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L’Elysée et CNews s’écharpent sur le projet de « labellisation » des médias d’Emmanuel Macron

L’Elysée et CNews s’écharpent sur le projet de « labellisation » des médias d’Emmanuel Macron

Le bras de fer entre l’Elysée et les médias du groupe Bolloré a franchi une nouvelle étape, lundi 1er décembre. Dans une vidéo publiée sur le réseau social X (ex-Twitter), la présidence a repris plusieurs extraits de CNews – notamment des éditoriaux de Pascal Praud et des interventions de Philippe de Villiers – pour les estampiller d’un message « Attention fausse information ». Une riposte claire aux critiques qui ont enflammé la droite et l’extrême droite depuis l’annonce par Emmanuel Macron d’un projet de « label » des réseaux sociaux et des sites d’information. L’occasion aussi pour le président de préciser que cette labellisation serait faite par des « professionnels des médias » : « Ce n’est pas l’Etat qui doit vérifier. Si c’est l’État qui doit vérifier, là ça devient une dictature ».

Pravda ?

Ministère de la vérité ?

Quand parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation… pic.twitter.com/PspZup1aXF

— Élysée (@Elysee) December 1, 2025

L’origine de la polémique remonte au mercredi 26 octobre. En déplacement à Arras (Pas-de-Calais) sur le thème de la démocratie à l’heure des plateformes, Emmanuel Macron a réitéré son souhait de voir émerger un « label » professionnel distinguant les réseaux et sites qui vivent de la publicité personnalisée de ceux qui produisent de l’information vérifiée. Une idée déjà discutée lors des États généraux de l’information et qui, selon Le Journal du dimanche (JDD), propriété de Vincent Bolloré, pourrait être confiée à l’Arcom, mais surtout à Reporters sans frontières. L’ONG est engagée depuis des mois dans un affrontement avec la chaîne CNews, qu’elle accuse de manquer de pluralisme.

Sur le plateau rouge et noir de CNews, la critique s’est immédiatement emballée. Pascal Praud a dénoncé « une tentation autoritaire » ainsi qu’une volonté d' »imposer un récit unique », allant jusqu’à comparer le projet macroniste à « la Pravda », en référence à l’ancien quotidien officiel du Parti communiste de l’Union soviétique. Quelques jours plus tôt, Philippe de Villiers, ex-élu de Vendée, fondateur du Puy du Fou et désormais tête d’affiche de la maison Bolloré, voyait dans ce projet de label « une menace totalitaire », décrivant la « macronie finissante » comme un danger « jamais aussi probable depuis la peste brune et la peste rouge ».

« Ministère de la Vérité »

La machine Bolloré a organisé la riposte. Dénonçant une volonté de « contrôle de l’information » ainsi qu’un « projet clair d’établir une hiérarchie des organes de presse », Le JDD a relayé les réactions de plusieurs politiques de droite et d’extrême droite. A commencer par l’ex-ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, selon qui « la France n’a pas besoin d’un ministère de la Vérité », référence au roman 1984 de George Orwell.

Une référence également reprise par le président du Rassemblement national, Jordan Bardella. Au micro de CNews, l’homme politique d’extrême droite rajoute : « La tentation d’Emmanuel Macron de toucher à la liberté d’expression est une tentation autoritaire, qui correspond à la solitude d’un homme […] qui a perdu le pouvoir et cherche à le maintenir par le contrôle de l’information. » Le président de l’UDR, Éric Ciotti a lui épinglé une « dérive illibérale », assimilée aux « pratiques de régimes autoritaires étrangers à la liberté française. »

Sur la chaîne de radio Europe 1, passée sous pavillon bolloresque depuis 2022, c’est François-Xavier Bellamy, député européen (Les Républicains) qui s’offusque : « La gauche pensait régner pour toujours sur l’information mais aujourd’hui il y a d’autres voix, comme la vôtre, et c’est ce qui dérange. » Toujours sur la même station, David Lisnard, maire de Nice et président de l’Association des maires de France, s’étrangle et évoque une « dérive liberticide particulièrement grave ».

Face à cette montée en pression, l’Elysée a donc opté pour la contre-attaque. « Quand parler de lutte contre la désinformation suscite de la désinformation… », résume la publication postée lundi soir. Reste que l’offensive présidentielle, en plus de raviver un affrontement déjà installé entre l’exécutif et les médias proches de Vincent Bolloré, a remis une pièce dans la machine. « Rassurez-moi : ce tweet de l’Élysée a bien été labellisé ? », s’est ainsi moqué Bruno Retailleau, qui a lancé ce mardi, comme Eric Ciotti, une pétition. Réponse du gouvernement : « Si c’est une pétition qui s’oppose à la labellisation de l’information par l’Etat, alors c’est une pétition contre quelque chose qui n’existe pas puisqu’il n’est en aucun cas et il ne sera jamais question d’une labellisation d’Etat », a martelé la porte-parole de l’exécutif Maud Bregeon lors du compte-rendu du Conseil des ministres.





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Author : Audrey Parmentier

Publish date : 2025-12-02 11:31:00

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