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Louvre : la galerie des Cinq Continents a ouvert ses portes

Louvre : la galerie des Cinq Continents a ouvert ses portes


Il y a vingt-cinq ans, six années avant l’ouverture du musée du quai Branly, qui porte aujourd’hui son nom en extension, Jacques Chirac inaugurait le pavillon des Sessions, faisant ainsi entrer l’art extra-occidental au Louvre après des décennies de polémique. En cette fin 2025, alors que ce manifeste d’une égalité entre les productions culturelles d’où qu’elles viennent n’est plus sujet à débat, l’espace conçu par Jean-Marie Wilmotte en 2000 s’est mué en galerie des Cinq Continents, sous l’égide des deux institutions parisiennes, qui s’en partagent le commissariat avec un mot d’ordre : mettre en relation ces cultures, dont la pluralité patrimoniale est désormais reconnue par tous. Le sanctuaire relooké a ouvert ses portes ce 3 décembre après quelques tâtonnements de dates, la visite de presse initialement prévue le 12 novembre ayant été repoussée, dans la précipitation, trois semaines plus tard : la faute au « casse du siècle » et au rapport désastreux sur les failles sécuritaires du musée livré par la Cour des Comptes qui en a résulté.

L’accès à la Galerie se fait par la méconnue porte des Lions, dont l’entrée, reconfigurée, permet d’accéder directement au premier étage, où les salles de peintures italiennes et espagnoles des XVIIe et XVIIIe siècles viennent d’être rénovées. Le hall d’accueil, sobrement refondu avec les matériaux d’origine, enrichi d’un vestiaire libre-service et d’un café-boulangerie avec vue sur le jardin du Carrousel, joue des contrastes entre parement en pierre claire et bois sombre. Au mur, les Liaisons de la Sud-Africaine et Néerlandaise Marlene Dumas – un ensemble de neuf portraits colorés – marquent l’arrivée de la première femme artiste contemporaine dans les collections permanentes du Louvre, s’est félicitée Laurence des Cars, la patronne de l’institution, critiquée par ailleurs pour sa politique d’acquisition menée au détriment des investissements prioritaires liés aux dispositifs de sûreté.

« Vierge et l’enfant », Espagne, Aragon, vers 1300. A dr. : « Maternité » attribuée au « Maître de Tintam », Mali, XIVe siècle.

Dans l’espace d’exposition proprement dit, 42 œuvres européennes, islamiques et asiatiques du Louvre et de Guimet ont été introduites au côté des 77 pièces d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et d’Amériques du Quai Branly pour dialoguer entre elles. Des couples se forment au gré de correspondances formelles ou symboliques, autour des grands thèmes universels que sont le pouvoir, le sacré, la nature, la naissance et la mort, à l’instar de cette Vierge à l’enfant espagnole façonnée au XIVe siècle, mise en regard avec une Maternité du Mali. « Des dénominateurs communs à des sociétés très diverses se font ainsi jour et l’on éprouve soudain l’intuition de notre humanité partagée », souligne Emmanuel Kasarhéou, à la tête du musée du quai Branly – Jacques Chirac.

Marc Ladreit de Lacharrière, qui a financé, par le bais de sa fondation, l’aménagement extérieur et l’espace d’accueil de la Galerie, pointe, quant à lui, « l’importance de ces œuvres porteuses de traditions et de significations profondes, qui éclairent le passé tout en invitant à penser au présent ». A l’entrée des lieux, trône d’ailleurs l’impressionnante statue du Lefem, donné par le mécène à Branly pour la galerie permanente créée à son nom en 2021. Cette sculpture à l’effigie d’un roi Bangwa au Cameroun annonce d’emblée la force visuelle, l’inventivité et la vitalité d’œuvres « lointaines » considérés il y a encore un siècle comme des « curiosités nègres ».



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Author : Letizia Dannery

Publish date : 2025-12-07 10:00:00

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