Tabatières, boîtes à mouches ou à poudre, bonbonnières, nécessaires de couture, d’écriture ou encore « vinaigrettes » – pour les parfums -, ces objets précieux ont connu leur heure de gloire au XVIIIe siècle, période pendant laquelle les familles régnantes, l’aristocratie comme la haute bourgeoisie les collectionnaient et les utilisaient au quotidien pour afficher leur statut social. Cet engouement s’est maintenu au XIXe siècle pour s’éteindre lentement à l’orée du XXe siècle. Aujourd’hui ces témoignages du raffinement des classes dirigeantes sont recherchés par des collectionneurs passionnés. Cette niche du marché de l’art, de petite taille car les acheteurs ne sont pas nombreux, n’est pas spéculative et l’on trouve aisément de belles boîtes dans une large gamme de prix.
« Le XVIIIe siècle marque l’apogée dans la fabrication de ces boîtes qu’on glissait dans une poche, posait sur un bureau ou sur une table de toilette et qu’on appelle objets de vertu, en raison – selon une des nombreuses interprétations sujettes à discussion – des protestants français que l’on nommait ‘Vertueux’, qui émigrèrent en Angleterre et aux Pays-Bas lors de la révocation de l’édit de Nantes et dont beaucoup étaient des orfèvres accomplis », relate Elisabeth Simon, experte en orfèvrerie ancienne, argenterie et objets de vitrine.
Serties de pierres précieuses
Ces objets de vertu sont en effet des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie. Selon l’experte, « leur qualité d’exécution est remarquable ». Les orfèvres utilisent l’or, le vermeil, l’argent, le pomponne (métal à base de cuivre imitant l’or ou l’argent) mais aussi, pour une clientèle moins prestigieuse, des métaux plus communs et même le carton bouilli. Avec l’aide des meilleurs artisans, les boîtes sont serties de pierres dures ou précieuses, de nacre, d’émail, de laque, de micro-mosaïque ou de porcelaine.
Les fabricants, qui exercent principalement à Paris mais aussi en Allemagne, en Angleterre et en Suisse, suivent les modes de l’époque : le rococo sous Louis XV, le classicisme sous Louis XVI, l’inspiration antique sous Napoléon Ier, le style troubadour sous la Restauration… Les marchands-merciers assurent la commercialisation de ces boîtes qu’on retrouve dans toutes les cours d’Europe. Le roi Frédéric II de Prusse en aurait détenu plus de mille. La reine Marie-Antoinette y glissait ses pistoles, des chocolats en forme de pièces de monnaie dont elle raffolait. Quant à l’empereur Napoléon Ier, il les offrait à ses fidèles et en cadeaux diplomatiques.
On pourrait penser que ces objets sont hors de prix. Ce n’est pas toujours le cas car leur valeur dépend de nombreux critères. « La préciosité des matériaux est importante, précise Elisabeth Simon. Une boîte en or et pierres dures vaudra toujours plus qu’une tabatière en pomponne et émail ». Autre critère pouvant influer sur le prix : les poinçons. « De même que la virtuosité de la réalisation et le nom des orfèvres, poursuit Elisabeth Simon. Enfin, la provenance a beaucoup d’importance. Une tabatière ou une bonbonnière ayant appartenu à un personnage historique suscite toujours la convoitise des amateurs ».
Une boîte à priser de la fille de Louis XV
C’est ce qui explique l’estimation de 80 000 à 120 000 livres sterling donnée par la maison Bonhams pour une boîte à priser en or et porcelaine commandée en 1785 par Madame Adélaïde, fille de Louis XV et tante de Louis XVI. Issue de la collection Rothschild, elle sera vendue le 2 décembre prochain à Londres. L’expert de Bonhams, Raphaël Machiels, insiste sur la rareté de cette tabatière représentant les chiens de Madame et dont on trouve la mention dans les registres de vente de la manufacture de Sèvres. « Elle est de qualité muséale et mériterait d’être au château de Versailles », ajoute ce dernier.
Heureusement, on peut commencer une collection avec des pièces plus abordables. Pour moins de 1 000 euros, on trouve des boîtes d’époque Directoire en métal et écaille. A partir de 2 000 euros et jusqu’à 15 000 euros, l’amateur achètera des modèles en or et pierres dures ou porcelaine de très belle facture. Les objets de vertu d’exception se vendent, eux, entre 30 000 et 100 000 euros, voire beaucoup plus pour les pièces les plus rares et sophistiquées.
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Author : Robin Massonnaud
Publish date : 2025-11-08 09:00:00
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