L’Express

« Les millionnaires vont fuir » : à New York, le programme (très) socialiste de Zohran Mamdani

« Les millionnaires vont fuir » : à New York, le programme (très) socialiste de Zohran Mamdani

Gel des loyers, gratuité des bus et des crèches, épiceries publiques, taxation des hauts revenus et des entreprises, hausse du salaire minimum… Ceci n’est pas le tract de campagne d’un écologiste français aux prochaines municipales, mais le programme de Zohran Mamdani pressenti pour devenir le prochain maire de New York. La capitale mondiale de la finance, siège de nombreuses multinationales, est-elle prête pour un maire socialiste aux promesses aussi généreuses que coûteuses ? Dans l’Amérique de Donald Trump, une telle victoire, si elle se confirmait le 4 novembre prochain, ferait l’effet d’un séisme politique et économique, prévient Ken Girardin, chercheur associé au Manhattan Institute, un think tank libéral : une ville aussi complexe que New York, dotée d’un budget de quelque 116 milliards de dollars, et déjà confrontée depuis plusieurs années à l’érosion de son assiette fiscale, ne ressortirait pas indemne des propositions chocs du chouchou des sondages – et d’une partie de la presse américaine, qui le compare même à un nouveau JFK, malgré ses positions controversées, en particulier sur Israël. Pour L’Express, cet expert en finances publiques passe en revue les mesures les plus risquées promises par le candidat issu de l’aile gauche du parti démocrate. Non seulement ces promesses auront l’effet inverse de celui escompté mais il ne faudra pas s’étonner si les investisseurs vont voir ailleurs, prévient-il : « Le risque d’un exode des millionnaires est bien réel ».

L’Express : Zohran Mamdani promet une série de mesures censées répondre au coût élevé de la vie : gel des loyers, gratuité des bus, mise en place d’épiceries municipales pour faire baisser les prix des produits de première nécessité, une garde d’enfants gratuite pour les enfants âgés de 6 semaines à 5 ans… Vous portez un regard critique sur ces propositions mais, nuancez-vous, toutes n’auraient pas le même impact négatif sur l’économie. Pourquoi ?

Ken Girardin : Oui. Je suis surpris par exemple que sa proposition de créer des épiceries publiques ait reçu une telle attention. Cela me semble totalement disproportionné car ça ne modifierait pas le marché de manière significative. La proposition la plus importante et la plus perturbatrice serait la mise en place d’un système de garde d’enfants universel. Cela impliquerait un coût énorme, que la campagne de Mamdani n’a pas estimé. A cela s’ajoute un autre aspect : Mamdani souhaite aligner les salaires des personnels de la petite enfance sur ceux des enseignants du public. Or, si vous commencez à payer des salaires d’enseignants new-yorkais — qui sont bien plus élevés que ceux du secteur de la garde d’enfants — à un très grand nombre de personnes, sans appliquer de conditions de ressources aux bénéficiaires, vous prenez le risque de déséquilibrer le marché du travail, de fragiliser d’autres services publics essentiels comme la santé et les services sociaux, et de mettre les entreprises privées en difficulté face à la concurrence du public. On a déjà observé ce genre de perturbation lorsque l’État a relevé les salaires dans le secteur public : soudain, les entreprises privées doivent s’aligner, sans en avoir toujours les moyens. Ce n’est pas un scénario où « la marée montante soulève tous les bateaux » : certaines entreprises sombrent, d’autres sont contraintes d’automatiser, et ces emplois disparaissent complètement. C’est pourquoi la proposition sur la garde d’enfants est, à mon sens, la plus déstabilisatrice de l’ensemble du programme.

La gratuité des bus me semble également une mesure inquiétante. Si vous cessez de percevoir les tarifs dans les transports en commun, vous allez avoir des personnes qui prennent le bus, non pas pour se déplacer, mais simplement pour y rester. Vous mettrez les chauffeurs de bus dans une situation très difficile, où ils devront faire face à des comportements plus problématiques, tels que la consommation de drogues, à bord. Enfin, la proposition de rendre gratuite l’université publique (City University of New York) aurait un impact budgétaire de plusieurs centaines de millions de dollars, et ce, avant même de prendre en compte l’augmentation prévisible de la fréquentation. Ce sont des coûts dont personne n’a encore parlé, ce qui au passage, illustre parfaitement le danger de promettre la gratuité en matière de politique publique : on ne sait pas vraiment quel sera le niveau de demande induite que cela va générer.

