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Novembre 2016, Hollande et le dîner du renoncement : « Si tu n’y vas pas François… »

Novembre 2016, Hollande et le dîner du renoncement : "Si tu n'y vas pas François..."




Les spadassins du quinquennat de François Hollande ne se souviennent plus très bien de la date de ce dîner. Tout juste se rappellent-ils que c’était un mardi de la fin novembre 2016. Une page douloureuse du quinquennat. Celle qui ouvrait sur la fin. Le renoncement. Quelques fidèles, certains le sont plus que d’autres, et le seront moins en quittant la pièce ce soir-là. Autour de la table, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, le Premier ministre Manuel Valls, l’ami de toujours et ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, Bruno Leroux, président du groupe socialiste à l’Assemblée, et Didier Guillaume, celui des sénateurs. Il y a un absent, fâché au point de ne pas répondre à l’invitation du président de la République : Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale.Pluie d’automne sur l’Elysée. Les lumières du palais plein feux, car la nuit tombe si tôt. Dans la salle du dîner, silence autour de François Hollande. Les menus ont été déposés sur la table. Il y a souvent un ordre du jour, on bavarde des réformes, les grandes comme les petites, de la politique nationale et de la petite politique de boutiquiers, celle des partis. Cette fois-ci, rien. C’est le premier dîner depuis la sortie du livre des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça. L’ouvrage publié en octobre a fait l’effet d’un blast sur la scène politique française. L’objet du crime, la raison pour laquelle Bartolone n’est pas venu. On parle de « suicide politique » mais pas encore de renoncement. Si on fait d’habitude tomber la cravate lors de ces agapes décontractées du mardi, que les plaisanteries coulent à flots, ce jour-là, l’atmosphère est des plus austère. « Savais-tu que ça allait sortir ? » interroge tout à tour les convives, et l’hôte répète que non. « Il ne mentait pas, mais il devait penser que ça sortirait après l’élection présidentielle », se remémore un des invités, encore marqué par l’embarras du président.Comment peut-on rattraper cela ? Si les sénateurs observent l’affaire avec distance, c’est la bronca au sein de la majorité socialiste à l’Assemblée nationale. Déjà que les frondeurs le malmenaient depuis quelques années… Très vite, avant le plat de résistance, s’invite la conversation de la suite. Les députés murmurent déjà que Hollande ne pourrait se représenter. Il y a aussi ces primaires voulues par le PS, et officialisées depuis juin dernier par un vote interne. Certains, dont Stéphane Le Foll et Bruno Le Roux, le poussent à déclarer sa candidature au plus vite pour « changer de séquence », faire oublier l’affaire. Lancer la présidentielle, c’est passer à autre chose. »Tout est toujours possible en politique »Il y a cet Emmanuel Macron qui semble percer dans les sondages, et Manuel Valls trépigne d’impatience – secret de Polichinelle. Bruno Le Roux, qui soutiendra Macron ensuite, assure que ce dernier aura un problème de légitimité : « Il ne peut pas y aller si le président est candidat. Il sera marginalisé et on cassera sa campagne avant qu’elle ne démarre. » Il faut éliminer les Brutus dans l’œuf. « Tout est toujours possible en politique », rassure Jean-Christophe Cambadélis, garant des statuts du parti, qui prévient tout de même : « mais si on n’en fait pas, on a une candidature de Montebourg hors parti… » A l’époque, personne ne voyait encore Benoît Hamon. L’anti-Hollande s’appelait Arnaud Montebourg. Le nom de Christiane Taubira revient en force aussi. François Hollande rétorque qu’il peut « encore » y aller. Un ange passe avant le fromage. « Si tu n’y vas pas François, l’autre va y aller et il perdra », dit-il en pointant du doigt Manuel Valls, silencieux au milieu de ce clan de hollandais.En bout de table, le président socialiste écoute, botte en touche parfois et noircit de notes et d’arguments le papier sur lequel on avait détaillé le menu. On se quittera avec beaucoup de questions, de déception aussi… Vertige de l’après. Est-ce dans l’avion qui l’emmène vers Madagascar et le sommet de la Francophonie, le 25 novembre, qu’il se décidera à renoncer ? Lui face à lui-même, à plusieurs milliers de mètres d’altitude. Fidel Castro vient de passer l’arme à gauche, et Claude Bartolone, avant le décollage, a appelé Manuel Valls et François Hollande à participer à la primaire du PS. Un Premier ministre qui affronterait son président, du jamais vu. Il ne fait plus de doute qu’au PS, on fait tout pour l’empêcher de briguer un second mandat. A quoi bon rester ? Il reviendra un jour. Ce sera en 2024, il ne le sait pas encore.



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Author : Olivier Pérou

Publish date : 2024-08-03 07:30:00

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