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Pourquoi la frappe israélienne au Qatar met Donald Trump dans l’embarras

Pourquoi la frappe israélienne au Qatar met Donald Trump dans l’embarras

Pour la première fois depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier dernier, Donald Trump a critiqué une attaque menée par Israël contre cinq cadres du Hamas, au Qatar. Et pour cause : elle pourrait contrarier ses projets diplomatiques dans la région et remet en question sa crédibilité notamment dans les négociations de paix, écrit CNN.

« Je ne suis pas ravi » et « je suis très mécontent », a dit le président américain pendant un bref échange avec la presse avant d’aller dîner dans un restaurant proche de la Maison-Blanche mardi soir. « Non », a-t-il répondu en secouant la tête quand une journaliste lui a demandé si Israël l’avait prévenu à l’avance, promettant de faire une « déclaration complète » mercredi. La décision de lancer une attaque au Qatar « a été prise par le Premier ministre (israélien Benjamin) Netanyahou, pas par moi », a-t-il précisé sur son réseau Truth Social, évoquant un « incident regrettable » mais « qui pourrait apporter une opportunité de PAIX », selon lui.

« Pas les objectifs de l’Amérique ni d’Israël »

Face à la presse, le président américain s’est empressé de se justifier mardi, indiquant que dès lors qu’il a été informé d’une frappe sur Doha, il a « immédiatement demandé à l’émissaire spécial Steve Witkoff d’informer le Qatar de l’attaque imminente ». Et de poursuivre : « mais malheureusement trop tard pour arrêter » les frappes. « L’appel d’un responsable américain a eu lieu alors que les explosions étaient entendues à Doha », a, de son côté, réagi le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, sur X.

« Bombarder unilatéralement le Qatar, un pays souverain et proche allié des Etats-Unis, qui travaille d’arrache-pied et prend courageusement des risques avec nous pour négocier la paix, ne sert ni les intérêts d’Israël ni ceux des Etats-Unis. » Puis, il a ajouté : « Cependant, éliminer le Hamas, qui a profité de la misère des habitants de Gaza, est un objectif louable ».

Un allié au Moyen-Orient

Tour à tour, le président américain s’est entretenu avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, puis avec l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, auquel il a « assuré qu’une telle chose ne se reproduirait pas ». Donald Trump a par ailleurs déclaré qu’il se sentait « très mal à propos du lieu de l’attaque », au Qatar, un allié des Etats-Unis qui est un médiateur essentiel dans les négociations de paix entre Israël et le Hamas, rappelle The New York Times. Selon une analyse de la chaîne CNN, « s’il est peu probable que les événements au Moyen-Orient nuisent à l’image politique de Donald Trump aux États-Unis, pris dans d’autres débats, l’attaque d’Israël, en plein jour à Doha, pourrait toutefois être ruineuse pour son image d’homme fort et puissant ’faiseur de paix’ à l’étranger ». D’autant que l’attaque est survenue alors que les responsables du Hamas se réunissaient pour discuter d’une proposition de cessez-le-feu soutenue par Donald Trump.

Donald Trump, son vice-président J.D Vance et d’autres cadres de son administration n’ont cessé de rappeler ces dernières 24 heures qu’Israël venait de s’attaquer à un « allié souverain » très précieux des Etats-Unis. En effet, après des débuts difficiles lors du premier mandat de Donald Trump entre 2016 et 2020, la relation entre Doha et Washington est aujourd’hui normalisée. Et Doha abrite aujourd’hui 10 000 soldats américains et constitue la plus grande base militaire des Etats-Unis au Moyen-Orient.

En mai, lors d’une tournée au Moyen-Orient, Donald Trump s’est d’ailleurs chaleureusement affiché auprès des dirigeants qataris. A cette occasion, le riche Etat gazier, lui a offert un Boeing 747-8, estimé à 400 millions de dollars par des experts. Doha a indiqué qu’elle continuerait de jouer le rôle de médiateur dans la guerre à Gaza, tout en affirmant « se réserver le droit de répondre ».

Compromettre le processus de normalisation

L’épisode de ce mardi souligne, selon le quotidien new-yorkais, l’approche désordonnée de Donald Trump dans la guerre de Gaza, l’un des nombreux conflits mondiaux auquel il a promis de mettre fin. Depuis son arrivée au pouvoir, la stratégie du président américain a été marquée par des « échéances manquées », des « menaces vagues » et des « déclarations contradictoires » sur la manière dont Israël devrait atteindre son objectif d’éliminer la menace du Hamas, poursuit le journal.

L’attaque à Doha, unanimement condamnée par les dirigeants des pays de la région, pourrait par ailleurs compromettre l’une des grandes ambitions diplomatiques de Donald Trump, à savoir pousser le processus de normalisation des relations entre Israël et les Etats arabes. Tandis que les dirigeants d’autres Etats du Golfe, dont l’Arabie saoudite, pourraient rapidement se demander si, malgré leur proximité avec Washington, Israël peut les frapper en toute impunité comme le Qatar, conclut CNN.



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Publish date : 2025-09-10 17:45:00

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