En matière d’immobilier, la promesse de gel des loyers dans les logements dits « stabilisés » (environ un tiers des logements à New York) a été beaucoup commentée. Qu’en pensez-vous ?

Nous avons déjà eu un aperçu de ce qu’une telle politique peut donner avec la réforme adoptée en 2019 par l’Etat de New York, qui a provoqué des changements radicaux en matière de régulation des loyers (notamment en instaurant un plafond sur les hausses de loyer liées aux rénovations, ndlr). Depuis cette loi, de nombreux logements sont volontairement laissés vacants car les propriétaires ne peuvent pas fixer un loyer suffisamment élevé pour justifier les travaux nécessaires à leur remise en location. Les perdants dans ce système, ce sont d’abord les futurs locataires : les personnes qui ne trouvent pas de logement, qui ne peuvent pas venir s’installer à New York ou changer d’appartement. Mais ce sont aussi les autres locataires des mêmes immeubles, parce que cela réduit le budget d’investissement qui pourrait être consacré à l’entretien général du bâtiment. Ce déséquilibre a contribué à créer la situation actuelle, dans laquelle l’écart entre la réalité économique de l’immobilier résidentiel et la perception qu’en a le public n’a sans doute jamais été aussi grand. Mamdani n’y est évidemment pour rien mais ce qu’il propose – un gel des loyers pendant quatre ans – risque d’aggraver la situation. Je ne me prononcerai pas sur ses chances de succès, en partie parce qu’il faudrait encore attendre la position du Rent Guidelines Board (Comité de réglementation des loyers). Mais si jamais un gel était décidé, il serait très probablement contesté en justice. D’ailleurs — et c’est une parenthèse importante — les tribunaux fédéraux ont déjà commencé à remettre en question certains fondements juridiques des politiques de régulation des loyers.

Reste qu’il existe un réel problème autour des loyers. Selon un rapport publié par le site immobilier StreetEasy, entre 2022 et 2023, les salaires n’ont progressé que de 1,2 %, tandis que les loyers, eux, ont grimpé de plus de 8,5 %. Certaines familles sont contraintes de quitter New York. Comment expliquer une telle envolée ?

Tout d’abord, les politiques locales en matière de logement à New York et dans ses environs ont, pendant de nombreuses années, rendu plus difficile l’augmentation de l’offre sur le marché privé. Cela commence à changer, les réformes dites City of Yes en sont le principal exemple à New York. Cependant, le « logement » n’est pas un produit monolithique. Une famille qui vient d’avoir son troisième enfant a des besoins très différents de ceux d’un jeune diplômé qui souhaite déménager à l’autre bout du pays ou d’un couple dont les enfants ont quitté le nid familial et qui souhaite réduire la taille de son logement tout en restant dans la ville.

Une partie de la hausse des loyers provient des perturbations causées par le Covid. La pandémie a bouleversé les flux migratoires habituels, et on en ressent encore les effets un peu partout aux États-Unis. Le roulement normal dans le parc immobilier a été interrompu. Cela se ressent même en dehors de la ville. De nombreux New-Yorkais sont partis à la retraite de façon anticipée, ce qui a fait grimper les prix de l’immobilier dans les comtés ruraux et suburbains, réduit l’offre disponible, ralenti les déménagements d’autres personnes et entraîné une hausse générale des coûts.

Ensuite, il y a eu la réforme de 2019 sur les loyers, adoptée par l’Etat de New York, qui a entravé les incitations économiques à remettre des logements sur le marché. A cela s’ajoute le poids des taxes foncières, qui pèsent sur les revenus nets des propriétaires, limitant ainsi leur capacité à rénover ou à construire de nouveaux logements. Depuis les années 2000, plusieurs quartiers ont par ailleurs été « dédensifiés », ce qui a rendu la construction de logements plus difficile. Une note d’espoir malgré tout : le programme City of Yes (une initiative récente de la municipalité visant à réformer les règles d’urbanisme, ndlr) est sans doute le plus grand virage en matière de planification urbaine depuis une génération : l’objectif est de créer 82 000 nouveaux logements à New York. C’est une bonne chose, mais certains blocages subsistent. Chaque membre du conseil municipal dispose d’un droit de veto effectif sur certains projets, ce qui est souvent utilisé pour bloquer des initiatives menées par le secteur privé. Par exemple, certaines conditions imposent qu’au moins 50 % des logements soient abordables, ce qui remet totalement en question la rentabilité d’un projet.

