En tant qu’auteur, Philippe de Villiers n’est pas né de la dernière pluie. En 1989, alors âgé de 40 ans, le député et président du conseil général de la Vendée publie chez Albin Michel un premier livre au titre déjà évocateur : Lettre ouverte aux coupeurs de tête et aux menteurs du Bicentenaire. Suivent dans les années 1990 des essais contre le traité de Maastricht, un Dictionnaire du politiquement correct à la française et d’autres textes aux titres alambiqués, comme La Société de connivence, ou comment faire avaler des serpents à sonnette. Les années 2000 sont moins prolifiques pour l’homme du Puy du Fou, encore qu’on note Les Turqueries du grand mamamouchi (un pamphlet contre Chirac) ou Les Mosquées de Roissy, dont le bandeau annonce de « nouvelles révélations sur l’islamisme en France ».
Au début des années 2010, toujours homme politique (en tant que président du Mouvement pour la France), Philippe de Villiers se spécialise dans la réécriture du roman national avec des biographies de Charette, saint Louis et Jeanne d’Arc (environ 25 000 exemplaires en grand format pour chacun de ces livres). Jusque-là, bien que déjà identifié par le grand public, il n’aura été qu’une incarnation désuète d’un souverainisme que l’on pensait cantonné à une niche.
Un livre vendu à 250 000 exemplaires
C’est en 2015 que, libéré de son mandat de député européen, Philippe de Villiers explose véritablement comme écrivain avec Le Moment est venu de dire ce que j’ai vu, qui s’arrache à 250 000 exemplaires. Eric Zemmour est alors la star de ce segment éditorial avec son Suicide français, vendu à plus de 300 000 exemplaires en 2014. Alternativement camarades et rivaux, les deux hommes se tirent la bourre en librairie. Zemmour va se maintenir très haut jusqu’en 2021 (La France n’a pas dit son dernier mot, 300 000 exemplaires) avant de chuter – il a perdu plus des deux tiers de son lectorat avec Je n’ai pas dit mon dernier mot, paru en 2023. Tout en persévérant dans les biographies (Clovis et Louis XIV), Villiers a tiré son épingle du jeu grâce à ses essais, dont Les Cloches sonneront-elles encore demain ? (plus de 100 000 exemplaires en 2016) et d’autres livres affublés de titres bien dans son style, tels J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu ou Les Gaulois réfractaires demandent des comptes au Nouveau Monde.
Ventes de livres : aux racines du phénomène Philippe de Villiers
Si la valeur n’attend point le nombre des années, l’exposition médiatique survient parfois avec le grand âge. A 77 ans, Villiers a droit à son émission hebdomadaire (Face à Philippe de Villiers) à la fois sur CNews et sur Europe 1. Apparaissant très régulièrement en couverture du JDNews, il n’existe pas que dans la sphère de Bolloré : on le voit aussi chaque année en « une » du Figaro Magazine et de Valeurs actuelles. Cette omniprésence paie. Avec Mémoricide, il a récidivé l’an dernier avec son record de 250 000 exemplaires. Populicide fera-t-il encore mieux ? Le texte est « époustouflant » selon le bandeau. Nous suspendrons pour notre part notre jugement sur le plan littéraire, mais constaterons objectivement des ventes mirifiques, au rythme de 10 000 exemplaires par jour depuis la parution du livre…
En guise de conclusion, remarquons qu’il fait bon s’appeler Villiers quand on publie des livres : le frère cadet de Philippe, le général Pierre, a lui aussi déjà atteint les 150 000 exemplaires avec Qu’est-ce qu’un chef ? ou Servir ; et son petit-fils Jacques, 22 ans, a vendu cette année plus de 20 000 exemplaires de son premier roman (naturellement historique), Le Bâtard du Roussillon. Des chiffres qui paraîtraient certes dérisoires à Gérard de Villiers (qui, malgré cette homonymie, n’avait pas de lien de parenté avec Philippe). Quant au grand Villiers de l’Isle-Adam, l’auteur culte des Contes cruels, c’est encore une autre histoire…
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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld
Publish date : 2025-10-17 16:19:00
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