L’Express

Pourquoi le Hamas risque de rejeter le « plan Trump » sur Gaza : « Leur mentalité est similaire à celle des talibans »

Pourquoi le Hamas risque de rejeter le « plan Trump » sur Gaza : « Leur mentalité est similaire à celle des talibans »

Une « paix éternelle » au Moyen-Orient, potentiellement « l’un des plus grands jours de notre civilisation ». Même pour Donald Trump, l’exagération a atteint des niveaux inédits, ce 29 septembre, dans le bureau Ovale. Le président américain présentait son plan pour la bande de Gaza, aux côtés de Benyamin Netanyahou, avec le projet de mettre fin à la guerre, de désarmer le Hamas et de garantir qu’aucun Palestinien ne sera expulsé. Si son initiative a été saluée par la communauté internationale, dont la France, la démarche paraît vouée à l’échec, au moins à court terme.

Au-delà des doutes sur la sincérité de Benyamin Netanyahou, qui a fait modifier certaines clauses à la dernière minute, les conditions imposées au Hamas rendent l’accord du groupe terroriste presque impossible. Le plan prévoit de désarmer le mouvement palestinien et d’interdire sa participation politique dans la bande de Gaza, en échange d’une amnistie pour ses combattants et d’un « passage sûr vers des pays d’accueil ».

Une offre raisonnable en apparence, que balaie pourtant un diplomate arabe proche des négociations. « La plupart des gens ne comprennent pas la mentalité du Hamas, qui est très similaire à celle des talibans, nous dit-il : ils sont heureux de mourir en combattant pour Gaza. Il est déjà arrivé que les Israéliens ou les Américains leur proposent des corridors pour évacuer la bande de Gaza, mais ils n’en veulent pas. Leur propre sécurité ne les intéresse pas, ils veulent se battre et rester sur leurs terres. » Pour le Hamas, accepter d’être désarmé reviendrait à capituler face à Israël, et peu importe si Trump leur a promis la « désintégration » en cas de refus.

Quelles garanties américaines lorsque les otages auront été libérés ?

Par ailleurs, la confiance est au plus bas entre les deux camps, mais aussi avec les médiateurs. Il y a moins d’un mois, le 9 septembre, l’armée israélienne bombardait le QG du Hamas au Qatar, provoquant une crise diplomatique majeure au Moyen-Orient. Si Netanyahou s’est excusé auprès du Premier ministre qatarien depuis la Maison-Blanche, le gouvernement israélien a montré qu’il n’avait aucune limite pour éliminer des membres du Hamas.

Dans ce contexte, les garanties données au groupe terroriste, dans le texte de Donald Trump, paraissent minces. « Le plan américain favorise clairement Israël, poursuit le diplomate d’un pays arabe. Certains éléments ont été retirés des versions précédentes du texte, comme une deuxième phase de libération des otages. Les Israéliens voulaient absolument que tous les otages soient relâchés dès le début, mais le Hamas exige des garanties pour que Netanyahou ne reprenne pas le combat à la minute où il n’y a plus d’otages… La contrepartie est essentiellement une garantie américaine, qui repose sur l’autorité que Trump peut avoir sur le gouvernement israélien. » L’attitude de Netanyahou qui, dans un message en hébreu, a assuré que « jamais l’armée israélienne ne quittera la bande de Gaza », met déjà en danger les négociations.

Autre obstacle : le calendrier imposé par Donald Trump. Le président américain souhaite une réponse du Hamas d’ici la fin de semaine mais, depuis qu’Israël a tué une grande partie des dirigeants de l’organisation palestinienne, les délais pour contacter sa branche militaire dans la bande de Gaza se sont allongés. « Parfois, leurs réponses mettent deux jours à arriver, parfois cinq, explique le diplomate proche des négociations. Nous n’avons aucune idée de la manière dont les membres du Hamas communiquent, mais il est évident qu’ils ne partagent pas un groupe WhatsApp ou qu’un coup de téléphone ne suffit pas. » De même pour la libération des otages : Trump exige qu’ils soient tous relâchés dans les 72 heures suivant un éventuel accord, alors que même le Hamas ne connaît pas forcément leur localisation exacte, surtout ceux aux mains d’autres groupes djihadistes, et éprouve d’immenses difficultés à communiquer sur le terrain.

Ce plan Trump a au moins le mérite de relancer les négociations et d’offrir de nouvelles perspectives à Gaza. Mais le discours du président américain, qui laissera les mains libres à Netanyahou si le Hamas rejette son deal, peut aussi faire craindre le pire. « Il est probable que le Hamas rejette le plan de Trump, soit directement soit en ajoutant de nouvelles conditions, écrit dans une note l’Institute for National Security Studies, le principal think-tank de défense israélien. Dans ce cas, cette initiative ne permettra ni de relâcher les otages ni d’enclencher le mécanisme pour désarmer le Hamas et démilitariser l’enclave à l’aide de forces non-israéliennes. Toutefois, ce plan crée les conditions pour relégitimer le combat militaire d’Israël contre le Hamas, à la fois en interne et auprès de la communauté internationale. »



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/pourquoi-le-hamas-risque-de-rejeter-le-plan-trump-sur-gaza-leur-mentalite-est-similaire-a-celle-des-RHKV4CR3IJAX7JXNZFOESMLQUM/

Author : Corentin Pennarguear

Publish date : 2025-09-30 16:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express
Quitter la version mobile