Relancer l’industrie du charbon en déclin. C’est la dernière annonce faite par la Maison-Blanche, qui compte allouer 625 millions de dollars et 5,3 millions d’hectares de terres publiques à cette fin. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre d’une série d’initiatives lancées par plusieurs agences américaines – dont l’agence de protection de l’environnement – en faveur des énergies fossiles. Et ce, sous couvert, dit l’administration Trump, de « produire plus d’électricité » nécessaire au fonctionnement de l’intelligence artificielle.
« Il s’agit d’un secteur clé pour notre pays », a déclaré lundi 29 septembre le secrétaire à l’Intérieur Doug Burgum lors d’une conférence de presse retransmise en direct, aux côtés de représentants des deux autres départements. « Il est important pour le monde entier, et il continuera de l’être pendant longtemps », a-t-il affirmé, soulignant la capacité du charbon à doper l’économie et à créer des emplois.
Le charbon, combustible fossile le plus polluant et le plus coûteux, a connu un déclin rapide au cours des 30 dernières années, les Etats-Unis ayant réduit de moitié leur production entre 2008 et 2023, rapporte le Guardian. Et ce sous le coup des régulations environnementales, combinées à la montée en puissance du gaz naturel et des énergies vertes ces dernières années. Dans cet esprit, Joe Biden avait d’ailleurs suspendu les concessions charbonnières sur les terres fédérales lorsqu’il était au pouvoir.
Colère des défenseurs de l’environnement
Ainsi, alors que les centrales à charbon fournissaient environ 50 % de l’électricité américaine en 2000, elles ne comptaient que pour 15 % de leur production en 2024, selon l’agence de l’information sur l’énergie. L’an dernier, les énergies éoliennes et solaires ont même produit à elles seules plus d’électricité que le charbon aux Etats-Unis, une première selon l’Agence internationale de l’énergie, qui prévoit qu’un tel scénario pourrait se répliquer à l’échelle mondiale d’ici la fin 2026.
C’était toutefois sans compter les récentes annonces de l’administration Trump, qui ont immédiatement fait bondir les ONG de défense de l’environnement. « L’administration Trump distribue l’argent de nos impôts, durement gagné, aux propriétaires de centrales à charbon dont le fonctionnement coûte plus cher que celui des nouvelles énergies propres », a déploré Amanda Levin, directrice de l’analyse politique au sein de l’ONG Natural Resources Defense Council, citée par le Guardian. Et d’ajouter : « Il s’agit d’un gaspillage colossal de notre argent à un moment où le gouvernement fédéral devrait encourager les nouvelles sources d’énergie capables d’accompagner l’essor de l’IA et de réduire les factures d’électricité des familles en difficulté ».
Scepticisme des analystes économiques
Concrètement, le nouvel investissement de 625 millions de dollars mené par l’administration Trump comprend 350 millions de dollars pour « moderniser » les centrales à charbon, 175 millions de dollars pour des projets charbonniers censés « fournir une énergie abordable et fiable aux communautés rurales », et 50 millions de dollars pour moderniser les systèmes de gestion des eaux usées afin de prolonger la durée de vie des centrales à charbon.
Les analystes restent toutefois sceptiques quant à une augmentation durable de la consommation de charbon aux Etats-Unis, car l’économie s’est orientée vers des combustibles moins émetteurs de C02. Interrogé par l’agence Reuters, le PDG de US Global Investors a ainsi relativisé le potentiel économique de ces changements : « Le charbon pourrait connaître un regain temporaire grâce à l’assouplissement de la réglementation, et certains investisseurs pourraient en tirer profit à court terme. Mais à long terme, je pense que l’issue est inévitable », a-t-il souligné.
Risques pour la santé
Depuis le début du second mandat de Donald Trump, son administration a multiplié les initiatives en faveur des énergies fossiles, donnant tout d’abord son feu vert à la relance des concessions minières, puis prolongeant la durée de vie de certaines centrales à charbon, dont certaines ont même été exemptées des règles fixées par l’Agence de protection de l’environnement. Et ce alors même que la pollution due au charbon a été associée à des centaines de milliers de décès au cours des deux dernières décennies.
Une étude de janvier 2025 chiffre d’ailleurs son coût à plusieurs dizaines de milliards. A en croire les experts, « les émissions issues du charbon coûteraient aux Américains entre 13 et 26 milliards de dollars (11 et 22 milliards d’euros, NDLR) par an en visites supplémentaires aux urgences, en accidents vasculaires cérébraux et en accidents cardiaques, ainsi qu’en augmentation de la prévalence et de la gravité des cas d’asthme infantile ». Pas de quoi décourager Donald Trump, qui maintient, à rebours du consensus scientifique, que les émissions de ces centrales ne sont « pas significatives ».
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Publish date : 2025-09-30 17:15:00
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