Les Etats-Unis et le Venezuela sont à couteaux tirés. De retour à la Maison-Blanche, Donald Trump multiplie les offensives à l’encontre de son homologue vénézuélien, l’accusant de narcotrafic. Résultat, les relations diplomatiques qui s’étaient déjà rompues en 2019 ne sont toujours pas au beau fixe.
Pourquoi une telle escalade ? Pour lutter contre le trafic de drogue, selon le 47e président des Etats-Unis. Washington accuse le président vénézuélien d’être le « chef fugitif » du Cartel des Soleils, qualifié par le gouvernement américain d’organisation « terroriste ». Au nom de cette lutte, Donald Trump a mis à prix la tête de Nicolás Maduro. Toute personne qui aidera à son arrestation se verra récompenser de 15 millions de dollars. Une prime rehaussée à 50 millions de dollars le 8 août.
Le président vénézuélien fustige ces accusations, qualifiant la prime placée sur sa tête de « pathétique » et de « grossière opération de propagande politique ».
Une réélection illégitime ?
Le 9 août, l’Assemblée nationale vénézuélienne a apporté, dans un acte solennel, son soutien au président. La chambre parlementaire a qualifié l’augmentation de la récompense américaine pour la capture de Nicolás Maduro d' »agression ». Malgré ce geste symbolique, le président est loin de faire l’unanimité dans son pays.
En 2024, sa réélection est décrite comme une « fraude » par l’opposition vénézuélienne. Washington ne la reconnaît pas non plus. 28 personnes sont décédées et 2 400 ont été arrêtées dans les manifestations qui ont suivi sa victoire.
Huit navires et 1 200 missiles visent le Venezuela
Avant de promettre les 50 millions de dollars, Donald Trump avait déjà resserré l’étau sur son homologue vénézuélien. En 2019, à la suite de l’élection contestée de Nicolás Maduro, les Etats-Unis ont instauré un embargo sur le pétrole vénézuélien, interdisant à toute entreprise américaine de s’en procurer.
Mais depuis près d’un mois, le ton est monté entre Donald Trump et Nicolás Maduro. Le président américain a désormais déployé huit navires de guerre au large des côtes du Venezuela. Dans le lot, le sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire USS Newport.
Plusieurs médias américains indiquent que le Pentagone prévoit également d’envoyer 4 000 Marines dans les Caraïbes, près des côtes vénézuéliennes.
Le 1er septembre, Nicolás Maduro a dénoncé le déploiement de nouveaux navires aux abords de son pays : « Le Venezuela est confronté à la plus grande menace que notre continent ait connue au cours des 100 dernières années : huit navires avec 1 200 missiles et un sous-marin visent le Venezuela. Il s’agit d’une menace injustifiable, immorale, absolument criminelle et sanglante ».
En réponse, le chef d’Etat a annoncé le déploiement de 4,5 millions de miliciens « pour garantir la couverture de tout le territoire », et a encouragé ses nationaux à rejoindre la réserve. Le 1er septembre, Nicolás Maduro a réévalué la taille de sa milice à « 8,2 millions » d’hommes. La Marine et des drones de surveillance ont également été déployés dans les eaux territoriales.
Caracas fait planer sur ses citoyens la perspective d’un débarquement américain, avertissant d’une tentative de « changement de régime ». Le président affirme que le Venezuela est prêt à la « lutte armée pour la défense du territoire national ». Les Etats-Unis n’ont néanmoins jamais menacé publiquement d’envahir le Venezuela.
Qu’en pensent les voisins du Venezuela ?
Le 20 août, à l’occasion d’un sommet virtuel extraordinaire, les pays membres de l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (Alba) ont condamné l’opération américaine. « Le déploiement militaire américain dans les eaux des Caraïbes, sous couvert d’opérations antidrogue, représente une menace pour la paix et la stabilité de la région », ont-ils affirmé dans une déclaration commune.
Cette organisation, positionnée à gauche, a été fondée par Fidel Castro et Hugo Chavez, le prédécesseur de Nicolás Maduro.
Une posture qui ne fait pas l’unanimité en Amérique latine. Le Guyana, qui a dénoncé, ce 31 août, des coups de feu tiré depuis le Venezuela sur un de ses bateaux transportant du matériel électoral vers l’Essequibo – région disputée avec le Venezuela -, a apporté son soutien au déploiement militaire Américain. »Nous soutiendrons tout ce qui permettra d’éliminer toute menace à notre sécurité […], nous devons tous nous unir pour combattre la criminalité transnationale, lutter contre le trafic de drogue », a déclaré le président guyanien Irfaan Ali. Le chef d’Etat a ajouté soutenir « tous les efforts visant à garantir que cette région reste une zone de paix ».
Côté Venezuela, le ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, dément toute responsabilité dans l’attaque supposée du bateau guyanien qu’il qualifie de « fake ». Et le ministre de renchérir que le gouvernement du Guyana cherche à encourager un « front de guerre ».
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/etats-unis-venezuela-tout-comprendre-a-lescalade-des-tensions-entre-les-deux-pays-6QAOQRO6IZAHFJ4HI7B4HO6734/
Author :
Publish date : 2025-09-02 16:25:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.