alors tenté de minimiser le mouvement lors de la présentation des résultats du deuxième trimestre, affirmant qu’ils n’avaient pas été affectés par la grève. Reste à voir quelles conséquences cette nouvelle grève pourrait avoir sur le reste du groupe.
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Publish date : 2025-08-04 10:17:00
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