Cette déclaration a fait l’effet d’une bombe au sein de l’Union européenne. Ce lundi 9 septembre, l’Allemagne a annoncé mettre en place des contrôles de police durant six mois aux frontières avec la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark à compter du 16 septembre prochain. Une mesure venant s’ajouter aux contrôles temporaires déjà établis aux abords de la Pologne, la République tchèque, l’Autriche et la Suisse. Outre l’annonce de cette mesure controversée, Berlin a également affirmé sa volonté de renforcer le renvoi des demandeurs d’asile dans le pays membre par lequel ils entrent sur le territoire. Et ce, sans même leur permettre de déposer une demande en Allemagne. Aux yeux de ses voisins européens, le gouvernement d’Olaf Scholz vient de faire le pas de trop. »Nuire aux acquis fondamentaux de l’UE » »La réponse ne peut pas être la suppression unilatérale de Schengen et de renvoyer la balle aux pays situés aux frontières extérieures de l’Europe. Ces contrôles ne permettront pas la libre circulation des citoyens et nuiront aux acquis fondamentaux de l’Union européenne », s’est indigné le Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis à l’antenne de Talk Radio ce jeudi 12 septembre. Son homologue autrichien Gerhard Karner, aurait, quant à lui, assuré au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung que son pays « n’accepterait pas les personnes refoulées d’Allemagne ».Le Premier ministre polonais, qui a réservé un accueil tout aussi glacial à cette annonce, compte, lui, voir la situation se décanter. « Dans les prochaines heures, nous nous adresserons aux autres pays affectés par ces décisions de Berlin, afin de se concerter d’urgence sur une réaction au sein de l’Union européenne », a affirmé Donald Tusk ce mardi en dénonçant une « suspension à grande échelle » de la libre circulation dans l’espace Schengen.Seul le Hongrois Viktor Orbán s’est réjoui d’une telle nouvelle sur le réseau social X : « L’Allemagne a décidé d’imposer des contrôles stricts aux frontières pour stopper la migration illégale. Chancelier Scholz, bienvenue au club ! #StopMigration. » Lui qui menace d’envoyer des migrants en bus à Bruxelles après avoir dénoncé « l’injuste » amende de 200 millions d’euros infligée par la Cour de justice de l’UE pour non-respect du droit d’asile, entend bien rallier le chancelier allemand à sa cause.#Germany has decided to impose strict border controls to stop illegal migration. @Bundeskanzler Scholz, welcome to the club! #StopMigration— Orbán Viktor (@PM_ViktorOrban) September 10, 2024Une réforme du code SchengenMais malgré la colère de ses voisins qui lui reproche de faire cavalier seul, Berlin use de ses droits en dérogeant aux règles de libre circulation dans l’espace Schengen. S’il y a quelques mois, cela était proscrit au sein de l’Union européenne, une réforme du code Schengen y autorise désormais en cas de menace pour la sécurité intérieure, depuis le 24 mai 2024. À une seule condition : en aviser Bruxelles. Pour le moment, si la Commission a bien été notifiée par le ministère de l’Intérieur allemand, cette dernière a annoncé ne pas vouloir « spéculer » sur le fond des dispositions et affirmé qu’elle allait prochainement « évaluer la situation ».Si la légitimité de cette mesure est difficile à mesurer pour Bruxelles, c’est que Berlin affirme, que ces dispositions sont nécessaires pour « la protection de la sécurité intérieure contre les menaces actuelles du terrorisme islamiste et de la criminalité transfrontalière ». Fin août, l’attaque meurtrière commise à Solingen, par un Syrien qui faisait l’objet d’une mesure d’expulsion vers la Bulgarie, a remis au premier plan les débats sur l’immigration. « Pour accélérer les expulsions et éviter que ces personnes ne disparaissent dans la nature, [le gouvernement] souhaite les placer en détention ou dans d’autres établissements soumis à des conditions strictes », avait annoncé Nancy Faeser, ministre allemande de l’Intérieur.Mais au sein même du pays, le durcissement de la lutte contre l’immigration illégale fait l’objet de vifs débats. Suite aux francs succès électoraux du parti d’extrême droite l’AfD à deux élections régionales début septembre, le gouvernement allemand a été contraint de multiplier les initiatives sur la politique migratoire. Le principal parti d’opposition conservateur (CDU) a lui aussi mis sa pierre à l’édifice en exigeant d’Olaf Scholz de recourir plus largement au renvoi des demandeurs d’asile. L’opposition conservatrice devançant grandement la coalition sociale-démocrate du chancelier dans les sondages, cette dernière a réussi à obtenir gain de cause. Fin août, l’Allemagne avait déjà procédé au renvoi de 28 Afghans condamnés pour crimes. Une première depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2024-09-13 16:11:12
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