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L’Express

L’armée russe à la peine : « A ce rythme il leur faudra plus d’un siècle pour conquérir l’Ukraine »

Des soldats ukrainiens tirent depuis une position d'artillerie avec un char, dans l'oblast de Donetsk, en Ukraine, le 29 juin 2024




Aux températures caniculaires de ce début d’été en Ukraine s’ajoute sans discontinuer le feu des combats. Comme à plusieurs reprises ces dernières semaines, Moscou a revendiqué le 11 juillet la prise d’un nouveau village, Voskhod, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest d’Avdiivka, dans l’est du pays. Deux jours plus tôt, c’était Iasnobrodivka, à 10 kilomètres plus au sud. Dans un cas comme dans l’autre, moins de 100 habitants, à l’instar des milliers de hameaux qui constellent l’Ukraine. De maigres prises, bien loin de celles des villes autrement plus stratégiques d’Avdiivka, en février, ou de Bakhmout un an plus tôt.En dépit d’assauts ayant redoublé en intensité depuis le printemps, Moscou peine encore et toujours à afficher des résultats convaincants sur le front. « On peut difficilement parler de succès pour les Russes, confirme le général (2S) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale. Ils parviennent à grignoter un peu de terrain, mais à ce rythme, il leur faudra plus d’un siècle pour conquérir l’Ukraine. » Les chiffres ne jouent pas en faveur de Moscou : depuis le début de l’année, les Russes n’auraient mis la main que sur 560 km2 au prix de très lourdes pertes.Front stabilisé dans le nordFin mai, les renseignements britanniques avaient estimé le nombre de victimes quotidiennes moyennes au cours du mois à 1 200 – soit le niveau le plus haut depuis le début de la guerre – et leur nombre total à 500 000 (tués, blessés, capturés). Malgré ce lourd bilan humain, l’attaque surprise lancée le 10 mai au nord de l’Ukraine, dans la région de Kharkiv, fait aujourd’hui du surplace.A Vovchansk, petite ville de 17 000 habitants avant la guerre située à quelque 5 kilomètres de la frontière russe, les Ukrainiens tiennent toujours fermement leurs positions après deux mois de combats et bombardements intensifs. Pour tenter de continuer à progresser face aux contre-attaques localisées lancées par les forces de Kiev, l’armée russe a même été contrainte ces dernières semaines d’y redéployer des hommes. »L’armée russe avait reçu l’ordre de mettre la ville de Kharkiv [NDLR : capitale de la région du même nom] à portée de tir de l’artillerie pour pouvoir la bombarder, a commenté Volodymyr Zelensky, le 10 juillet à Washington. Leur avancée s’est arrêtée et nous repoussons aujourd’hui l’armée russe hors des zones proches de Kharkiv. » Après des mois à faire face à un manque criant de munitions, le renforcement du flux d’aides occidentales, américaine en tête, a progressivement permis aux forces ukrainiennes de stabiliser les zones critiques du front. « La pénurie de munitions chez les Ukrainiens avait ouvert une fenêtre d’opportunité aux Russes au printemps, mais ils n’ont pas réellement réussi à en profiter, jauge le général Pellistrandi. La situation est aujourd’hui moins critique pour Kiev. »Le verrou de Tchassiv IarPlus au sud, l’armée russe redouble aussi d’efforts depuis avril pour tenter de prendre la petite ville de Tchassiv Iar, à environ 5 kilomètres à l’ouest de Bakhmout. Si après des mois d’assauts répétés, Moscou a annoncé début juillet la conquête d’un premier quartier, parvenir à prendre cette ville, encore largement aux mains des Ukrainiens, s’annonce particulièrement périlleux. Dans une tribune publiée le 9 juillet, le lieutenant-général Ivan Havriliuk, Premier vice-ministre de la Défense de l’Ukraine, a estimé que l’offensive des Russes dans la zone leur avait déjà coûté 5 000 hommes.Tchassiv Iar n’en demeure pas moins un point de passage obligé pour les forces de Moscou. « A court terme, c’est l’un de leurs objectifs principaux, confirme le général Nicolas Richoux, ancien commandant de la 7e brigade blindée. Il s’agit d’un verrou sur la route de Sloviansk et Kramatorsk, dont les Russes veulent s’emparer pour compléter la conquête de la région de Donetsk. » Ces deux villes – distantes d’une dizaine de kilomètres seulement et rassemblant au total près de 300 000 habitants – constituent aujourd’hui le principal bastion ukrainien dans le secteur. Capitale régionale de facto depuis la prise de la ville de Donetsk par les séparatistes pro-russes en 2014, Kramatorsk abrite, en outre, le quartier général régional de l’armée ukrainienne. »Pour le moment, les Russes ne semblent pas en mesure de concentrer suffisamment de moyens sur un axe principal pour percer en profondeur, pointe le général Pellistrandi. Ils privilégient dès lors de petites avancées progressives avec des vagues d’infanterie successives appuyées par des blindés. » Cette stratégie aussi peu efficace que coûteuse en hommes fait apparaître la conquête de l’oblast de Donetsk comme un objectif des plus lointains. Rien que pour prendre la ville de Bakhmout, en mai 2023, les forces russes avaient livré bataille pendant plus de dix mois. « Les Ukrainiens ont considérablement renforcé le secteur de Tchassiv Iar et des villes de Sloviansk et Kramatorsk, relève le général Richoux. Tenter d’avancer dans la zone sera nécessairement long et difficile. » La fin de la guerre n’est pas pour demain.



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Author : Paul Véronique

Publish date : 2024-07-13 05:55:00

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