Chaque fois qu’un service devient gratuit, on s’expose à une forme de pénurie ou de rareté

Cette obsession pour le logement abordable empêche d’exploiter pleinement tout le potentiel du parc immobilier.

C’est-à-dire ?

Si le conseil municipal avait adopté une approche plus axée sur le marché au cours de la dernière décennie, en mettant moins l’accent sur les restrictions de revenus, nous aurions probablement vu davantage de logements, certainement de luxe, mais cela aurait tout de même profité à tout le monde. En effet, les personnes qui s’installent dans des logements haut de gamme libèrent des appartements de gamme moyenne ou populaire. Mais nous avons une politique du logement tellement rigide qu’elle a largement contribué à la crise actuelle. Regardez Austin, au Texas, notamment, où il y a eu beaucoup moins de restrictions sur la construction, tant en matière de zonage que de logements abordables. Résultat : les loyers ont commencé à baisser, car le marché a pu jouer son rôle. Trois questions référendaires, si elles sont approuvées par les électeurs de la ville en novembre, permettraient également d’augmenter la production de logements, notamment en affaiblissant le droit de veto des membres du conseil municipal et en simplifiant les rezonages modestes dans les quartiers à faible densité.

Le coût de la vie a fortement augmenté pour les New-Yorkais depuis 2020. Zohran Mamdani n’a-t-il pas visé juste en axant son programme sur le pouvoir d’achat ? N’est-ce pas l’une des clés de son succès ?

Vous avez raison, il a clairement su capter une préoccupation majeure liée à l’accessibilité financière et au coût de la vie, qui ont augmenté. Mais il y a une différence entre exprimer des frustrations largement partagées et proposer une solution efficace. Il convient de distinguer entre laisser le marché faire baisser les coûts grâce à la concurrence et faire baisser les prix à l’aide de subventions. On voit de nombreux exemples où le fait de faciliter l’entrée de nouveaux acteurs ou de réduire les taxes sur les biens et services permet de faire baisser les prix. L’inverse est également vrai : limiter cette concurrence ou augmenter les taxes fait grimper les coûts pour les clients. Nous le constatons dans tous les domaines, du logement aux soins de santé.

La garde d’enfants est également une préoccupation majeure pour de nombreuses personnes. Cela s’explique en partie par des facteurs plus larges, comme la baisse de l’immigration à New York et les perturbations causées par le Covid. Mais New York a aussi bouleversé le marché de la garde d’enfants ces dernières années en augmentant le salaire minimum et en offrant la maternelle gratuite, ce qui a perturbé l’équilibre économique de nombreux prestataires privés, puisque ces enfants plus âgés étaient en moyenne les moins coûteux à prendre en charge.

Le programme de Zohran Mamdani « ne fait pratiquement rien pour rendre les biens et services de la ville moins chers », affirmez-vous. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Les biens et services deviennent moins chers lorsque davantage de personnes peuvent les offrir à des prix plus bas. Il y a eu un moment intéressant où Mamdani a réalisé une vidéo — et a soulevé un excellent point très pertinent ! – sur l’augmentation du prix d’un bol de poulet et de riz, qui est passé de 8 à 10 dollars. Une grande partie de cette hausse est liée aux politiques gouvernementales, en particulier au coût du permis de vendeur. Pendant un court instant, on aurait pu croire que nous allions enfin avoir une discussion sérieuse sur la responsabilité du gouvernement dans ces difficultés quotidiennes liées au coût de la vie. Malheureusement, cela n’a jamais eu lieu. Une grande partie du programme de Mamdani repose sur la subvention des biens et services, soit avec l’argent des contribuables, soit en transférant les coûts à d’autres. Cela n’améliore pas l' »accessibilité financière » sur le long terme.

Et certaines de ces propositions pourraient entraîner des conséquences néfastes. Ainsi, le gel des loyers peut faire basculer davantage d’immeubles dans l’insolvabilité. Cela a des effets négatifs pour les locataires. Quand on parle de transports en commun gratuits, on prend le risque de changements importants dans l’expérience des usagers ainsi que d’une dégradation de l’ordre et de la sécurité publique. Chaque fois qu’un service devient gratuit, on s’expose à une forme de pénurie ou de rareté, car la demande augmente sans que l’offre puisse toujours suivre. Et pour ce qui est de la garde d’enfants, comme je vous le disais, on risque non seulement de perturber l’économie du secteur, mais aussi de provoquer des effets secondaires importants dans d’autres pans de l’économie, en particulier dans les services sociaux.

