C’est une pluie meurtrière, qui chaque nuit ou presque, s’abat sur l’Ukraine. Des drones, des missiles, des bombes téléguidées. Lancés vers les infrastructures ou les quartiers de villes, dans le but de détruire, de tuer, de répandre la peur à Kiev, Kherson ou Odessa.
Cette guerre se déroule avec une intensité toujours plus forte et des munitions toujours plus nombreuses. Donald Trump a fini par le comprendre : non seulement Vladimir Poutine n’est pas prêt à négocier, mais il ne cesse de renforcer son arsenal, d’affûter de nouvelles armes. Comme le « Tchernobyl volant », surnom du nouveau missile russe à propulsion nucléaire, qui a réussi son essai final le 21 octobre. Ou comme ces deux millions de réservistes russes, qui, grâce à une nouvelle loi en cours d’adoption, pourraient être mobilisés pour rejoindre les 700 000 soldats russes présents en Ukraine, selon The Institute for the study of war (ISW).
Un choc face à la Russie
Face à cette logique implacable, le chef d’État-major des armées françaises, Fabien Mandon, sait de quoi il parle quand il déclare que nous devons nous tenir prêts pour « ce choc face à la Russie dans trois ou quatre ans ». Et comment l’éviter sinon en aidant l’Ukraine, plus que jamais ? Volodymyr Zelensky porte ce discours sans relâche depuis trois ans et demi. Lui sait le danger russe, cette ligne de front qu’il faut stabiliser à tout prix, ces centaines de drones russes que son armée tente chaque nuit d’intercepter. Mais les armes et l’argent manquent, même si la Suède vient de promettre 150 avions Gripen et la France s’est engagée à livrer de nouveaux Mirage et des missiles Aster.
Si Europe et Etats-Unis ont fourni depuis 2022 à parts égales un volume annuel de 60 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine, cette année, le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, marque un tournant : depuis la fin de l’été, le robinet américain s’est tari. « Le défi, pour les Européens consiste à doubler la mise s’ils veulent maintenir le niveau d’aide à Kiev », calcule François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique.
En sont-ils capables, à l’heure des tours de vis budgétaires et au moment où chaque pays doit accroître son propre effort de réarmement ? Oui, à condition de puiser dans les actifs russes gelés en Europe. Une manne de 250 milliards d’euros, dans laquelle les Européens entendent prélever 140 milliards, grâce à une ingénierie financière aussi créative que complexe. Si les Belges hésitent encore, l’Allemagne, longtemps très réticente, a fini, sous l’impulsion du chancelier Merz, par se rendre à l’évidence : ce pactole, découpé en tranches annuelles, offre une vraie planche de salut pour l’Ukraine. « Cela permet de financer l’aide militaire à l’Ukraine, en sollicitant le contribuable russe et non le contribuable européen », résume François Heisbourg, avocat de cette solution. Un scénario auquel la France, longtemps méfiante, a fini par se rallier, et qui devrait voir le jour dès qu’un accord sera trouvé avec le gouvernement belge – certainement avant la fin de l’année. Les bonnes nouvelles sur le front de l’Est ne sont pas nombreuses : celle-ci, fruit d’un accord européen, mérite d’être soulignée.
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Author : Eric Chol
Publish date : 2025-10-29 05:30:00
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