Le mariage entre Coca-Cola et les Jeux olympiques, à l’occasion de l’édition de 1928 à Amsterdam, tient depuis presque cent ans. La marque de sodas a toujours fait du sport l’une de ses principales vitrines. Qui se souvient de l’iconique déhanché du footballeur Roger Milla, en huitièmes de finale de la Coupe du monde 1990, célébrant au poteau de corner son but contre la Colombie ? 30 années plus tard – à l’occasion d’un spot publicitaire réalisé pour l’édition en Afrique du Sud – la célèbre boisson gazeuse reprend la scène avant de faire défiler, au fil des années, d’autres hommes en crampons s’improvisant successivement twisteurs, b-boy ou danseurs de disco. La caméra, après son travelling temporel, revient sur l’égérie camerounaise. Tout sourire au milieu d’une tribune comble, l’ancienne légende des terrains se délecte d’une bonne bouteille de Coca-Cola perlante de condensation.Pourtant, le BMJ Global Health journal rappelle – dans un article consulté par l’AFP ce mercredi 7 août – que les sodas vendus par la Coca-Cola Company ont un « intérêt nutritionnel faible ou inexistant ». A l’Euro 2021 déjà, Cristiano Ronaldo mettait en exergue l’oxymore qui réside dans l’association du sport, et de son importance pour la santé, avec la boisson américaine. La superstar portugaise, lors d’une conférence de presse, avait écarté de la main les bouteilles présentes devant lui avant d’en brandir une autre, cette fois-ci remplie d’eau. La publication de BMJ Global Health journal, critiquant le « sportwashing » de Coca-Cola se rajoute au procès en greenwashing – le fait de communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique de manière trompeuse pour améliorer son image – qui lui est fait depuis quelques jours. »En continuant de s’associer avec Coca-Cola, le mouvement olympique risque d’être complice de l’aggravation d’une épidémie mondiale de mauvaise alimentation, de la dégradation de l’environnement et du changement climatique », dénoncent Trish Cotter et Sandra Mullin, les deux autrices de la publication diffusée par BMJ Global Heath journal. Toutes deux sont responsables de l’ONG Vital Strategies, spécialisée dans les questions de santé publique. En juillet, cette dernière relayait la pétition Kick Big Soda out of sport – « Bannissez les boissons sucrées du monde du sport » en français – lancée le 8 juillet, à l’appel « d’organisations de santé internationales de premier plan ».Des conséquences délétères pour la santéLes sodas sont « l’un des principaux moteurs » de pathologies répandues dans le monde entier comme l’obésité ou le diabète, soulignent les auteures, qui appellent le Comité international olympique (CIO) à rompre ses liens avec Coca-Cola. Le 17 juillet, Vital Strategies donnait la parole au Dr Barry Popkin. Le professeur émérite de nutrition à l’Ecole de santé publique internationale de l’Université de Caroline du Nord affirmait que : « Les actions les plus insidieuses de l’industrie des boissons sucrées viennent de leurs stratégies marketing, qui ciblent de manière disproportionnée les enfants et les adolescents. »Ces habitudes de consommation s’ancrent et perdurent à l’âge adulte. Entre 1997 et 2020, le taux d’obésité chez les jeunes de 18 à 24 a été multiplié par 4, selon l’Assurance maladie. Chez tous les adultes, on dénombrait 8,5 % d’obèses en 1997, ce taux était de 17 % en 2020. Voilà pourquoi la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, avait attiré l’ire des médecins fin 2023, après avoir posté des photos d’elle en compagnie de représentants de Coca-Cola. Elle avait reconnu un choix malheureux en matière d’image, en récusant toute complaisance avec le groupe.
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Publish date : 2024-08-07 12:16:49
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