Le financement du programme de Zohran Mamdani s’appuie sur deux leviers : une fiscalité accrue pour les hauts revenus et les entreprises, et un recours à la dette publique. Ce pari est-il tenable ?

Commençons par le début : nous n’avons encore vu aucune estimation complète du coût total des propositions faites. Le New York Times, il y a quelques jours, a bien publié des estimations, mais elles ne portaient que sur quatre éléments. Il n’y a eu aucune évaluation globale. La campagne de Mamdani est unique, car elle propose davantage de nouvelles dépenses que n’importe quelle autre campagne électorale municipale menée par un grand parti dans l’histoire de la ville. Supposons qu’il puisse financer ses propositions avec « seulement » 9 milliards de dollars de nouveaux impôts. Il a utilisé des calculs mathématiques flous pour expliquer d’où proviendrait cet argent. Par exemple, il a évoqué l’idée d’augmenter les taux d’imposition des entreprises pour les aligner sur ceux du New Jersey, mais il semble confondre ce que les entreprises paient à la ville de New York avec ce qu’elles versent à l’État de New York. Or, les entreprises doivent payer les deux. Et à l’ère du télétravail, beaucoup ont plus que jamais la capacité de déplacer leurs activités pour réduire leur exposition fiscale. Mais comme souvent avec Mamdani, c’est taxons d’abord, réfléchissons ensuite…

Du côté des recettes, Zohran Mamdani prévoit également une surtaxe de 2 % sur les revenus des New-Yorkais gagnant plus d’un million de dollars par an. Ses détracteurs affirment que cette mesure effraiera les investisseurs et accélérera le départ des New-Yorkais les plus riches vers des États du sud plus avantageux sur le plan fiscal, comme la Floride. Êtes-vous de cet avis ?

Oui, mais avec une nuance importante : la ville de New York ne prélève un impôt sur le revenu que sur ses résidents. Cela signifie que vous pouvez vous contenter de déménager en banlieue — dans le New Jersey, le sud du comté de Westchester ou le comté de Nassau — et éviter complètement ce qui équivaudrait à une taxe de près de 6 %. Nous entendons deux affirmations opposées mais tout aussi fausses concernant la politique fiscale de New York : certains affirment que les taux d’imposition sont le facteur le plus important dans le choix du lieu de résidence, tandis que d’autres affirment qu’ils n’ont aucune importance. La vérité se situe entre les deux.

Depuis des années, nous assistons à une érosion de l’assiette fiscale à New York. Par exemple, la part des millionnaires vivant dans l’État de New York a considérablement diminué au cours des 15 dernières années, depuis que l’État a procédé à d’importantes hausses d’impôts en 2009, les a prolongées, puis a lancé une nouvelle série d’augmentations en 2021. Cette hausse de 2021 a coïncidé avec une augmentation du taux de départs parmi les très hauts revenus. Le risque que les impôts de New York contribuent à l’exode est donc bien réel.

Et j’ajouterais ceci : il n’y a aucun principe de limitation dans le programme actuel de la DSA (Democratic Socialists of America). Autrement dit, quand ils affirment qu’il faut décommodifier le logement, leur vision ne laisse aucune place à la propriété privée. Et si l’on rejette la propriété privée et les dynamiques de marché, il est légitime que les gens se demandent : jusqu’où ira-t-on ? Car si l’on affirme qu’il faut un réseau électrique public, un système de santé public, une garde d’enfants publique, une banque publique, il n’est pas absurde que certaines personnes reconsidèrent leurs décisions d’investissement dans un tel État, alors qu’elles disposent de 49 autres options possibles… C’est pourquoi, à mon avis, si ce que nous pourrions appeler le « programme socialiste » au sens large était pleinement mis en œuvre, cela rendrait l’État de New York économiquement non compétitif et méconnaissable.

Zohran Mamdani a-t-il vraiment les moyens d’appliquer intégralement ce programme ?

