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Rolex et lingots d’or : l’opération séduction de la Suisse qui a fait fléchir Donald Trump sur les droits de douane

Rolex et lingots d’or : l’opération séduction de la Suisse qui a fait fléchir Donald Trump sur les droits de douane

Après des mois d’impasse diplomatique, la Suisse peut enfin souffler. Frappée l’été dernier par les droits de douane américains parmi les plus élevés au monde, la Confédération helvétique a enfin trouvé un compromis avec Donald Trump, comme ce dernier l’a annoncé ce vendredi 14 novembre. En échange de plusieurs concessions sur la taxation de ses importations américaines, la Suisse voit ainsi ses droits de douane passer de 39 % à 15 %.

Le secteur privé suisse a également donné des garanties, promettant d’investir 200 milliards de dollars aux Etats-Unis d’ici à fin 2028. C’est justement l’implication des entreprises suisses, et plus directement de leurs patrons, qui a été déterminante pour la conclusion d’un accord tant attendu sur les droits de douane. Selon le Wall Street Journal, les poids lourds du tissu économique suisse ont œuvré en coulisses au cours de ces derniers mois, en parallèle des nombreux voyages diplomatiques des personnalités officielles. C’est peu dire que les grands patrons s’impatientaient, suivant de près les efforts répétés de la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter : l’économie du pays dépend fortement des exportations, dont 18 % sont destinées aux Etats-Unis.

Loge Rolex à l’US Open et lingots d’or

L’opération séduction a commencé dans la loge Rolex à l’US Open, début septembre. Donald Trump y avait été invité par le directeur général de la marque suisse de montres de luxe, Jean-Frédéric Dufour, pour regarder la finale du tournoi. En réponse à une sénatrice démocrate américaine, Rolex a par la suite démenti avoir tenté d’obtenir des exemptions de droits de douane sur ses produits et a indiqué n’avoir pas eu de discussion « substantielle » sur les tarifs imposés par Donald Trump. Le président est tout de même reparti avec quelques cadeaux, dont un pull de golf.

Quelques semaines plus tard, début novembre, plusieurs éminents chefs d’entreprises suisses ont rendu visite en personne au président américain. Selon Reuters, cette rencontre dans le bureau Ovale a notamment rassemblé la compagnie de transport maritime MSC, le groupe de luxe Richemont, le fonds d’investissement Partners Group, le négociant en matières premières Mercuria, le spécialiste des métaux précieux MKS et… Rolex. Dans leurs valises, là encore, se trouvaient quelques cadeaux glissés au cas où : des lingots d’or gravés au numéro des deux mandats présidentiels de Trump – 45 et 47 – et une horloge de table Rolex. Les deux présents ont été approuvés par le comité éthique de la Maison-Blanche et resteront dans la librairie présidentielle du président, précise le Wall Street Journal.

Une « initiative privée »

Outre les précieux cadeaux, les discussions ont tourné autour des effets négatifs des tarifs douaniers sur l’économie suisse, puis sur les investissements que les patrons suisses pouvaient faire aux Etats-Unis. Surtout, selon une publication du président américain sur son réseau social Truth social, les deux parties ont discuté de l’excédent commercial de la Suisse avec les Etats-Unis, un sujet qui irrite particulièrement Trump.

Selon l’agence Bloomberg, le gouvernement suisse a commenté une « initiative privée » de la part des patrons, toutefois « soutenue par le secrétariat aux affaires économiques ». L’exécutif helvète a d’ailleurs précisé qu’il restait lui-même chargé des négociations. Les patrons, eux, lui ont emboîté le pas en précisant dans une déclaration commune qu’ils n’avaient pas négocié directement avec Donald Trump mais plutôt soutenu l’action de leurs gouvernements. Il n’empêche que, la semaine suivante, le ministre suisse de l’économie Guy Parmelin s’envolait pour Washington afin de finaliser l’accord. Lui-même a reconnu que si des progrès avaient été faits dans les semaines précédentes, l’intervention du secteur privé a été « décisive », rapporte la RTS.

L’accord intervient après des mois de négociations infructueuses entre la Suisse et les Etats-Unis. Ces derniers avaient frappé l’Etat helvète de droits de douane à 39 % l’été dernier, lui qui pensait pourtant échapper aux 31 % initialement annoncés en avril par Donald Trump. Karin Keller-Sutter s’était ensuite précipitée à Washington pour tenter de sauver les meubles, sans succès.

L’accord durement arraché, qui devra être finalisé début 2026, prévoit la suppression de taxes sur des produits américains de la mer et certaines viandes, agrumes ou noix. Les investissements suisses devraient par ailleurs créer « des milliers d’emplois bien rémunérés » dans tous les Etats américains et dans tous les secteurs, se félicite la Maison-Blanche dans un communiqué. Les entreprises suisses, elles, ont exprimé un prudent soulagement.



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Publish date : 2025-11-15 16:36:00

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