Quoi de neuf en Gaule, où Astérix en Lusitanie (excellent épisode) approche déjà du million d’exemplaires vendus ? On sait qu’une certaine zizanie règne dans notre pays : elle saute aux yeux quand on compare notre classement des essais et celui des romans. Du côté des essais, après Philippe de Villiers et Eric Zemmour, c’est au tour de Jordan Bardella de revenir avec Ce que veulent les Français (Fayard). L’an dernier, Ce que je cherche avait atteint les 230 000 exemplaires. Bardella rééditera-t-il cette performance ? En attendant de savoir à combien il finira, on ne peut que constater la domination des éditions Fayard : outre Bardella 1er, on note que Zemmour est 2e avec La Messe n’est pas dite, de Villiers 4e avec Populicide et Gilles-William Goldnadel 7e avec Vol au-dessus d’un nid de cocus. L’inquiétude vis-à-vis de LFI et la nostalgie d’un pays perdu complètent le tableau : Omar Youssef Souleimane est 5e avec Les Complices du mal (Plon) et Franz-Olivier Giesbert 6e avec Voyage dans la France (Gallimard). Gabriel Zucman fait figure d’intrus avec Les Milliardaires ne paient pas d’impôt sur le revenu et nous allons y mettre fin (Seuil).
Si on n’est pas obligé de croire au roman national tel que le réécrivent Villiers et consorts, on n’est pas non plus forcé de souscrire à la vision que Laurent Mauvignier propose du XXe siècle dans La Maison vide (Minuit), où il déconstruit de façon démagogique son histoire familiale. Grâce à cette fresque de 750 pages parfois mesquine envers certains de ses aïeux (on plaint notamment l’arrière-grand-père de l’auteur…), Mauvignier a décroché mardi le prix Goncourt. Avec déjà plus de 80 000 exemplaires écoulés, il est parti pour être ce qu’on appelle dans le milieu « un bon Goncourt » (comprendre : dans les 400 000 exemplaires). On se doute que Mauvignier n’est pas un inconditionnel de Bardella. Est-il pour autant un écrivain de gauche (si tant est que cette dénomination veuille dire quelque chose) ?
Millet fan de Mauvignier ?
L’autre jour, sur Europe 1, Pascal Praud recevait Richard Millet. Interrogé sur La Maison vide, l’auteur qui fit jadis polémique avec son Eloge littéraire d’Anders Breivik commençait ainsi : « Pour une fois, les Goncourt ont couronné un véritable écrivain. D’habitude ce sont des semi-écrivains, ou des arrangements entre éditeurs. » Il ajoutait : « C’est très talentueux, un beau livre. » Et concluait : « Mauvignier a un style – ou une écriture, si vous voulez faire plus chic. C’est rare. » Millet fan de Mauvignier ? C’est à croire qu’il avait bu une étrange potion magique avant d’entrer dans le studio de la radio…
Le palmarès de L’Express.
A propos de produits dopants, rappelons que certains grands prix, prescripteurs, boostent les ventes à partir de début novembre et jusqu’aux fêtes de fin d’année. Emmanuel Carrère n’avait pas besoin du prix Médicis obtenu pour Kolkhoze (P.O.L) pour être 4e du classement des romans, mais on devrait dès la semaine prochaine y voir remonter Nathacha Appanah, prix Femina pour La Nuit au cœur (Gallimard) et Adélaïde de Clermont-Tonnerre, prix Renaudot pour Je voulais vivre (Grasset), excellent livre où elle réhabilite avec panache et finesse le personnage de Milady. Avis aux vrais amoureux de la France et de sa littérature : oubliez Bardella et Mauvignier, et votez pour Clermont-Tonnerre !
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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld
Publish date : 2025-11-07 17:34:00
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