En réalité, ce qui peut être mis en œuvre à l’échelle de la ville de New York dépend en grande partie de ce que le gouvernement de l’État de New York autorise. Par exemple, la législature de l’État contrôle le taux d’imposition sur le revenu des particuliers de la ville. Ainsi, plusieurs éléments du programme fiscal de Mamdani nécessiteraient l’approbation de l’État, lequel sera réticent à augmenter les impôts uniquement au bénéfice de la ville de New York. C’est une réalité politique classique : l’État voudra décider comment les fonds sont dépensés, même si la ville est la principale bénéficiaire. Il est donc peu probable que la ville bénéficie dollar pour dollar de tout ce que ferait Albany (le gouvernement de l’État, ndlr). À son crédit, la gouverneure Kathy Hochul (démocrate, ndlr) s’est montrée préoccupée par l’érosion de la base fiscale, et reconnaît qu’on ne peut pas aller trop loin. On a déjà vu certains départs très médiatisés de New York. On a ainsi appris dans la presse récemment que JP Morgan compte désormais plus d’employés au Texas qu’à New York. Cela s’est fait presque en toute discrétion. Deux bourses s’apprêtent également à ouvrir au Texas. New York fait donc face à de nombreuses pressions concurrentielles qu’elle doit surveiller de près, et je pense que cela va freiner l’appétit d’Albany pour mettre en œuvre le programme complet de Mamdani.

La ville de New York n’aurait pas assez de ressources pour s’en sortir

Par ailleurs, ce qui m’inquiète le plus dans les finances de la ville de New York, c’est sa dépendance à des sources de revenus très volatiles. En particulier, les recettes de l’impôt sur le revenu. En 2009, lors de la crise financière mondiale, les recettes fiscales totales — impôt sur le revenu des particuliers, impôts sur les entreprises, impôt foncier — ont chuté d’environ 6 % en une seule année. Et la ville n’a pas actuellement assez de réserves pour faire face à une situation de ce genre à nouveau. Mais le danger, c’est que même dans le cas d’une récession traditionnelle, avec une baisse des recettes et une augmentation des besoins en services sociaux, la ville de New York n’aurait pas assez de ressources pour s’en sortir.

Selon un sondage de Gallup réalisé en septembre dernier, seulement 42 % des sympathisants démocrates ont une opinion favorable du capitalisme, tandis que 66 % ont une vision positive du socialisme. Comment expliquer cet engouement croissant pour le socialisme chez une partie des Américains ?

C’est un peu comme lorsque des personnes âgées contractent la varicelle, une maladie contre laquelle elles étaient immunisées il y a de nombreuses années, mais cette immunité s’estompe avec le temps. L’’immunité collective contre le socialisme s’est vraiment développée après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les gens ont constaté à quel point ce système avait échoué dans d’autres pays. Les gens l’ont fui à Cuba, en Chine, en Pologne, ils sont venus ici et ont mis en garde les gens contre ce système. Nous avons vu de nombreux exemples de ce qui se passe lorsque les planificateurs centraux tentent d’étouffer les signaux du marché. Et avec la chute de l’Union soviétique, l’essor des marchés en Chine et le boom de la prospérité dans le monde entier, il n’y avait plus de rappels concrets de ces échecs. Cela a laissé place au socialisme en tant qu’exercice intellectuel, et finalement en tant que ce que mon collègue Rob Henderson appelle « une croyance de luxe ».

Comment expliquez-vous que Zohran Mamdani soit populaire auprès de certaines catégories aisées (environ un tiers des électeurs new-yorkais les plus riches de la ville l’ont soutenu lors de la primaire, ndlr). Faut-il y voir le signe que, peut-être du fait de certains excès, le capitalisme a échoué à convaincre complètement ?

Il existe une forme de déconnexion. Le capitalisme ne s’explique pas lui-même, il se produit, simplement. Le capitalisme ne tient pas de rassemblements. Il ne fabrique pas de banderoles. C’est un système qui émerge naturellement dans un cadre fondé sur l’État de droit et le libre-échange. Nous avons du socialisme — je dirais même, du communisme — au niveau familial. Dans nos foyers. Mais dès que l’on tente d’organiser des interactions entre familles et de faire correspondre les besoins, les capacités, les ressources, les désirs… Le capitalisme finit inévitablement par apparaître. Peu importe le nom que vous lui donnez…



Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/ken-girardin-avec-zohran-mamdani-les-investisseurs-fuiront-new-york-en-masse-MSR2X7WNZ5AUXNM5VD35XLLL3E/

Author : Laurent Berbon

Publish date : 2025-10-19 16:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express
Quitter la version mobile